jeudi 26 avril 2018

Le cercle de lecture du mois d'avril a pour thème : L'ENFANCE





Dans « Mon enfance » CLIQUEZ ICI , Barbara lève un coin du voile sur les deux années (1943-1945) qu’elle passa à Saint-Marcellin, près de Grenoble, où sa famille s’était réfugiée pour échapper aux persécutions antisémites. Lors de la sortie de cette chanson, en 1969, la tristesse nimbant le texte avait été attribuée au contexte historique. Mais seule la publication des mémoires posthumes de la chanteuse, en 1998, l’a éclairée d’un tout autre jour en révélant le drame de l’inceste qu’elle subissait alors.  SW



*Esteban, de Matthieu Bonhomme, d’abord Ed. Milan, puis Dupuy – A partir de 2004

En 1900, entre le cap Horn et l'Antarctique, sur la route qu'empruntent les baleines pour aller d'un océan à l'autre, il fait si froid que les bateaux croisent les icebergs et essuient les tempêtes les plus violentes au monde. 
Lorsqu'Esteban, un indien de 12 ans, se présente au capitaine du Léviathanpour se faire embaucher comme harponneur, celui-ci commence par le ridiculiser. Mais quand il apprend qu’Esteban est le fils de Suzanna, de la tribu des Tehuelches, il se résout à l'embaucher... comme mousse. Qu'importe, ce sera pour Esteban l'occasion de découvrir la vie à bord, avec ses brimades et ses moments de bonheur, et, peut-être, quand le navire croisera les baleines, de prouver sa valeur. Au travers de cette initiation, il va découvrir la vie à bord du baleinier, la rudesse des marins, malgré tout solidaires, et l'austérité de cet univers.
Un récit épique, paru en cinq tomes, magnifiquement mis en image par Matthieu Bonhomme. 

Indéniablement, le graphisme est très proche de celui de Lucky Luke (pas étonnant chez l’auteur de L’homme qui tua Lucky Luke), mais c’est le grand Sud de l’Amérique latine qui s’offre à nous dans ces cinq volumes. Bien que simple, il est très efficace et nous emmène dans ce rude monde maritime. On y retrouve l’âme de Melville, et Moby Dick pourrait apparaître à chaque page. Un excellent moment de lecture et d’aventure, pour les enfants, mais pas que… MM



*Seuls, de Fabien Vehlmann (texte) et Bruno Gazzotti (illustrations), Ed. Dupuy – A partir de 2006

Après la disparition soudaine et inexpliquée des habitants de Fortville, cinq enfants doivent se débrouiller seuls dans un monde sans adultes. Les choses iront en empirant lorsqu’ils découvriront qu’ils sont dans une réplique du monde réel nommée « le monde des limbes », où vont les enfants morts, et qu’ils y sont la proie de mystérieuses « 15 familles ». 
Les enfants de Fortville seraient-ils différents des autres ? Et si l’un d’eux était ce que les dernières familles appellent « L’enfant Minuit », c’est-à-dire l’un des survivants du groupe de Fortville, qui « guidera les dernières familles et avalera le monde des limbes » ?
Les auteurs indiquent dans le magazine Spirou qu’ils se sont inspirés du roman Sa majesté des mouches, de William Golding. Les prénoms de certains enfants sont également une métaphore de l’antiquité.
La série, qui a obtenu de nombreux prix, comptera cette année 11 albums, sur un total prévu à 22. 


La référence à sa majesté des mouches est claire, du moins pour ceux qui connaissent cet ouvrage. Livrés à eux même, les enfants recréent un monde de compétition et de violence qui ressemble fort à celui des adultes. La dimension fantastique ajoute des possibilités de rebondissement et instaure un suspense efficace. D’excellents moments de lecture pour tous, à l’exception des petits toutefois. MM



*L’amie prodigieuse, d’Elena Ferrante, Ed. Gallimard –2014

Les quatre tomes de cette série, qui connaît un immense succès international, sont maintenant tous parus. Mais seul le premier coïncide vraiment avec notre thème de ce mois. On y voit naître l’indissoluble amitié des deux héroïnes, que nous suivrons sur quelque soixante ans dans les trois volumes suivants (Le nouveau nom, Celle qui fuit et celle qui reste, L’enfant perdue). 
L’amie prodigieuse, titre du premier roman, est aussi celui donné à l’ensemble de la tétralogie. Nous y découvrons l’enfance et l’adolescence d’Elena –la narratrice– et Lila dans l’atmosphère violente des bas-quartiers napolitains, à partir de la fin des années 50. Pourtant incroyablement surdouée, Lila devra quitter l’école pour travailler dans la cordonnerie de son père, tandis qu’Elena pourra suivre des études secondaires.
On devine déjà que dans cette société dominée par le machisme, les destins de l’intellectuelle Elena et de l’impétueuse Lila ne cesseront de s’entrecroiser, non sans de nombreux hauts et bas. Dès l’enfance, les relations des deux amies sont d’une remarquable complexité : on y trouve certes admiration, solidarité, émulation et empathie, mais aussi jalousie, envie, rivalité et souvent cruauté.

Je suis retournée à ce livre, dont nous avons déjà parlé à propos du thème «L’amitié», parce que la centaine de pages sur l’enfance napolitaine de Lila et Elena (ou Lenu) constitue à mon avis une évocation très imaginative et vraie des souvenirs de l’enfance.  Notamment dans leur perception de leur voisin Don Achille, pour elles si effrayant qu’elles le surnomment «l’ogre», mais qui finira par leur sembler bien ordinaire lorsqu’elles oseront monter lui réclamer leurs poupées disparues (et qui réapparaîtront mystérieusement à la fin du dernier volume). Tout cela est très authentique, et tout lecteur ne pourra que le comparer à ses propres souvenirs.  SV



Profession du père, de Sorj Chalandon, Ed. Grasset – 2015

Émile, le jeune narrateur, a 13 ans lorsque cette histoire commence au début des années 60. A première vue, sa famille n’a rien d’extraordinaire. Pourtant, le père est hors du commun : on serait bien en peine de définir sa profession actuelle, mais il clame avoir été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur pentecôtiste et même conseiller du général de Gaulle ; qu’il exècre désormais au point de vouloir l’assassiner, car il le considère comme le fossoyeur de l’Algérie française. Si bien qu’Émile se voit confier au nom de l’OAS des missions dangereuses et jouera si bien son rôle qu’il finira par enrôler un « nouveau». Un jeune rapatrié d’Algérie, qui s’y est frotté à la violence ; la vraie, celle avec laquelle on ne plaisante pas.
Ce père fantasque pourrait être drôle, et y parvient même souvent. Mais c’est aussi un aigri, une brute qui n’hésite pas à rouer de coups son fils, à humilier une épouse étonnamment passive et à faire le vide autour de la famille. Constamment soumis à la brutalité et aux brimades, Émile ne se plaint jamais et ne juge pas davantage un homme qui lui inspire tout à la fois de l’amour, de la peur et de la fascination. Un homme qui, après toute une vie d’affabulations, finira par sombrer dans la folie.

Sorj Chalandon a clairement indiqué que ce roman était inspiré par sa propre enfance et ne s’en écartait que par quelques péripéties romanesques. C’est bien la raison pour laquelle il a attendu la mort de son père pour l’écrire. Rédigé à la première personne, son récit exprime le point de vue d’un enfant sur une réalité qu’il n’a aucun moyen de comprendre. Et c’est bien ce qui le rend bouleversant. SW
         


Comme Dieu le veut, par Niccolò Ammaniti, Ed. Grasset – 2008

Rino Zena et son fils Cristiano vivent dans la misère aux abords d’une «zone d’activités» déprimante en diable. Skinhead, nazi, alcoolique et violent, Rino a tout pour déplaire. Il a certains points communs avec le père d’Emile, notamment dans sa manie de réveiller son fils en pleine nuit pour le soumettre à des épreuves quasi-militaires. Mais une différence fondamentale oppose les deux hommes : jamais Rino ne lèverait la main sur Cristiano. Ces deux-là sont unis par un amour viscéral qui résiste à tout, et qui finit par forcer le respect. Rino n’a que deux amis, tout aussi chômeurs que lui et éternellement voués aux petits boulots : le déjanté Quattro Formaggi, qui doit son surnom à un goût immodéré pour la pizza aux quatre fromages, et le déchu Danilo, brisé par un drame familial. C’est Danilo qui les convaincra de fracasser une billetterie bancaire dans l’espoir fou d’échapper à la mouise.  Le coup est prévu au cours d’une nuit de tempête, sous une pluie diluvienne et des torrents de boue. Mais rien ne se passera comme prévu, pour le plus grand malheur de la jeune victime qui croisera leur chemin.  

Plus noir, tu meurs ! Ce roman, qui a obtenu le prix Strega (équivalent du Goncourt), est aussi un réquisitoire contre la médiocrité d’une société vouée à une consommation abrutissante et au chacun pour soi. Malheur aux laissés pour compte ! Rino et ses deux amis sont les cousins des «affreux, sales et méchants» filmés par Ettore Scola. Mais ils ont aussi une dignité bien à eux, et suscitent même une certaine empathie. Cerise sur le gâteau : Ammaniti sait comme personne illuminer cette atroce noirceur par de nombreux traits d’humour à la fois grinçant et diablement efficace, dans la grande tradition des comédies sociales chères au cinéma italien. – SW 



Je n’ai pas peur, par Niccolò Ammaniti, Ed. Le Livre de poche – 2004

Dans la chaleur torride de l’été 1978, une bande d’enfants s’éloignent à bicyclette de leur hameau pour battre la campagne du mezzo giorno. A la suite d’un gage, Michele doit explorer une maison abandonnée. Et au fond d’un trou, il découvre un enfant de son âge, enchaîné et soumis à la plus horrible des captivités. Ballotté entre les angoisses de ses neuf ans et ce lourd secret, il va découvrir la terrible vérité des adultes. Car les monstres qui peuplent son imaginaire existent bel et bien, même si leur réalité revêt une apparence des plus inattendues…

Antérieur à Comme Dieu le veut, ce court roman a fait connaître dans le monde entier Niccolò Ammaniti, principal écrivain de l’école littéraire dite des « cannibales» . A la fois âpre, violent et lumineux, il m’a fait souvent penser au néo-réalisme italien, même s’il est ancré dans la violence beaucoup plus récente des «années de plomb». Il fait partie des livres qu’on dévore d’une traite. Tout-à-fait à la portée, soit dit en passant, d’un public pré-adolescent souvent peu enclin à  la lecture. – SW




PROCHAIN CERCLE DE LECTURE
LE SAMEDI 12 MAI 2018
THEME: LA BELGIQUE

mercredi 18 avril 2018

Les nouveautés du mois sont arrivées !




ROMANS & POLARS ADULTES

IL NE FAUT JAMAIS FAIRE LE MAL A DEMI de Lionel Fintoni – 2017










LA DISPARITION DE STEPHANIE MAILER de Joël Docker 











SENTINELLE DE LA PLUIE de Tatiana de Rosnay











TA DEUXIEME VIE COMMENCE QUAND TU COMPRENDS QUE TU N’EN AS QU’UNE 
De Raphaëlle Giordano – livre poche









DESOLEE JE SUIS ATTENDUE d’Agnès Martin-Lugand – livre poche










LE MYSTERE HENRI PICK de David Foenkinos – livre poche











UN GOUT DE CANNELLE ET D’ESPOIR de Sarah McCoy – livre poche













BANDES DESSINEES ENFANTS & MANGAS


ENOLA HOLMES TOME 4 le secret de l’éventail de Serena Blasco










UNE VIE AU ZOO TOME 4 de Saku Yamaura















ROMANS ENFANTS - ALBUMS & DOCUMENTAIRES

P’TIT DOCS

LA TOUR EIFFEL de Stéphanie Ledu











LE SOLEIL de Stéphanie Ledu











LA LUNE de Stéphanie Ledu
              












COURAGE GRAND LOUP de Jan de Kinder – Album












DANS LA DEMEURE DU DOCTEUR JECKYLL TOME 4 de Zimmerman - roman











TARTAN PONEY MECHANT de Cécile Alix – roman












LA CABANE A 13 ETAGES de Andy Griffiths – roman












Très bonne lecture