lundi 30 mai 2016

Pique nique littéraire à la ferme - Ajourné :(

 Suite aux intempéries exceptionnelles de la semaine, la cour et les champs de la Ferme de la Budinerie sont gorgés d'eau. Notre déception est grande car nous ne pourrons assurer cet événement. Nous vous tiendrons informés si une nouvelle date est trouvée.

Dimanche 5 juin, la bibliothèque de Saint-Léger-en-Yvelines et 7 autres bibliothèques du Parc Naturel de la Haute Vallée de Chevreuse se sont donné rendez-vous à la Ferme de la Budineriepour animer leur traditionnel pique-nique littéraire. 
          
Revoir le diaporama du Pique-nique 2015
            
Rejoignez-nous, à partir de 12 h, avec votre pique-nique à déguster autour des tables. Des animations autour du livre seront proposées jusqu'à 17 h 30.
               
Visite de la meunerie et du fournil toutes les heures (avec dégustation de pain). Atelier pain pour les enfants, à 10 h, 11 h, 14 h, 15 h, et 16 h, sur réservation par mail (ici), par téléphone (06.88.56.34.32), ou à la boutique.


Les agriculteurs du Parc Naturel de la Haute Vallée de Chevreuse vous ouvrent leurs portes, avec un programme d'animation pour petits et grands !
        
Consultez  le programme complet de cette journée.

dimanche 22 mai 2016

Lire dès avant la maternelle

Nael est un habitué de la bibliothèque. Il y a son livre favori, mais parfois un autre enfant l’emprunte, et il faut attendre le retour du grand monstre VERT…

Va-t-en Grand Monstre Vert ! de Ed Emberley
Ed. Kaleidoscope – 1996
Dans une page noire, par un jeu de formes découpées, les yeux, les cheveux, le nez, puis la tête entière apparaissent. L'effet est magique et la disparition qui s’ensuit réjouit les enfants. Le livre refermé, il faut faire revenir le grand monstre vert pour le voir disparaître encore

Ce vendredi, parvenu en haut des marches, Nael - deux ans à peine, s'exclame :
- Coucou Gaëlle !… L'est où VERT ?
- Coucou Nael !! VERRE ? Tu veux VERRE ?
- Oui !!! VERT !

Un clin d’œil à l'assistante maternelle qui l'accompagne, et la bibliothécaire sort de son placard un petit verre qu'elle tend à Nael, perplexe. Un blanc s'installe... Consterné, mais très calme, Nael s'explique  :

Non ! VERT : LIRE !!!

dimanche 15 mai 2016

Utopie, dystopie et uchronie au Cercle de lecture


L’utopie, tout le monde connaît, ou à peu près. Avec la dystopie, ça se complique. Disons qu’elle est à l’utopie ce que le cauchemar est au rêve. Quant à l’uchronie, illustrons-la par cet exemple en chanson emprunté à Robert Charlebois. Vous y êtes ? Alors, passons aux choses sérieuses. 

*Cent ans après ou l’an 2000, d’Edward Bellamy
Ed. Eternel – 2015
Ce roman est paru pour la première fois aux Etats-Unis en 1888 !
Julian West, jeune homme du Boston de la fin du XIXe siècle, se retrouve mis en léthargie par un procédé magnétique. Par un incroyable concours de circonstances, il survit à un long sommeil et se réveille en l’an 2000. Il découvre alors une société idéale gouvernée par les principes d’harmonie, de solidarité, de mérite. Le jeune homme, ex-nanti et fils de bourgeois, subitement devenu « préhistorique » au regard de cette nouvelle société, va assaillir son hôte le bon docteur Leete de questions sur le fonctionnement de celle-ci. Mais rien n’est laissé au hasard dans cette utopie sociale où la retraite est à quarante-cinq ans et le temps de travail d’une vingtaine d’heures par semaine, où les salaires sont égaux et les revenus distribués par l’Etat à tous sans exception. Face à cette nouvelle réalité, Julian West va établir un diagnostic et une critique tranchante de la société de son époque : l’ère industrielle et le capitalisme triomphant. Pour pimenter le roman, il va se rapprocher de la fille de son hôte, et une intrigue amoureuse va se nouer.
Ce livre a connu un succès international dès sa parution et inspiré plusieurs mouvements politiques révolutionnaires, dont le  mouvement technocratique nord-américain dans les années 1930, et le parti politique Nederlandse Bellamy Partij aux Pays-Bas, en 1945.
Ce regard visionnaire fait sourire le lecteur d’aujourd’hui, mais il étonne plus d’une fois par sa pertinence. Le livre retrace la montée en puissance de la classe ouvrière, l’avènement du capitalisme au XIXe siècle et l’évolution de la société censée en découler. Le côté fiction romanesque est sans grand intérêt, mais la fiction permet d’échafauder la théorie. L’écriture a vieilli...GA

*Le quatrième mur, de Sorj Chalandon
Ed. Grasset – 2013
En 1974, à Paris, Georges, un étudiant en histoire militant pro-palestinien, casseur de fachos et féru de théâtre, fait la connaissance d’un Grec juif, Sam. Ils se lient d’amitié malgré leurs différences. Sam a un rêve : monter la pièce «Antigone» d’Anouilh sur la ligne verte qui divise Beyrouth, avec des acteurs de toutes les nationalités et religions du conflit israélo-palestinien. Malade, il demande à Georges de le faire. La troupe se compose d’une Palestinienne sunnite, un Druze, un maronite, un chiite, une catholique. Le jeune homme arrive avec sa belle idée de paix, face à des  hommes et des femmes qui se haïssent mais acceptent, sans cesser de  l’interroger sur ses motivations et sa connaissance de la guerre. Il va devoir composer avec ses engagements, côtoyer des snipers. Mais avant la représentation, la ville est bombardée et Chatila massacrée…
C’est ce roman qui m’est venu à l’esprit pour évoquer l’utopie - un rêve de fraternité, l’espoir fou d’une parenthèse de paix au milieu de la guerre, le rêve qui vire au cauchemar. Les idéaux des années 1970 ont une résonance certaine chez moi. Le massacre de Chatila sous la plume de Chalandon se charge de qualifier ces idéaux, en nous ramenant à la réalité. A la clé un malaise et bien des questions… J’ai beaucoup aimé ce livre. – GA

Demain, de Cyril Dion
(d’après le film de Cyril Dion et Mélanie Laurent)
Ed. Actes Sud, 2015

En 2012, Cyril Dion, qui dirige alors l’ONG Colibris, prend connaissance d’une étude annonçant la disparition possible d’une partie de l’humanité d’ici à 2100. Menée par un groupe international de vingt-deux scientifiques, elle synthétise des dizaines d’autres travaux sur l’augmentation de la population, la disparition massive des espèces, le changement du climat, la pollution, la déforestation, etc. Mais alors qu’elle devrait faire l’effet d’une bombe, elle est à peine évoquée par les médias. Cyril Dion change alors de stratégie : au lieu d’amplifier le discours catastrophiste, il choisit une vision désirable de ce que pourrait être l’avenir. Avec l’actrice et réalisatrice Mélanie Laurent, il voyage dans dix pays pour découvrir à quoi notre monde pourrait ressembler grâce à certaines des meilleures solutions déjà en œuvre dans l’agriculture, l’énergie, l’économie, l’éducation et la démocratie. De ce voyage sont nés cet ouvrage et le film Demain.
Cyril Dion raconte ici ses rencontres hors du commun avec des femmes et des hommes qui changent le monde. Tantôt sur le mode du récit, tantôt sur celui du dialogue, en texte et en image, son livre nous entraîne sur la voie du changement et de la transition, de l’espoir et de l’initiative, c’est-à-dire sur celle d’«un nouveau monde en marche».
Le film Demain a rencontré un succès aussi énorme qu’inattendu, et ce livre en est le fidèle reflet. C’est une revigorante «utopie en marche» qui nous donne une belle leçon d’optimisme en développant des exemples bien moins limités qu’on pourrait le croire. Sur le même thème, je recommande vivement le film En quête de sens, de Nathanaël Coste et Marc de La Ménardière, dont la démarche est plus spirituelle. – PM

*Ourania, de Jean-Marie Gustave Le Clézio
Ed. Gallimard, 2006

Ourania. Tel est le nom du pays imaginaire où Daniel Sillitoe se réfugiait lorsque, pendant son enfance, sa mère lui lisait un livre de mythologie grecque évoquant un monde tellement plus séduisant que le monde réel. Les mots restent au centre de ses préoccupations lorsque, devenu adulte, il se retrouve au Mexique pour y mener une étude associant des observations géographiques dans la vallée du Tepalcatepec et des recherches à la bibliothèque de l'Emporio, qui regroupe historiens, géographes, sociologues et anthropologues. Pour ces derniers, la misère locale n’est  qu’un objet d'études, alors que Daniel s'efforce de reconnaître aux exploités un visage humain. Le Mexique est aussi le lieu de sa rencontre avec Raphaël, un jeune garçon étrange qui lui fait découvrir la communauté idéale de Campos, l'Utopie du Conseiller Anthony Martin. Celle-ci devient le lieu d'une épreuve initiatique par laquelle le Réel prend le pas sur le Rêve, et où l'autre prend le pas sur les représentations où l'on veut l'enfermer, même si le Rêve reste précieusement conservé dans un recoin de la mémoire. 

Il y a certainement beaucoup d’éléments autobiographiques dans ce beau roman de Le Clézio, qui a passé une partie de son enfance seul avec sa mère et a ensuite beaucoup voyagé dans le monde entier, notamment au Mexique. On voit ici s’opposer deux utopies : celle du Campos, qui pousse la différence jusqu’à imaginer sa propre langue, et celle de l’Emporio, qui constitue une université idéale. J’ai beaucoup aimé – SV


*La nuit des temps, de René Barjavel
Ed. Presses de la Cité, 1968

En plein Antarctique, une mission scientifique française capte un mystérieux signal issu des profondeurs glacées. Passionnés par cette énigme, les scientifiques du monde entier mènent des fouilles aboutissant à la découverte d’une étrange sphère d’or où un homme et une femme, tous deux nus et masqués, reposent en hibernation depuis 900 000 ans. La femme, réanimée en premier, est d'une beauté exceptionnelle. Une machine à traduire révolutionnaire permet d’établir qu’elle se nomme Eléa et qu’une guerre totale a conduit Coban, un savant de son époque, à l'enfermer avec lui dans cet abri pour préserver l’avenir de l’humanité. Mais elle aurait préféré mourir près de Païkan, l’homme à qui elle vouait un amour infini. Tout autant que l’or de la sphère, la réanimation de Coban, dont les connaissances sont illimitées, excite la convoitise des grandes puissances. Elle sera malaisée et donnera lieu à un dramatique rebondissement contre lequel ne pourra rien le médecin français Simon, épris d’Eléa depuis sa découverte.

Ce roman est un classique de la science-fiction, mais la civilisation lointaine dont est issue Eléa relève bien de l’utopie. On y trouve des thèmes constants dans ce genre littéraire, et de nombreux parallèles entre les civilisations disparues et le monde actuel. Voir nombre de scientifiques court-circuiter les décisions des grandes puissances est particulièrement réjouissant. Tout cela est d’une lecture passionnante – M-CH 


L’Utopie, de Thomas More
Ed. Folio classique, 2012 (première parution en… 1516 !!!)

Publié à l'aube de la Réforme, cet ouvrage de référence est emblématique de l’humanisme de l’époque. Il commence par un réquisitoire contre les injustices et la pauvreté de l’Angleterre d’Henri VIII, dont il identifie clairement la cause : la propriété privée, car le pouvoir est monopolisé par ceux qui la détiennent en opprimant les faibles. Pourtant, tout pourrait changer si la société atteignait la perfection de l’île imaginaire d’Utopie, où les maîtres-mots sont liberté et égalité. Il n’y existe ni vol, ni misère, ni impôt, ni monnaie, et chacun ne prend au marché que ce dont il a besoin. On n’y trouve pas de femmes au foyer, de mendiants, de valets, de prêtres ou de nobles. L’oisiveté est interdite, mais la journée de travail est limitée à six heures, et le temps libre consacré aux loisirs communs.
Grand ami d'Erasme, Thomas More reste un modèle de tolérance. D’abord chancelier d’Henri VIII, il refusa d’en cautionner l’autorité religieuse, ce qui lui valut d’être exécuté en 1535. Il fut canonisé en 1935, mais au pied du Kremlin, son nom figura aussi jusqu’en 2013 sur un obélisque glorifiant les précurseurs du socialisme.
J’ai été enthousiasmée par la lecture de ce livre, qui forgea le mot «utopie» à partir du  grec ou topos («lieu qui n’existe pas»). Il est d’une clarté et d’une modernité stupéfiantes, et tellement en avance sur son temps qu’on en reste subjugué. A lire absolument ! – HL

L’île des gauchers, d’Alexandre Jardin
Ed. Gallimard, 1995
Dans un archipel du Pacifique Sud ignoré des géographes, l'île des Gauchers abrite une population où les droitiers ne sont que l'exception. Mais là n'est pas le plus important. Cette micro-société, fondée par des utopistes français en 1885, s'est donné pour but de répondre à une colossale question : comment fait-on pour aimer ? Sur cette terre australe, le couple a cessé d'être un enfer. C'est l'endroit du monde où l'on trouve, entre les hommes et les femmes, les rapports les plus tendres. Voilà ce que vient y chercher Lord Jeremy Cigogne. À 38 ans, il enrage de n'avoir jamais su convertir sa passion pour sa femme Emily en amour véritable. À trop vouloir demeurer son amant, il n'a pas su devenir un époux. Dans cette réalité à l'envers où tout est à l'endroit, Cigogne et Emily se délivrent non sans mal de leurs habitudes et tentent l'aventure de se combler en suivant les coutumes et les rites étonnants du petit peuple des Gauchers.

Sur cette terre qui présente bien des ressemblances avec l’île d’Utopie imaginée par Thomas More, la seule obligation est de ne pas en avoir, ce qui n’implique pas pour autant l’absence de rituels et de codes. Tout cela est drôle, loufoque et très amusant, encore qu’un peu long. Mais on ne boudera pas son plaisir. Même si on est droitier. – HL


*Les Cinq cents millions de la Bégum, de Jules Verne
Ed. Le livre de poche, 1986 (première parution : 1876)

Le Dr Sarrasin, paisible savant français, se trouve soudain à la tête d'un fabuleux héritage : les cinq cents millions de la Bégum Gokool. Mais le Pr Schultze revendique vigoureusement sa part. Les deux hommes finissent par s'entendre et partagent ce pactole. Tandis que le Français l’emploie à édifier sur la côte pacifique des Etats-Unis la cité modèle de France-Ville, l'Allemand élève Stahlstadt, la Cité de l'Acier, qui est en fait une gigantesque usine de canons. Herr Schultze a tenu des propos alarmants sur France-Ville : «J'espère, a-t-il dit, que l'expérience que nous ferons sur elle servira d'exemple au monde.» Un jeune ami alsacien du Dr  Sarrasin décide alors d'espionner les oeuvres de Schultze et, se faisant passer pour un citoyen suisse, pénètre à Stahlstadt, forteresse jalousement gardée. Il y découvrira le diabolique projet de Schultze : détruire France-Ville avec un énorme canon.

France-Ville, cité idéale à l’hygiène parfaite (nous sommes à l’époque de Pasteur…), est aussi différente que possible de la sinistre Stahlstadt. Ce roman très marqué par l’esprit revanchard de l’après-guerre de 1870 n’est pas le plus connu de Jules Verne, à ce jour l’auteur français le plus traduit au monde. Mais comme toujours, il recèle d’étonnantes prémonitions, tant Schultze pourait être le grand-père d’un certain Adolf Hitler. – MM



*Soumission, de Michel Houellebecq
Ed. Flammarion, 2015

En 2022, la France est déchirée par les affrontements entre jeunes identitaires et salafistes. François, professeur de littérature à Paris, sent venir la fin de sa vie sexuelle et sentimentale, avec pour seule perspective la vacuité et la solitude. Mais l’élection présidentielle va tout changer. Mohammed Ben Abbes, dirigeant intelligent et charismatique du nouveau parti «Fraternité musulmane», accède au second tour face à Marine Le Pen. Il sera élu grâce au soutien des partis traditionnels pour faire barrage au Front national. Ce séisme politique a d’incontestables conséquences positives : grâce à l’élection, la France est pacifiée et le chômage chute. Mais il a aussi ses revers : nombre d’universités - dont la Sorbonne - sont privatisées et islamisées, les professeurs doivent être musulmans pour enseigner, la polygamie est légalisée, les femmes n'ont plus le droit de travailler et doivent s'habiller de manière «non-désirable». François lui-même, d’abord réfractaire, finira par renoncer et retrouvera le chemin des honneurs et un poste à l'université (et deux femmes !), au prix d'une conversion à l’islam.
On se souvient de la polémique suscitée par ce roman, paru juste avant les attentats contre Charlie-Hebdo. Bouleversé par ceux-ci et par les accusations d’islamophobie formulées à son encontre, Houellebecq en avait aussitôt arrêté la promotion.

J’ai beaucoup aimé ce roman de Houellebecq, qui est vraiment un grand écrivain. Sur un ton mi-sucré, mi-amer, il mène en douceur le lecteur vers son but, en suivant un raisonnement qui n’est qu’apparemment simpliste, et en réalité finement détaillé. La polémique due à la terrible coïncidence avec le drame de Charlie-Hebdo n’avait à mon avis pas lieu d’être. Je conseille vivement. – MM

Utopie ou dystopie ? Peut-être le terme de politique-fiction convient-il mieux.  Pour l'avoir vu à la télévision, je n'ai pas beaucoup d'empathie pour l'auteur. J’admets cependant que son roman est bien écrit, bien conduit, agréable à lire et divertissant (j'allais dire sans plus ). Toutefois, je n'ai pas bien saisi l'intérêt des nombreuses descriptions détaillées des pratiques et aventures sexuelles dont il semble parsemer ses œuvres ( je n'en ai pas lu d'autres ). – FB


La victoire de la Grande Armée, de Valéry Giscard d’Estaing
Ed. Plon, 2010
Le 14 septembre 1812, Napoléon fait son entrée dans Moscou, mais pressent qu'à rester trop longtemps, il risque la catastrophe. Il donne alors un ordre stupéfiant : évacuation de la ville et retour en France. Mais cette retraite apparente est une manœuvre destinée à contraindre Koutouzov à l’offensive et à le vaincre définitivement. Le général François Beille a pour périlleuse mission de ralentir la retraite de sa division afin de tromper l’ennemi sur la véritable position de la Grande Armée. Une fois la méprise dissipée, Koutouzov se précipitera sur les traces de l'empereur pour l'empêcher de quitter le pays. Trop tard. Napoléon a déjà choisi le lieu de la bataille près de Vilna (l’actuelle Vilnius). Les Russes sont écrasés et s'ouvre alors une ère nouvelle : de retour en France, Napoléon décide d'abdiquer et de se consacrer à la paix en Europe. Il transmet le pouvoir à son fils adoptif Eugène de Beauharnais et, en 1815, organise à Strasbourg une réunion internationale ressemblant furieusement à celle de Vienne.
C’est évidemment le nom de l’auteur qui m’a attiré vers ce curieux roman uchronique. Napoléon vainqueur en Russie ? Bon, pourquoi pas… Le récit est certes bien écrit, bien documenté et d’une lecture agréable. Mais il manque un rien de panache dans les charges de cavalerie du général Beille et de sentiment dans ses affaires d’alcôve. Et surtout, on n’arrive pas à croire que «l’ogre corse» ait pu muer en précurseur de l’Union européenne (car VGE a bien sûr cette idée derrière la tête). Dommage. – SW

Fatherland, de Robert Harris
Ed. Julliard, 1992
Berlin, avril 1964. Xavier March, inspecteur à la police criminelle allemande, doit enquêter sur une bien étrange noyade. Plus étrange encore est l’époque. Car March est un SS et Hitler est toujours vivant. Le Grand Reich domine l’Europe de l’Atlantique à l’Oural, et la paix dans le monde est assurée par l’équilibre de la terreur nucléaire entre l’Allemagne et les Etats-Unis. Mais la «Guerre froide» opposant Berlin et Washington est sur le point de s’achever grâce à la visite imminente du président américain Joseph Kennedy. Quant à March, il découvre les assassinats successifs de plusieurs membres importants du Parti national-socialiste, et n’apprécie pas du tout qu’on lui retire l’enquête. Avec le soutien de la journaliste américaine Charlie Maguire, il découvre l'inimaginable : les dignitaires assassinés ont tous participé en 1942 à la conférence secrète de Wannsee, qui a planifié la Solution finale et permis d’exterminer jusqu’au dernier (dans le roman) les onze millions de juifs d'Europe.
La victoire d’Hitler est ici très plausible grâce au succès fictif de son offensive en Russie. Mais c’est la suite qui intéresse l’auteur. A première vue, cette Allemagne de cauchemar s’est assagie dans la prospérité de l’après-guerre. Pourtant, la barbarie des premiers âges est bel et bien présente. Et surtout, nous découvrons dans ce récit formidablement documenté combien l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Glaçant. – SW  

Un grand merci à Claudette et François qui, malgré leur absence, nous ont fait parvenir les commentaires suivants :
Les années d’utopie - 1968-1969, de Jean-Claude Carrière
Ed. Plon,  2003

"Des fleurs, des pavés et des tanks" pourrait être le sous-titre de ces deux années bariolées, insolentes, lyriques et sexuellement désordonnées. Deux années inoubliables qui ont fait bouger des sociétés assoupies et ont ouvert des portes inconnues. Nul ne peut mieux en parler que Jean-Claude Carrière lui-même :
« Par les hasards de mon activité de scénariste j'ai connu de près, dans les années 1968-1969, trois villes chaudes: New York, Paris, Prague - et de nouveau New York.
Des fleurs dans les cheveux, des pavés dans la nuit, des tanks pour écraser l'espoir. Un vent d'utopie a vraiment soufflé sur ces années-là, que j'ai passées aux côtés de Luis Buñuel, de Louis Malle et surtout de Milos Forman, errant de pays en pays. Nous qui voulions écrire une petite histoire, nous étions chassés par la grande. De ces deux années extraordinaires, aujourd'hui détestées ou idolâtrées, j'ai tenté de tisser mes souvenirs. Je me suis rappelé, à travers les pièges de la mémoire, les cris, les refus, les fuites, les drogues, les rêves et le sexe qui se disait libre, et le monde nouveau qui s'annonçait tout proche.J'ai même essayé de dire où tout cela nous a menés, avec le sentiment, de plus en plus vif, que cette utopie a été la dernière qui se soit levée en Occident. En connaîtrons-nous, quelque jour, une autre? »

Plus de 30 ans après avoir vécu si intensément cette période, l’auteur est bien conscient du risque d’interpréter la réalité. Il nous  montre que si les utopies de chaque pays avaient pour point commun la jeunesse, leur objectif était différent : le Flower Power à New York (avec la non-violence, la drogue, l’absence de projet précis de société), l’opposition à l’univers «bourgeois» et à la société de consommation à Paris (mais aussi la divergence entre étudiants et ouvriers), et à Prague une contestation du pouvoir autoritaire peut-être associée à des rêves de consommation. Il traite aussi de l’historique des utopies et nous y fait réfléchir au vu de ce qu’elles sont devenues.– CP



Utopie, quand reviendras-tu ?, de Jean-Claude Carrière
Ed. de l’Aube, 2015
Quel parcours étonnant que celui d’un fils de ­paysans ­consacré, à 83 ans, par un Oscar à Hollywood pour ­l’ensemble de son œuvre! Avec la légèreté et la fluidité qu’offre le dialogue, Jean-Claude Carrière raconte son histoire de manière inédite. Ancré dans ses Cévennes natales où il retourne vivre chaque été, cet homme multiple – scénariste, écrivain, acteur – est depuis longtemps engagé pour l’écologie. Mais il ne cache plus son découragement, se fait peu d’illusions quant à notre volonté d’agir face aux défis majeurs de notre temps et met en garde contre la folie qui rôde. Pour autant, il a la grâce de continuer à s’émerveiller de ce qui lui arrive et du monde qui l’entoure. Et voudrait croire en une folie salutaire. Viendra-t-elle de la génération de sa fille aujour­d’hui âgée de 12 ans? De la jeunesse quil voit sengager? Une rencontre avec un « honnête homme », généreux, cultivé, à travers mille anecdotes qu’il aime partager.

Seule la dernière partie de ces entretiens avec Gilles Vanderpooten est consacrée à l’utopie. Les utopies d’aujourd’hui sont exprimées par les «indignés» et par ceux qui se préoccupent de l’avenir de la planète, de l’environnement et des nouvelles pratiques sociales, ce qui nous renvoie à Demain cité plus haut. Mais que deviendront-elles ? – CP



*Le complot contre l’Amérique, de Philip Roth

Ed. Gallimard, 2007
Le narrateur, issu d'une famille juive du New Jersey, raconte ses souvenirs d'enfance dans une Amérique bien différente de celle que décrivent nos livres d’histoire. Car en 1941, Franklin Delano Roosevet n’a pas été réélu à la Maison blanche. C’est l'aviateur Charles Lindbergh, sympathisant du régime nazi et membre du comité America First, qui est devenu président des États-Unis au terme d'une campagne teintée d'antisémitisme et dominée par le refus de voir l'Amérique prendre part au conflit ravageant l'Europe. Une fois au pouvoir, il s'empresse de conclure avec Hitler un pacte de non-agression.
Ce roman mêle faits historiques avérés et événements imaginaires : les discours violemment antisémites de Lindbergh sont authentiques. Mais sa candidature à la présidence et leurs conséquences sont de l'ordre de la fiction. Roth décrit une subtile montée de l'antisémitisme dans la société américaine et l'inquiétude croissante au sein de la communauté juive. Raconté du point de vue d'un enfant, à travers les événements qui touchent sa famille et son voisinage, le récit met en scène les diverses attitudes des personnages face à l’inquiétante émergence d'un fascisme américain.

J'ai choisi ce livre après avoir beaucoup aimé "La tache", du même auteur. D’abord récit autobiographique, il glisse vers la fiction avec subtilité et tant de crédibilité que j’ai failli  vérifier que Lindbergh n'avait jamais été président ! La communauté juive est parfaitement décrite, non seulement par un enfant très perturbé par les événements, mais aussi d'un point de vue plus adulte grâce au suivi de plusieurs familles dans leur vie quotidienne. On sent bien l'influence de la religion et des caractères. Voilà un grand roman, comme sait particulièrement en produire la littérature américaine. – FB

*Les titres précédés d’un astérisque sont disponibles à la bibliothèque.
Le prochain cercle de lecture se réunira le vendredi 3 juin à 20h00
avec pour thème : «l’Antiquité»


jeudi 12 mai 2016

Surprise et cadeaux à l'Heure du Conte

A quoi peuvent bien servir ces mystérieux cadeaux ?

Les cadeaux de Jim et Joe, de Tim Warnes & Jane Chapman
Ed. Mijade - 2001 
Jim le pingouin et Joe l'ours ont reçu de bien curieux cadeaux. L'oncle Bruno avait pris soin d'y apposer des étiquettes pour désigner leur destinataire. Mais Jim et Joe ne parviennent pas à deviner l'utilité de leurs cadeaux. Ils finissent par les échanger et leurs aventures ont tôt fait de leur révéler l'usage de ces objets bien pratiques. L'oncle est vraiment doué pour choisir des cadeaux, mais un peu moins pour remplir les étiquettes...

Et que dire de cet anniversaire qui aurait pu si mal se terminer ! 
Une première pour notre conteuse Anne qui s'essaye au kamishibaï...
Le cadeau de Caro, de Jean-Luc Burger & Alexandre Roane
Ed. Callicéphale - 2010 
Dans cinq jours c'est l'anniversaire de Jules et il aura cinq ans. Jules adore les bonbons ; Caro, sa grande sœur, lui a acheté un assortiment de cinq pâtes de fruits de toutes les couleurs. Elle l'a cachée dans le tiroir du vieux buffet, mais Jules l'a vue faire. Samedi est encore loin et la tentation est grande ! S'il prenait une pâte de fruit et la remplaçait par son imitation en pâte à modeler ? Elle n'y verra que du feu... Mais il reste encore quatre pâtes de fruit et quatre longs jours à attendre...

A l'école, les enfants sont tout à leurs préparatifs de Fête des Mères. Notre dernière histoire, pleine de bons sentiments, était toute trouvée.


C'est celle d’Émilienne, la petite souris qui s'est mis en tête de trouver le plus beau des cadeaux pour sa Maman. Là voilà qui bat la campagne en quête d'idées. Les trésors du Roi des bois ne seront pas assez beaux, et c'est la Fée de l'arc en ciel qui lui soufflera la plus belle idée : elle dessinera son voyage, car le plus beau des cadeaux pour une maman, lui a-t-elle dit, c'est le retour de son enfant.

dimanche 8 mai 2016

Paroles de jardiniers, 5ème édition

Une soixantaine de jardins sélectionnés dans les Yvelines ouvriront leurs portes durant trois week-ends du 28 mai au 12 juin.  

Plus d’une centaine d'animations qui font la part belle aux échanges entre jardiniers et visiteurs, et deux temps forts :

- dimanche 29 mai : conférence d'Alain Baraton, au domaine du Trianon, à Versailles.
                  
- dimanche 12 juin : grande fête de clôture au Domaine de Saint-Germain-en-Laye.