samedi 18 juin 2016

26 juin : 1er Salon national du livre de Rambouillet

Organisé par la Fédération nationale des salons du livre et la Bergerie nationale sur le thème « HISTOIRE & histoires », le 1er Salon national du livre de Rambouillet, réunira une centaine d’auteurs.           
Présidé par Franz-Olivier Giesbert, le salon accueillera romanciers, historiens, comédiens, metteurs en scènes, illustrateurs, scénaristes, dont : Jean-François Kahn, Philippe Torreton (invité d’honneur), Bruno Putzulu, Jean-Louis Debré, Patrick Maisonneuve, Aldo Naouri, Sylvain Gouguenheim, Pierre Bonte, Emmanuel de Waresquiel, Nelson Monfort, Christian Pierret, Robert Solé, Agnès Soral…
De nombreuses animations sont également prévues.

Cafés littéraires de 10h45-17h45
Six auteurs se succéderont pour les animer :
 - Patrick Maisonneuve, avocat et auteur de « Justice et Politique »,
 - Gérard de Cortanze, auteur de « Zazous »,
 - Jean-François Kahn, auteur de « C’était il y a quinze siècles : Le passage au   monothéisme fut-il une grande avancée ou une grande tragédie ? »,
 - Aldo Naouri, auteur de « Les couples et l’argent »,
 - Pierre Servent, auteur de « Extension du domaine de la guerre. Faut-il craindre le pire pour demain sur la scène internationale ? Sommes-nous définitivement sous la menace des terroristes ? Devons-nous craindre les nouveaux nationalistes en Chine et en Russie ? »,


 - Philippe Torreton, qui partagera et expliquera sa passion pour Shakespeare.

Autour des métiers du livre
Des ateliers : relieur, restaurateur de vieux livres, l’art de la BD et de la caricature, contes pour les plus jeunes

Ouvert de 10h à 20h
Entrée : 4€/gratuit (-12 ans)

lundi 13 juin 2016

Pagaille à l'Heure du Conte !

Pour leur dernière séance de cette saison, les bibliothécaires avaient convié les enfants sur le tarmac de l'aéroport. Ça sentait les vacances !!!
      
Pagaille sur le tarmac
Théâtre de marionnettes - scénario inédit de Dorothée

Trois touristes, Li la petite chinoise, Nolwen la bretonne, et Soukeyna l'africaine attendaient leur avion à l'aéroport, quand un haut parleur s'est fait entendre : Mesdemoiselles Li, Nolwen et Soukeyna sont priées de rejoindre de toute urgence le stand des bagages. Leurs valises ont été retrouvées en vrac sur le tarmac... 
Quelle pagaille ! 
Il leur faut maintenant identifier leurs affaires mais heureusement, les enfants de l'Heure du Conte sont là : ils sont une vingtaine ce jour-là et tous ensemble ils passent en revue les drapeaux, les tenues traditionnelles, les légendes propres à chaque pays et jusqu'aux instruments de musique les plus typiques. Les valises reconstituées, les jeunes filles auront le temps d'attraper leur avion sous les vivats du public.

Un grand merci à Dorothée, Anne et Dany 
pour ce magnifique moment.

samedi 11 juin 2016

L’Antiquité sous l'oeil du Cercle de lecture

«De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves», assurait Jules César. Autrement dit, ils ne reculent devant rien, comme le prouve cette chanson revigorante du Grand Jojo, docteur ès-humour belge s’il en est.

Mythologie & Philosophie, de Luc Ferry (20 volumes)
Ed. Figaro Collections

Par dizaines, des expressions issues de la mythologie grecque se sont inscrites dans le langage courant : une «pomme de discorde», un «dédale de rues», prendre le «taureau par les cornes», toucher le «pactole», «tomber de Charybde en Scylla», suivre un «fil d’Ariane», «jouer les Cassandre», etc. Mille références endormies aux Sirènes, à Typhon, Océan, Triton, Python, Sibylle, Stentor, Mentor, Laïus, Argus, Œdipe et à tant d’autres personnages mythiques habitent encore incognito nos conversations de tous les jours. Cette collection – dont chaque volume est accompagné d’un CD audio – les réveille en racontant les histoires magnifiques qui en sont l’origine. Mais il y a plus. Les grands mythes ne se limitent pas à des «contes et légendes». Ils proposent des leçons de vie et de sagesse d’une profondeur abyssale.

Cette collection est absolument remarquable. C’est un merveilleux outil pour comprendre tout ce que nous devons aux grands mythes de la Grèce antique. Je recommande fortement – BF
            
Moi aussi ! Dommage qu’elle ne soit pas très facile à trouver – AML

  
Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, de Pierre Grimal
Ed. Puf – 1e édition en 1951

Héraclès, Thésée, Jason, Athéna, Zeus... Tous ces héros et ces dieux nous sont familiers, mais connaît-on véritablement les mythes qui s'attachent à leurs noms ? Ils révêtent pourtant une importance considérable dans l'histoire de la pensée humaine. Constamment repris et réutilisés dans la littérature antique, ils sont devenus des références que nul ne peut ignorer et un patrimoine que chacun se doit de connaître. Pierre Grimal, grand spécialiste des études latines, n'a pas eu pour objectif de proposer un système explicatif de ces mythes, mais de les faire connaître et d'apporter ainsi des éléments indispensables à la compréhension de nombreux textes et oeuvres d'art.
Fruit d'un colossal travail d'inventaire et de classement des textes, ce dictionnaire est d'un abord simple, clair et précis. Classés par ordre alphabétique, les mythes sont accompagnés des références des textes qui en font mention.

Cet ouvrage de référence s’impose pour bien comprendre les mythes grecs, dont l’interprétation par la psychanalyse est vraiment passionnante. Le complexe d’Œdipe, théorisé par Freud, est bien connu. Celui d’Electre, explicité par Jung, l’est beaucoup moins, mais il n’en est pas moins fascinant, tout comme la relation fusionnelle unissant Perséphone à sa mère Demeter – BF
  

Antigone, de Jean Anouilh
Ed. La table ronde – 1947
Antigone est la fille d'Œdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Ses deux frères Etéocle et Polynice se sont entretués pour obtenir le trône après le suicide de Jocaste et l'exil d'Œdipe. Mais Créon, frère de Jocaste et nouveau souverain, a décidé de n'offrir de sépulture qu'à Étéocle et non à Polynice, qualifié de voyou et de traître. Il avertit par un édit que quiconque osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Personne n'ose braver l'interdit et le cadavre de Polynice est abandonné au soleil et aux charognards. Seule Antigone refuse cette situation.
Cette pièce inspirée de Sophocle a été écrite par Anouilh sous l’occupation allemande, ce qui donne un tout autre relief au récit, tant les parallèles avec cette sombre période abondent. Là où Sophocle mettait en scène la lutte des hommes contre les dieux, Anouilh préfère développer l’absolu d’un personnage en révolte contre le pouvoir, l’injustice et la médiocrité.   
Anouilh lui-même a expliqué que sa réécriture de la pièce de Sophocle lui avait été inspirée par le spectacle des affiches rouges annonçant les exécutions de résistants. Faut-il voir pour autant en Antigone la première résistante de l’Histoire ? Peut-être pas, mais en tout cas, j’ai pris un grand plaisir à relire cette pièce, dont j’avais mal perçu la modernité lorsque j’étais adolescente – DM

*Œdipe roi, de Didier Lamaison… et Sophocle
Ed. Folio policier – 2006
En arrivant dans une cité harcelée par les vieux démons de la peur et de la division, Œdipe a ouvert les portes et les cœurs. Il a naturellement été fait roi. Personne ne sait d'où il vient. Le sait-il lui-même ? Une enquête haletante va révéler une vérité si effrayante qu'Œdipe roi de Sophocle est devenu, au fil des siècles, la mère de toutes les tragédies, celle qui porte en elle tous les modèles du roman noir.
Initialement publié en Série Noire, le roman de Didier Lamaison, inspiré de la tragédie grecque de Sophocle, est désormais accompagné en Folio policier d'une traduction inédite de ce chef-d'œuvre universel. Il a semblé naturel, pour un texte régulièrement étudié dans les classes et les amphithéâtres, de réunir les deux, roman tragique et tragédie policière, dans un même volume et sous la responsabilité du même auteur : une occasion unique de redécouvrir l'incroyable modernité de ce mythe à la dramaturgie sidérante.

Œdipe n’en finit pas d’inspirer tous les auteurs, de la psychanalyse au théâtre ou au cinéma. Rien de tel qu’un bon roman noir pour le rajeunir de quelques dizaines de siècles ! J’ai beaucoup aimé ce «polar antique», nouvelle sous-catégorie du genre – FB


Le secret de la Grande pyramide, de Jean-Pierre Houdin et  Bob Brier
Ed. Fayard – 2008

La pyramide de Kheops... Comment les architectes de l'époque ont-ils pu construire une telle montagne de pierres avec si peu de moyens ?  Depuis des décennies, les égyptologues, les ingénieurs, les architectes, ou tout simplement les passionnés d'Egypte ancienne butaient contre la réalité, impuissants à résoudre rationnellement cette énigme. La 3D numérique a permis de découvrir  la simplicité des solutions adoptées par des hommes d'une intelligence remarquable. Les bâtisseurs de la Grande pyramide – Hemiounou, "superviseur des travaux royaux", en tête– avaient déjà réuni toutes les connaissances et compétences pour s'attaquer à un tel chantier après seulement un siècle d'expérimentations. Aussi ne pouvons-nous qu'admirer l'actualité des valeurs développées par la société égyptienne antique : vision à long terme dans la conception d'un projet, expertise technologique, capacité à organiser un chantier complexe, etc. En fait, le mystère n'a perduré si longtemps qu'à cause de notre ignorance.

La démonstration –peut-être aussi fausse que les autres, mais qu’importe– est passionnante. De manière générale, nous n’en finissons pas de découvrir tout ce que le monde moderne doit à l’Antiquité : on  aurait bien tort de limiter son apport culturel à la mythologie, car on y trouve les origines de quantité de philosophies (souvent occultées par le christianisme et les religions modernes) et les bases du savoir moderne – DG



*Palmyre, l’irremplaçable trésor ! de Paul Veyne
Ed. Albin Michel – 2015
Au moment où le site prestigieux de Palmyre, classé au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, est saccagé, quel meilleur guide que Paul Veyne pour parcourir les vestiges d’une si vaste cité, aujourd’hui interdite ?
Antique métropole florissante, située en plein désert au centre de la Syrie, au nord-est de Damas, Palmyre est l’ancienne Tadmor qui, selon la Bible, aurait été construite par Salomon. Cette importante cité caravanière fut la plus grande puissance commerciale du Proche-Orient entre le Ier et le IIIe siècle, véritable plaque tournante des échanges entre l’Orient et l’Occident, entre l’Inde, la Chine, la Mésopotamie, la Perse et Rome.
Au Ier siècle de notre ère, sous Tibère, elle a le statut de province romaine. Elle atteint son apogée sous l’empereur Hadrien au IIe siècle. Après 260, Zénobie, la veuve d’Odénat, un notable palmyrénien chargé de coordonner la défense de l’Orient, tente de prendre le pouvoir et entre en conflit avec Rome. Elle est vaincue en 272 par l’empereur Aurélien. C’est la fin de la splendeur de Palmyre.
C’est cette histoire de la « Venise du désert » que nous peint Paul Veyne ; avec lui, nous découvrons cet immense vestige d’un monde aboli.
Comment passer à côté de ce livre après les derniers événements en Syrie ! Je n’étais pas bien au fait de l’histoire de cette partie du monde et je suis ravie de cette lecture, qui m’a amenée au livre qui suit, sur le même sujet, mais en tout point supérieur à celui-ci… – GA


*La Syrie antique, de Maurice Sartre
Ed. Gallimard – 2002
De la Méditerranée aux rives de l'Euphrate, entre montagnes et déserts, la Syrie antique forme un vaste territoire d'échanges et de passage. Durant mille ans, d'Alexandre à Mahomet, Phéniciens, Araméens, Juifs, Arabes, Grecs puis Romains y mêlent leurs cultures. Antioche, Apamée, Tyr, Sidon, Bostra ou Palmyre forment le cadre urbain privilégié du développement de l'hellénisme, tandis que prospèrent les campagnes. Mais Grecs et Romains n'imposent ni modèle d'organisation sociale, ni langue, ni dieux. Sans perdre son identité, chacun peut adhérer ou non à la culture nouvelle, favorisant métissage et syncrétisme. Ouverte à tous les cultes, proche des lieux de naissance des grandes religions monothéistes, la Syrie devient aussi un des foyers du christianisme naissant. C'est cette vitalité dans la diversité que retrace ici Maurice Sartre.
Maurice Sartre est professeur d’histoire ancienne à l’université de Tours, ancien pensionnaire scientifique à l’Institut français d’archéologie du Proche-Orient (Beyrouth), spécialiste de l’histoire du monde grec et du monde romain oriental, en particulier du Proche-Orient hellénisé, d’Alexandre à la conquête islamique.
Un petit livre passionnant, superbement illustré, et brillantissime – GA



Les cheveux de Bérénice, de Denis Guedj
Ed. du Seuil – 2003



Dans le ciel égyptien, au IIIe siècle avant notre ère, une nouvelle constellation vient de naître. On peut y reconnaître la magnifique chevelure de la reine Bérénice, offrande de celle-ci à la déesse Isis pour que son époux Ptolémée Evergète («le bienfaiteur») revienne de guerre sain et sauf. Ce vœu sera exaucé. Et dans une Alexandrie alors à l’apogée de son rayonnement culturel, le pharaon confie une prodigieuse mission à Eratosthène, directeur de la Grande bibliothèque et précepteur de ses fils : mesurer la circonférence de la Terre. En remontant le Nil jusqu’à l’actuelle Assouan, ce dernier y parviendra avec l’aide de son disciple Théophraste Excelsior et du bématiste (compteur de pas) Béton. Pendant ce temps, à la cour, débauche et assassinats gangrènent le pouvoir des Ptolémées, la dynastie grecque portée au pouvoir à la faveur de la conquête de l’Egypte par Alexandre le Grand.

Denis Guedj, décédé en 2010, a connu un succès international grâce à des romans rendant accessible à tous l’histoire des sciences et des mathématiques, notamment Le Théorème du Perroquet, Le Mètre du monde ou Zéro.

On ne s’ennuie jamais à la lecture de ce «péplum». Pour autant, il nous laisse pantois devant l’étendue du savoir de l’époque et l’incroyable précision du calcul d’Eratosthène, qui s’est trompé d’à peine 1% grâce à un raisonnement géométrique d’une simplicité lumineuse ! – SW   


*Papyrus, de Lucien De Gieter
Ed. Dupuis – de 1974 à 2015
Papyrus est une série-fleuve de la bande dessinée : créée en 1974 dans Spirou sous forme d’épisodes repris en albums chez Dupuy, elle ne s’est arrêtée qu’en 2015 après la parution de son 33e tome (Papyrus pharaon) ! Ses deux principaux personnages sont Papyrus, au départ simple pêcheur qui deviendra rapidement le sauveteur et l’ami de la princesse Théti-Chéri. Fille du pharaon Mérenptah, grande prêtresse d’Isis et danseuse sacrée, celle-ci est l’héritière du trône des Deux Terres, c’est-à-dire la Haute et la Basse-Egypte. , Papyrus possède un khépesh (glaive de l’ancienne Egypte) magique. Aussi appelé «Talisman», il lui a été donné par la fille du dieu Sébek contre le serment de protéger Théti-Chéri de toutes les menaces pesant sur elle.

Eh non, la BD sur l’Antiquité ne se résume pas à Astérix ou Alix ! Papyrus, avant tout destiné aux enfants, est typique de l’école dite de la «ligne claire», immortalisée par Hergé. Ancrée dans la réalité de l’Egypte antique, la série est remarquablement documentée. Succès garanti ! – MM



*Murena, de Jean Dufaux et Philippe Delaby
Ed. Dargaud – depuis 1997
A Rome, l’empereur Claude est tombé amoureux de la patricienne Lollia Paulina, mère du héros de la série Lucius Murena. Il délaisse ainsi la terrible Agrippine et son fils adoptif, le futur empereur Néron. Après l'assassinat de Claude, Néron monte sur le trône et devient la proie d’une folie, réelle ou supposée, qui le consume. Au fil des épisodes, on le voit sombrer dans la cruauté, par un concours de circonstances, un jeu de manipulation et de vengeance…
Ecrite par les auteurs belges Jean Dufaux et illustrée par Philippe Delaby, la série compte jusqu’à présent neuf tomes et a été couronnée par plusieurs prix de la bande dessinée. Interrompue par le décès de Philippe Delaby en 2014, elle reprendra sous le pinceau de l’Italien Theo Caneschi. 
Cette fois, nous ne sommes plus du tout dans la BD pour enfants… Référence dans son domaine, la série est sanglante, mais a surtout l’originalité de donner une vision plus humaine de Néron. Ce n’est pas le monstre habituellement décrit, mais simplement un homme qui n’a pas eu d’autre choix que de devenir ce qu’il est. La qualité de la documentation est exemplaire, et le seul reproche qu’on puisse faire à l’ensemble est d’être un peu long, du moins si on lit tous les albums – MM


*Pour seul cortège, de Laurent Gaudé
Ed. Actes Sud – 2012
En plein banquet, à Babylone, au milieu de la musique et des rires, Alexandre le Grand s’écroule, terrassé par la fièvre. Ses généraux se pressent autour de lui, redoutant la fin mais préparant déjà la suite. Ils s’en disputent l’héritage – et le privilège d’emporter sa dépouille. Des confins de l’Inde, un étrange messager se hâte vers Babylone. Et d’un temple éloigné où elle s’est retranchée du monde, on tire Dryptéis, une jeune femme de sang royal : le destin l’appelle à nouveau auprès de l’homme qui a vaincu son père Darius…
Le devoir et l’ambition, l’amour et la fidélité, le deuil et l’errance mènent les personnages vers l’ivresse d’une dernière chevauchée.
J’ai beaucoup aimé ce récit à plusieurs voix et le souffle épique qu’a su trouver Laurent Gaudé. On est ici non pas dans un roman historique classique, mais dans un ouvrage presque fantastique, ou plutôt onirique. C’est de la très bonne littérature – HL


Les deux visages de Janus, d’André et Michèle Bonnery
Ed. Actes Sud – 2008
En 680, Rome n'est plus qu'une modeste cité de quelques dizaines de milliers d'habitants, vivant dans les ruines de ce qui fut la plus puissante agglomération de la terre. Partagée entre la nostalgie d'un monde disparu et les espérances d'un autre, encore à construire, la ville abrite une population cosmopolite et une foule de pèlerins attirés par les tombes des apôtres Pierre et Paul. Mais elle est aussi secouée par une série de faits étranges: crimes, morts mystérieuses, disparitions inexpliquées, vols, profanations... Les hommes du dux Romae, représentant de l'empereur qui réside à Constantinople, prennent conscience de la menace, mais sans en mesurer réellement la gravité. Sur fond d'Antiquité tardive, le lecteur démêle les fils de l'intrigue qui se trame dans ce monde en plein bouleversement, traversé par d'âpres querelles théologiques. Il découvre les traditions romaines de cette période méconnue, où les pouvoirs civils et religieux, encore mal définis, s'affrontent, où la rigueur du raisonnement n'exclut pas l'intuition, où la réalité côtoie le rêve.
Au début, j’ai trouvé artificiel de placer une intrigue «policière» dans un roman historique. Mais très vite, on se laisse happer par cette histoire, qui se déroule dans une cité qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Le titre est on ne peut plus approprié, les deux visages du dieu romain Janus étant tournés l’un vers le passé, l’autre vers l’avenir. Je recommande fortement – NM

Histoire naturelle, de Pline l’Ancien
Ed. Riveneuve – 2009
L’Histoire naturelle (Naturalis Historia) est dans sa version intégrale une monumentale œuvre en prose de 37 volumes, dans laquelle Pline l’Ancien souhaitait compiler le plus grand nombre possible d’informations et de culture générale indispensables à l’homme romain cultivé. Publiée vers 77, sous le règne de l'empereur Vespasien, elle a été établie à partir de quelque 2000 ouvrages de l’époque, dûs à 500 auteurs différents. On y retrouve non seulement d’innombrables connaissances scientifiques et techniques ayant longtemps fait référence, mais aussi des éléments merveilleux, voire miraculeux, ce qui n’empêche pas l’auteur de faire preuve de distance par rapport aux faits rapportés.
C’est l’œuvre non seulement d’un érudit, mais aussi d’un philosophe conscient de la brièveté de l’existence et de la nécessité de la vivre pleinement pour ne pas réduire sa capacité d’apprendre. Stoïcien et sceptique, Pline l’Ancien est très représentatif de la vision romaine du monde et de la politique impériale de son temps. Même dans ses éditions modernes, à l’évidence fortement expurgées, son œuvre reste passionnante.

Très agréable à lire, ce livre peut certes sembler parfois fantaisiste de nos jours, mais force est de reconnaître que Pline formule ses observations avec prudence. Témoin le passage sur les abeilles, qui proviendraient «de l’accouplement d’un seul individu appelé roi.» Par-delà les siècles, Pline nous fait surtout partager son admiration pour les beautés et les mystères de la nature – CP

Histoire d’Hérodote
Ed. Classics – 2001
Surnommé le «Père de l’histoire » par Cicéron, Hérodote vécut au Ve siècle avant JC. Sa grande  œuvre historique, intitulée selon les traductions l’Histoire, Les Histoires ou L’Enquête, est le plus ancien texte complet en prose que nous ayons conservé de l'Antiquité. Il y expose le développement de l'empire perse, puis relate les guerres médiques qui opposèrent les Perses aux Grecs. Le tout a probablement été rédigé vers 445 av. J.-C., où la tradition de la philosophie antique mentionne qu'Hérodote fit une lecture publique de son travail à Athènes. Cependant, la composition de ce texte s'étala sur plusieurs années, du fait des longs voyages nécessaires pour concrétiser un tel témoignage et de la complexité du propos. Il se compose de neuf livres, chacun portant le nom d’une muse, et donne de nombreuses indications géographiques, parfois très précises. Fortement contestée dès l’Antiquité, notamment par Plutarque et Aristote, l’œuvre d’Hérodote est aujourd’hui considérée avec davantage de bienveillance, certaines preuves archéologiques ayant confirmé à plusieurs reprises sa version des faits.

Ce livre –que j’ai lu dans une édition de 1944, pas forcément identique aux versions actuelles– n’est pas toujours très facile à lire, du moins dans ses premiers chapitres. C’est un ouvrage intéressant pour étudier cette période. Mais il faut aussi savoir que certains historiens persistent à penser qu’Hérodote a inventé la plupart de ses récits – CP 
  


Les Hittites, texte et dessins de Henri Hanotaux
Inédit (mais oui !) – 1984
Une fois n’est pas coutume : notre cercle de lecture s’est intéressé à une étude que vous ne risquez pas de trouver en librairie, car elle n’a jamais été éditée, et n’a d’ailleurs pas été écrite à cette fin ! Un grand merci à Marie-Claude pour nous avoir fait découvrir cette très jolie monographie écrite par son beau-père, qui s’y avère non seulement un passionné d’Histoire, mais aussi un excellent illustrateur. Les Hittites sont un peuple ayant vécu dans l’actuelle Turquie quelque 2000 ans avant Jésus-Christ. Leur royaume était un des plus puissants de la région, à tel point qu’ils réussirent à faire passer la majeure partie de la Syrie sous leur coupe et à se poser en rivaux de puissances aussi considérables que l’Egypte ou l’Assyrie. L’un des traits les plus passionnants de cette civilisation aujourd’hui largement oubliée –mais admirée à l’époque– est sa réelle volonté de paix. Elle était régie par des lois très morales, reposant sur des concepts d’une étonnante modernité : sens de l’autre, égalité des droits et stabilité sociale. Dommage qu’elle soit surtout connue des spécialistes…
Mon beau-père se passionnait pour l’Histoire, et cette brochure n’est qu’une de celles qu’il a rédigées sans aucun souci de notoriété, mais pour son seul plaisir et à l’intention de ses enfants. Ils en ont reçu chacun une, et ce sont évidemment autant de trésors familiaux – MCH