lundi 12 janvier 2015

Du livre au film

Séance pop-corn et cinéma au Cercle de lecture : retour sur les livres et les films qui nous ont marqués…


*La route, de Cormac McCarthy
Ed. Point – 2009 

Paru en 2007, Prix Pulitzer de la fiction
L'apocalypse a eu lieu, le monde dévasté est couvert de cendres. Et parmi les rescapés, un père et son fils errent sur la route en poussant devant eux un caddie rempli d'objets hétéroclites - le peu qu'ils ont pu sauver et qu'ils doivent protéger. Alors qu'ils suivent une ancienne autoroute menant vers l'océan, le père se souvient de sa femme et le jeune garçon découvre les restes de ce qui fut la civilisation. Bien que sans but et sans espoir, le père s'efforce de rester debout pour celui qui est désormais son seul univers. 
Film éponyme, réalisé par John Hillcoat en 2009
Contrairement au roman, le film contient des flash-back qui cassent la linéarité du récit. La fin amène une touche d'espoir en l'humanité et une possibilité de renouveau.
Le roman est austère, dépouillé à l’extrême. Le film m’a permis de mettre des images sur ce que j’avais bien du mal à me figurer. Le parallèle avec la relation père-fils du film La vie est belle de Benigni s'impose, dans un tout autre registre... HL




*
 
La fenêtre panoramique, de Richard Yates
Ed. Robert Laffont – 2005
Première parution aux Etats-Unis en 1961
Années 50, dans le Connecticut : les Wheeler sont un jeune ménage comme tant d'autres - classe moyenne, deux enfants, et une volonté farouche de ne pas ressembler à tout le monde et surtout pas à leurs voisins ! Leur vie pourtant se conforme dans la banalité : travail alimentaire, banlieue anonyme, rôle parental plus ou moins assumé et vie de couple orageuse. De disputes en réconciliations, le couple se défait. Décidée à changer de vie, April imagine de quitter leur petite routine confortable pour aller vivre à Paris... Une grossesse non désirée va conduire à l’explosion finale.
Les noces rebelles, réalisé par Sam Mendes en 2008
Près de 50 ans après sa parution, à l'instigation de Kate Winslet qui achevait de lire le premier livre de Yates, le livre a été adapté au cinéma par le scénariste Justin Haythe et réalisé par Sam Mendes. Le film est en tout point fidèle au livre, si ce n’est la fin qui laisse une ‘toute petite’ place au doute. 
   
Atmosphère étouffante, portrait au vitriol : Yates n’est pas un écrivain du bonheur ! Les acteurs sont époustouflants. On ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec le même couple vedette de Titanic, mais ici le romantisme fait place à la désillusion... GA


L’histoire de Pi, de Yann Martel
Ed. Folio Junior – 2008
Piscine Molitor Patel est le fils du directeur d'un parc zoologique de Pondichéry. Souffre-douleur de son école à cause de son prénom, il se présente désormais comme «Pi». Ne pouvant plus tenir le zoo, sa famille décide de s’expatrier au Canada et embarque avec quelques animaux à bord d'un énorme cargo. Le bateau fait bientôt naufrage et Pi se retrouve à la dérive sur un radeau de sauvetage, accompagné d'un zèbre, d'une hyène, d'un orang-outan et d'un tigre du Bengale appelé Richard Parker. La hyène agressive tue le zèbre, puis l'orang-outan. À son réveil, le tigre tue la hyène. Seul à bord avec le tigre, Pi va tout faire pour essayer de survivre et maintenir une bonne entente avec l'animal. Une seconde version de son aventure nous est contée à la fin du livre.
L’Odyssée de Pi, réalisé par Ang Lee
Le livre est adapté au cinéma en 2012 par le réalisateur taïwanais Ang Lee. Les images magnifiques et les plans très soignés emportent le spectateur. Le film remportera 11 Oscars…
Les images sont proprement fantastiques ! Ce conte onirique flatte l’instinct de l’homme qui aime (et préfère) croire au merveilleux. Mais pour reprendre les mots de Lewis Carroll dans Alice au Pays des Merveilles : « Ne soyez pas si pressée de croire tout ce qu’on vous raconte »  - DG 




*Le parfum, de Patrick Süskind
Ed. Le livre de Poche – 2006

Première parution en 1985
Pour la première, et peut-être unique fois dans un roman, la description des lieux, objets, personnes commence par celle de leurs odeurs... Le personnage principal, Jean-Baptiste Grenouille, est doté d'un odorat d'exception qui fait de lui un quasi surhomme. Cela lui permet de se diriger dans l'obscurité et de « voir » à travers les murs et les placards. Il pourrait presque être aveugle, tant ses autres sens lui sont devenus inutiles. Son intelligence est au service exclusif de son besoin d'accaparer et de mémoriser de nouvelles odeurs, et il passe auprès de ses semblables pour un parfait idiot, en dépit de ce talent unique. Cela ne l'émeut pasGrenouille s'accommode de cette situation, tout lui est indifférent y compris la beauté et la vie humaine. Il ira jusqu'à devenir tueur en série, pour capturer l'odeur des jeunes femmes, qu'il cherche à collectionner. Un conte philosophique, doublé d'un roman à la fois historique, fantastique, et policier.
   
Film éponyme, réalisé par Tom Tykwer en 2006
Le film raccourcit par endroits le texte d'origine, tout en enrichissant le jeu de scène et les lieux de l'action, avec de nombreuses scènes annexes.
Livre et film sont inoubliables ! Et les images du Paris du XVIIIe sont sublimes - DM
Le livre parvient à recréer les odeurs avec une puissance d’évocation formidable, à mon sens il est en cela bien supérieur au film - SW   




*L’homme qui plantait des arbres, de Jean Giono
Ed. Gallimard Jeunesse – 2014
Première parution en 1953
Cette courte nouvelle a fait l’objet d’une commande du Reader's Digest dont le thème imposé était : le personnage le plus inoubliable que j'ai rencontré. 
Giono y évoque la vie d'Elzear Bouffier, un berger qui entreprit un peu avant la première Guerre mondiale de planter des arbres dans une région déserte, aux confins des Alpes et de la Provence. Seul, il a transformé le paysage d'une région et lui a rendu la vie. Giono loue sa patience, sa grandeur d'âme, sa générosité... et nous propose une recette du bonheur. 
Il y a dans ce conte une dimension biblique : un homme fait naître la nature qui elle-même, hospitalière de nouveau, va attirer les hommes…
   
Film d’animation éponyme, réalisé par Frédéric Back en 1987
L'illustrateur et réalisateur canadien a reçu l’Oscar du meilleur court métrage d’animation. Le texte, lu par Philippe Noiret, est fidèle à celui du livre. Les dessins ajoutent force et émotion au récit.
Le message est écologique, mais surtout d'une grande portée humaniste. Le texte a d’ailleurs été publié en traduction anglaise sous le titre The Man Who Planted Hope and Grew Happiness… On s'émerveille de la force évocatrice des dessins !!! CP



Un taxi mauve, de Michel Déon
Ed. Folio
Grand Prix du roman de l’Académie française en 1973
Le narrateur, qui mène une vie retirée dans la campagne irlandaise, y fait d'étranges rencontres. D'abord, le gentil Jerry, qui a trop fumé l'opium à New York et que l'on a envoyé se mettre au vert en Erin ; Sharon, au charme acide d'éphèbe, qui est devenue princesse en achetant un château allemand et son châtelain ; Moira, très grande vedette de cinéma, suivie de sa cour de pédérastes et d'alcooliques... Et puis le géant fabuleux, Taubleman, mélange de Rabelais, d'Ulysse et de Tartarin, et sa fille Anne, muette, jusqu'à ce qu'une chute de cheval lui rende la parole.
Le narrateur, délaissant pour un instant sa solitude, son chien, ses livres et ses disques, va céder à la douceur de quelques sentiments, pour Anne bien sûr, pour Sharon peut-être. Il ne sera pas le seul. Et puisque l'Irlande est le pays des fantômes, on découvrira bientôt que Taubelman est en fait mort depuis trois ans.
Film éponyme, d’Yves Boisset (1977)
Il y a moins de personnages secondaires dans la version filmée. Les paysage d'Irlande sont splendides et le casting international éblouissant...
Le livre est plus pessimiste que le film et l’on se perd un peu à y suivre la multitude des personnages. Le film est un chef d’œuvre et la musique de Philippe Sarde est sublime ! Une phrase est à retenir : « L’homme qui essaie d’aller au-devant de sa mort s’égare dans les méandres comme dans un vaste labyrinthe ; à celui-là l’Irlande au grand cœur saura toujours offrir un décor fascinant »- MM 


La ferme des animaux, de George Orwell
Ed. Gallimard / Folio – 1984
Le livre « Animal Farm », paru pour la première fois en 1945, satire politique contre les régimes totalitaires et la corruption en général, n’a pu être été publié qu’à l’issue de la guerre.
Un certain 21 juin a lieu en Angleterre la révolte des animaux. Les cochons dirigent le nouveau régime. Snowball et Napoléon, cochons en chef, affichent le règlement suivant : "Tout ce qui est sur deux jambes est un ennemi. Tout ce qui est sur quatre jambes ou possède des ailes est un ami. Aucun animal ne portera de vêtements. Aucun animal ne dormira dans un lit. Aucun animal ne boira d'alcool. Aucun animal ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux." Le temps passe. La pluie efface les commandements. L'âne, un cynique, arrive encore à déchiffrer : "Tous les animaux sont égaux, mais (il semble que cela ait été rajouté) il y en a qui le sont plus que d'autres."
Film d’animation éponyme, de l’américain Louis de Rochemont (1954)
L’histoire de ce film d’animation est quelque peu insolite : en 1954, grâce aux subsides de la CIA, secret qui a été révélé 20 ans plus tard, Louis de Rochemont sous-traite le film au studio anglais Halas & Batchelor. En pleine guerre froide, la CIA y voit un instrument de propagande idéal : Napoléon, le cochon tyran, est censé représenter Staline… Toutes les voix, y compris les cris d’animaux, sont interprétées par le même acteur – une performance !
Le livre est un incontournable pour les écoliers anglo-saxons. Il m'avait fait beaucoup rire et laissé un excellent souvenir, mais il convient de souligner qu’Orwell n’était pas hostile aux idées socialistes et qu’il n’aurait peut-être pas approuvé la manière dont son livre a été porté à l’écran… SV




Captain Blood, de Rafael Sabatini
Ed. Phébus – 2002
La première édition du livre remonte à 1922.
En 1685, dans le Somerset, Peter Blood est injustement condamné à la déportation et à l’esclavage sur l’île de la Barbade pour avoir soigné l’un des chefs d’une rébellion contre le roi Jacques II. Il y est traité avec cruauté par le colonel Bishop, chef de la garnison locale… et compassion par la belle Arabella, nièce dudit colonel. Mais Blood retrouvera la liberté en s’emparant d’un navire espagnol. Surnommé Le Sang par les Français et Don Pedro Sangre par les Espagnols, il va devenir à bord de l’Arabella (tiens, tiens…) le plus grand flibustier des Antilles avant de connaître un éclatant retour en grâce.
Film éponyme, de Michael Curtiz (1935)

Mon enfance a été illuminée par ce flamboyant roman d’aventure et le film mythique qui en est issu. Blood et Arabella ont à jamais pour moi les traits d’Erroll Flynn et d'Olivia de Havilland. Trois décennies après, j’ai découvert que Peter Blood ressemblait trait pour trait à deux flibustiers bien réels : l’Anglais Henry Morgan et surtout le Français Alexandre-Olivier Exmelin, chirurgien des pirates de l’île de La Tortue. Celui-ci évoque longuement le même Morgan dans sa passionnante Histoire des frères de la côte, principale source de Sabatini - SW


*Les titres précédés d’un astérisque sont disponibles à la bibliothèque. 
   
Le prochain Cercle de Lecture se réunira le vendredi 6 février à 20h00
avec pour thème : "L'amour dans la littérature"


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire