mardi 11 février 2014

Speedbooking au Cercle de lecture

Comité réduit, en cette veille de vacances, mais ambiance très animée pour une expérience inédite ! En fin d'article, nos impressions...

Le passeur, de Lois Lowry
Ed. Laurel Leaf – 2002

Dans le monde où vit Jonas, tout est contrôlé, tout est programmé. Sa vie, comme celle de tous les autres habitants de la Communauté, se déroule sans heurts, ni surprise. Pas d'argent, pas de disputes, il ne pleut jamais, le soleil ne brûle pas, on ne connait pas la faim, le monde est nivelé à la perfection, les couleurs source d’inégalités ont disparu, on ne choisit presque rien de sa vie, car la Communauté ne se trompe jamais...
A l'aube de ses 12 ans, Jonas est désigné pour devenir l'apprenti du Dépositaire de la Mémoire, sans savoir ce que recouvre exactement ce terme. Un destin extraordinaire l'attend, un destin qui peut le détruire.
Le temps de 5 mn écoulé, Anne-Marie conclut en disant que Jonas finit par découvrir ce qui faisait la beauté du monde. Le livre est un coup de cœur qu’elle partage avec sa fille et sa petite fille…
Les questions qui ont suivi ont souligné le côté philosophique d’une histoire beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît, avec des sujets tels que le mystère de la mort, la disparition du choix, la liberté.

Corsaire de la République
Le négrier de Zanzibar
Un corsaire au bagne, de Louis Garneray (1783 – 1857)
Ed. Phébus 2010-2011

Marc nous a fait partager son enthousiasme pour Louis Garneray, connu surtout pour être le premier peintre de la marine, et devenu écrivain sur le tard, avec le récit de ses aventures.
La trilogie :
Le jeune Louis Garneray s'engage dans la marine consulaire, désireux de tenter l'aventure ; il est vrai que la période s'y prête particulièrement. Sous la protection d'un parent, il va gravir les échelons et découvrir l'océan indien, en compagnie de personnages hauts en couleurs, parmi lesquels le célèbre Surcouf.
Garneray, après avoir quitté Surcouf, s’engage sur ce qu'il croit être un corsaire, et qui s'avère être un négrier ; de là, des situations périlleuses en terre inconnue, et encore inexplorée. Qui sont les adversaires les plus cruels, entre les noirs, les fauves, la maladie et les Anglais ?
Le dernier tome est le plus triste des trois livres. Il s'agit de ses dix ans passés sur les pontons de la Royal Navy, où les Britanniques enfermaient dans des conditions épouvantables les marins français prisonniers - un système concentrationnaire largement méconnu des Français.

Pour nous donner à voir l’œuvre de ce peintre de la marine, Marc avait apporté un ouvrage comportant une sélection de peintures et gravures de Louis Garneray.

La France maritime au début du XIXe siècle, de Martine Acerra
Ed. du Layeur - 2001

Et pour ceux qui l'ignoraient, il nous a rappelé que la série BD « Les passagers du Vent », de François Bourgeon était pour partie inspirée de la vie de L. Garneray.


A la recherche du temps perdu : Combray, de Stéphane Heuet
Ed. Delcourt - 1998

Ce début de roman évoque l'enfance d'un héros qui veut devenir écrivain et craint de ne pouvoir y parvenir. Le récit est à la première personne sans être pour autant autobiographique : un narrateur raconte des souvenirs d'enfance en privilégiant ses vacances à Combray et sa vie intérieure. Très lacunaires, ces souvenirs ne peuvent prétendre offrir la vision d'ensemble d'une enfance, ce qui place le texte en dehors de l'histoire.

Dominique a salué le courage de l’auteur qui a relevé ce défi. Des passages du livre figurent dans la BD, pour éviter des résumés indésirables. Il est intéressant de voir l’œuvre d'un oeil nouveau. L’illustration est de belle qualité. On perçoit toutefois le même décalage qu’entre un film et le livre dont il est tiré. La BD ne remplace évidemment pas la lecture de l’original...


Un léger décalage, de Sempé
Ed. Gallimard – 1988

Claudette a présenté l’auteur de cet album comme un philosophe, qui par quelques lignes, propose à ses lecteurs une double lecture où se mêlent l’humour et la réflexion.
L’homme y est représenté « minuscule » par rapport à ce qui l’entoure (ciel étoilé, grands immeubles modernes), nous faisant ressentir un grand vertige métaphysique. La phrase de Pascal à la fin de ses Pensées - « le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie » - pourrait s'appliquer à beaucoup de dessins de Sempé, mais l'on pense également à d’autres philosophes, tels que Sartre, Rousseau et Kant, car Sempé traite souvent de l’absurdité, du monde moderne, de Dieu, de la psychanalyse, de l’art (musiciens, écrivains), de la nature, des enfants...
Le dessin est simple, mais très évocateur. Claudette a montré et commenté quelques dessins devant lesquels elle peut rester un moment à en approfondir le sens et à extrapoler… Elle a conclu en déclarant que Sempé nous donnait une leçon plaisante d’humilité.


*Ordinary Thunderstorms, de William Boyd
Ed. Bloomsbury Publishing PLC

Le livre traite de l’effet dévastateur d’une mauvaise décision sur toute une vie. Sans aucune faute de sa part, le personnage principal perd tout (maison, famille, amis, travail, réputation, carte de crédit, téléphone portable) et est recherché par la police. En une fraction de seconde, sa vie a basculé pour toujours.
C’est une descente aux enfers, mais on voit l’évolution du personnage et ce que lui apportent ses rencontres. Le suspense est bien mené. On voit comment on vit « dans un autre monde.»
Ce livre va rejoindre le rayon en langue anglaise de notre bibliothèque. Il a connu un grand succès en France en 2011, sous le titre « Orages ordinaires ».


Moi, Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée, de Christiane Felscherinow
Ed. Gallimard / Folio - 1983

Véronique nous a présenté cette autobiographie avec beaucoup d’émotion, très touchée par ce livre qu’elle a lu à treize ans et qui lui a laissé un souvenir puissant. Elle s’est identifiée à l’héroïne et s'interroge : pourquoi Christiane a-t-elle eu ce destin et Véronique le sien ? Ce livre a connu un grand succès en France et en Europe. La jeune fille raconte qu’elle se prostitue à la sortie de l’école pour payer la drogue dont elle est dépendante.
En 2013, l'auteur a publié Moi Christiane, la vie malgré tout, dans lequel elle raconte ses trente dernières années. L’émotion de Véronique était palpable...

A l'issue de la séance, tous ont convenu que cinq minutes pour présenter un livre est une bonne mesure, et l'on doit se discipliner pour retenir ses questions... En revanche, cinq minutes est trop juste pour le débat qui fait tout le piment de ces réunions. D'ailleurs, avec le temps gagné, la conversation a continué de rouler une bonne heure, dans toutes les directions...  

La  prochaine rencontre du Cercle de Lecture est prévue vendredi 14 mars, elle aura pour thème  "L'argent".


vendredi 7 février 2014

Accueil des classes : sur la piste des livres

Il n'est pas évident de retrouver un livre dans une bibliothèque. Les enfants de l'école de Saint-Léger s'y sont essayés avec succès.  
"Les albums fantômes"

Des albums ont été piochés dans les caisses et remplacés par des fantômes . Après avoir mis leur récolte en commun, les enfants ont pu retrouver la place de chaque album, en s'aidant de la lettre collée sur le bord des caisses, et des trois premières lettres du nom de l'auteur - celles qui suivent le "A" de "Album" sur l'étiquette blanche de la couverture. Idem pour les "Romans Jeunesse" et les "Premières Lectures".

Les documentaires, eux, sont classés par chiffre, et c'est en étudiant les dix pétales de la marguerite Dewey* qu'ils ont trouvé la solution.



*En 1872, l'américain Melvil Dewey, âgé de tout juste vingt-et-un ans, a inventé un système pour classer les livres en bibliothèque. Pour simplifier la recherche documentaire, il a divisé l’ensemble des connaissances en dix grandes catégoriesreprésentées par les dix pétales de la marguerite.

Comme un fait exprès, nos étagères n'étaient pas toujours bien rangées et ce sont les enfants qui y ont mis bon ordre... 

Notre séance s'est terminée par le traditionnel quart d'heure d'histoire lue. 
Pour les CP, un kamishibaï sur un thème traité en classe :

De l'eau seulement de l'eau ! de Nathalie Cunat
Ed. Callicéphale - 20000
Robert mène une existence paisible, la seule chose qu’il désire, c’est de l’eau ! De l’eau à bulle, sans bulle, avec fluorure, sans fluorure, riche en sodium ou en calcium… Mais un jour un mouvement brusque et Robert gît à terre, sans eau…
Mais qui est ce Robert que l'on ne voit jamais ? En regardant soigneusement les images, les enfants ont réalisé que Robert était un poisson dans un aquarium boule, ce qui explique les images déformées, vues à travers les yeux du poisson.

Pour les CE1, un kamishibaï inspiré d'un conte du folklore japonais:
L'histoire du crabe, par Seiichi Tabata & Jiro Kimura
Ed. Doshinsha - 2008
Il y a fort longtemps, une maman crabe voulut empêcher un singe de lui voler ses kakis. Le singe irrité lui lança un fruit encore vert, qui fendit la carapace du crabe et le tua. Durant la nuit, une multitude de tout petits crabes sont sortis de la carapace. Ils avaient le souvenir de ce qui s'était passé et ils étaient bien décidés à venger leur mère...

Pour les CE2, un coup de cœur de la bibliothécaire :
Les poings sur les îles, de Elise Fontenaille
Ed. du Rou - 2011
Le petit narrateur aime les jours sans école, dans la toute petite maison de son grand-père Luis et dans son luxuriant jardin. Il y révise ses leçons, mais surtout, il y apprend des choses incroyables, comme le nom des plantes sauvages ou celui des oiseaux des bois. Ce grand-père sans enfance, venu à pied d'Espagne pour fuir la guerre et la misère, sait tant de choses... Il a la main verte, il dessine à merveille, il parle aux oiseaux, il est un cuisinier hors pair, il joue de la guitare et il chante. Pourtant, il ne sait ni lire ni écrire, et quand il parle il accommode avec saveur les expressions de notre langue : « Mettons les poings sur les îles», aime-t-il à répéter...

Pour les CM1, un kamishibaï sur le thème de l'année scolaire :
Une mer bienfaisante, de Noriko Matsui
Ed. Doshinsha - 2009
Au sud du Japon, il y a la mer d’Okinawa, splendide et bienfaisante. Le kamishibaï nous présente de manière ludique un magnifique documentaire, qui alterne dessins en noir et blanc et photos couleurs. Ainsi, lorsque les enfants disent tous ensemble : « Yuga-hu Taboli (que le bonheur vienne jusqu’à nous), la mer polluée redevient belle, et les photos viennent prouver cette beauté retrouvée.

Pour les CM2, un coup de cœur et déjà un grand classique :
Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler, de Luis Sepulveda
Ed. Métailié/Seuil -1998
Zorbas le chat grand noir et gros a promis à la mouette qui est
venue mourir sur son balcon de couver son dernier oeuf, de
protéger le poussin et de lui apprendre à voler. Tous les chats
du port de Hambourg vont se mobiliser pour l'aider à tenir cette
promesse insolite. A travers les aventures rocambolesques et
drôles de Zorbas et d'Afortunada, on découvre la solidarité, la
tendresse, la nature et à la poésie.
Il n'en sera lu qu'un morceau, faute de temps, assez cependant pour donner envie et un enfant s'est empressé de réserver le livre.



jeudi 6 février 2014

Où les contes se mettent en scène


Les deux histoires de l'Heure du conte nous ont entraînés sur les planches du théâtre. Le kamishibaï qui a ouvert la séance nous a emmenés à l'opéra :

Violetta et Rigoletto
Un kamishibaï de Thierry Chapeau - Ed. Callicephale – 2010

Violetta et Rigoletto, deux petites souris qui jouaient à cache cache dans le grenier de l'opéra, se sont retrouvées piégées dans une grande malle pleine de costumes. Les voilà embarquées pour l'Italie, où elles sont invitées au mariage d'un certain Figaro. La salle est majestueuse et ce monsieur Figaro doit être bien important pour réunir tant de monde, et avec un orchestre en plus ! Jamais les souriceaux n'ont rien vu d'aussi beau, mais trouveront-ils un moyen de rentrer chez eux, auprès de leurs parents ?

Le second conte est une adaptation théâtrale inspirée de la chantefable médiévale "Aucassin et Nicolette". Les personnages y sont représentés par des animaux fabuleux. 


Le fabuleux amour d'Aucassin et Nicolette 
par Sylvaine Hinglais & Tom Schamp
Ed. Albin Michel Jeunesse - 2010

Aucassin et Nicolette cherchent un lieu où vivre en paix leur amour, que leurs familles, l'une chrétienne et l'autre musulmane, refusent catégoriquement. Partis en bateau, ils font naufrage et s'échouent sur l’île du Roi Torelore, une île à nulle autre pareille, où chacun peut épouser qui bon lui semble, où ce sont les femmes qui font la guerre à coups de légumes, et où le roi vient d'accoucher d'un bébé, ...

La tolérance et la stupidité de la guerre sont abordées de façon drôle et légère. Les illustrations sont de toute beauté, et quant à la chute de ce conte jugez plutôt :

"Et ils vécurent heureux 
et mangèrent beaucoup de légumes jusqu'à la fin de leurs jours."