Nous avions décidé de clore l’année l’esprit léger, avec l’humour pour thème de notre séance.
*L’extraordinaire
voyage du fakir qui était resté dans une armoire Ikea,
de Romain Puértolas
Ed. Le dilettante – 2013
Ajatashatru Lavash, fakir
de son état, a quitté le Rajasthan aux frais de ces concitoyens pour un voyage
express direction la France, dans le but d'acheter le matelas à
clous dernier cri, en promotion chez IKEA. Armé d'un faux billet de cent
euros et vêtu d'un costume loué pour l'occasion, le projet de ce sympathique
escroc indien va être mis à mal par une succession de mésaventures plus
loufoques et rocambolesques les unes que les autres ! Il sera embarqué malgré
lui dans une folle aventure qui le mènera de France en Angleterre, puis en
Espagne, en Italie et en Libye, rien que ça ! De fakir, il deviendra tour à
tour clandestin, puis écrivain. Mais surtout, ce roi de l'arnaque fera sur sa
route des rencontres qui le changeront à jamais…
Des rebondissements en veux-tu en voilà, ce roman fantaisiste et déjanté est sans prétention et
réjouissant ! – MCH & SW
*Les
vieux fourneaux – tome 1 & 2, de Wilfrid
Lupano ; ill. Paul Cauuet
Ed. Dargaud – 2014
Pierrot,
Mimile et Antoine, trois septuagénaires, amis d'enfance, ont bien compris que
vieillir est le seul moyen connu de ne pas mourir. Quitte à traîner encore un
peu ici-bas, ils sont bien déterminés à le faire avec style : un œil tourné vers
un passé qui fout le camp, l'autre qui scrute un avenir de plus en plus
incertain. Une comédie sociale aux parfums de lutte des classes et de choc des
générations, qui commence par un road-movie vers la Toscane, au cours duquel
Antoine va tenter de montrer qu'il n'y a pas d'âge pour commettre un crime
passionnel.
Puis vient
le tour de Pierrot et de son collectif 'Ni Yeux ni Maître'. Ça tire à boulet
rouge sur l'UMP, ça fustige les stratégies marketing des entreprises et ça nous
rappelle que la planète il faut en prendre soin…
Le troisième volet reste
à paraître.
Un régal - acide et anar à souhait !
On pense aux « Trois vieux Papis »
chanté par Richard Gotainer, au trio Jean Gabin, Pierre Fresnay et Noël-Noël, dans
« Les vieux de la vieille », à « L’homme qui ne
voulait pas fêter son anniversaire » de Jonas Jonasson. Un bon moment - MM
Mémoires
d’un vieux con,
de Roland Topor
Ed. Wombat, 2011
(première édition : Balland, 1975)
«Je
les ai tous connus, tous ! Et ceux que je n’ai pas rencontrés en chair et en
os, je les ai vus à la télévision. C’est moi qui leur ai donné leurs meilleures
idées, moi qui leur ai montré le chemin de l’Art moderne. Ils se sont contentés
de suivre la voie tracée par mon Œuvre.»
Cet extrait des
Mémoires d’un vieux con les résume à lui seul. Car leur auteur fictif est un
artiste dont le talent n’a d’égal que l’ego hypertrophié. Ce touche-à-tout de
génie a traversé le XXe siècle comme un météore et côtoyé les plus grands.
Déniaisé par Sarah Bernhardt et ami de Kafka, il a donné à Proust l’idée de sa
madeleine, a inspiré Gide, s’est fait plagier par Picasso, a inventé (plusieurs
fois) le cubisme, a fait connaître le café de Flore à Sartre et il est même le
véritable auteur d’Histoire d’O ! Parfaitement !
Décédé en 1997, Roland Topor est surtout
connu pour ses talents d’illustrateur (notamment dans Hara-Kiri) et sa
complicité télévisuelle avec Jean-Michel Ribes (Palace, Téléchat). Il se révèle ici un maître de la
parodie et un joyeux pourfendeur des experts en autosatisfaction littéraire - SW
Early American architecture, by Joe Clarck HBSS
Ed. Lynchburg
Hardware and General Store – 1973
Un petit recueil d’une vingtaine de pages sur l’architecture
américaine des origines, à savoir des cabanes au fond du jardin… Des photos sépia
et quelques vers nostalgiques en guise de légende, dont voici un exemple :
“Some outhouses leaned to the East
Some outhouses leaned to the West
But whether East or West
We all came here to do our best”
Ce livre est une rareté, un cadeau signé de l'auteur, que mon frère m'a rapporté des Etats-Unis, un
petit bijou… DG
La
disparition,
de Georges Perec
Ed. Denoël - 1969
Il s'agit avant tout
d'un roman racontant la disparition d'un quidam, Anton Voyl. Son nom, à coup
sûr, fait allusion au truc disparu. Quant à la
construction du roman, on dirait du polar (plutôt noir a priori, il y a un
mort, puis moult assassinats).
Membre de l'Oulipo,
Georges Perec considérait que les contraintes formelles sont un puissant
stimulant pour l'imagination. La Disparition est un roman en lipogramme : pas
une seule fois la lettre 'e' n’apparaît dans ce récit de 297 pages !
Un exercice jubilatoire et l'on rit souvent en observant les détours
de l'auteur pour réussir sa performance - DG
*Le
chapeau de Mitterand,
d’Antoine Maurain
Ed. Flammarion –
2012
Un soir à Paris,
Daniel Mercier, comptable, dîne en solitaire dans une brasserie, quand un
illustre convive s'installe à la table voisine : François Mitterrand. Son repas
achevé, le Président oublie son chapeau, que notre Français moyen décide de
s'approprier en souvenir. Il ignore que son existence va en être bouleversée.
Tel un talisman, ce célèbre feutre noir ne tarde pas à transformer le destin du
petit employé au sein de son entreprise. Daniel aurait-il percé le mystère du
pouvoir suprême ? Hélas, il perd à son tour le précieux objet qui poursuit sur
d'autres têtes son voyage atypique au sein de la société française des années
1980. Cette fable pleine d'esprit et de malice possède comme le fameux chapeau
un charme mystérieux - celui de ressusciter une époque et, surtout, de mettre
au jour à travers une galerie de personnages notre rêve commun : voir
s'accomplir par magie nos désirs les plus secrets.
Voilà un livre qui a connu un tel succès que j’en attendais peut-être plus... L’épilogue que je ne révélerai pas est sans aucun doute le meilleur moment du
livre – NM
Rêvons
de mots,
de Raymond Devos
Ed. Le livre de
Poche – 2009
Depuis plusieurs
années, Raymond Devos travaillait à un nouveau livre d'humour et d'humeur fait d'aphorismes,
de pensées, d'anecdotes et d'extraits de sketches inédits. Il noircissait à cet
effet des petits carnets dans lesquels il consignait ses dernières trouvailles,
ses réflexions, ses fulgurances. Sorte de testament comique, le livre est paru après sa mort. On y retrouve
son sens du mot, de l'absurde, des paradoxes, et une certaine vision de la
condition humaine aussi juste qu'irrésistible.
En voilà un qui n’est pas près de passer de mode. Nicole
nous a lu plusieurs passages, avec gourmandise et fous rires à peine contenus.
*L’écrivain
national,
de Serge Joncour
Ed. Flammarion –
2014
Serge,
écrivain, arrive dans une petite ville du centre de la France où il est invité
pour une résidence. En arrivant, il lit dans le journal un article sur un fait
divers venant juste de se produire. Un vieux paysan original et très riche
aurait disparu et un jeune couple de marginaux serait suspecté de son meurtre. Serge est aussitôt attiré, comme happé par
le magnétisme dégagé par la jeune femme, Dora, tandis que le jeune homme est incarcéré. Contre toute
attente et sous le regard réprobateur de la plupart des habitants, il va se mettre à enquêter
sur cette affaire et se rapprocher de la jeune femme…
Beaucoup d'humour et d'autodérision dans cette comédie humaine que j’ai beaucoup aimée : un atelier d'écriture avec des illettrés, une table
ronde avec des lectrices irascibles… – HL
Dans un tout autre genre voici ma toute dernière découverte pour illustrer notre thème :
Dans un tout autre genre voici ma toute dernière découverte pour illustrer notre thème :
Les
zozos du paradis,
de Bernard Berger
Ed. La brousse en
folie
Il
n'y a pas réellement d'histoire, ni de vrais héros. Chaque album de cette série, qui se déroule dans une petite ville de Nouvelle Calédonie, se compose de diverses histoires, en une planche, avec une brochette de personnages que l’on retrouve d’un
album à l’autre, dont : Tonton Marcel, l’archétype du Caldoche de brousse,
râleur, coléreux, têtu, buveur, légèrement de mauvaise foi et menteur, mais
ingénieux et disposant d'un bon fond... Dédé,
le canaque, son compagnon de chasse, de pêche et d'apéro, au nez rond et fort,
aux cheveux crépus et marchant pied nu, qui aborde la vie avec philosophie et «
bon sens », toujours vêtu d'un débardeur (ou « marcel ») blanc et d'un short... Tathan,
made in Asia, qui vend à tout ce qui bouge. » Le « chinois » de la série... Joinville, le métrofonctionnaire qui a tous les diplômes, a tout vu, tout lu « et touché la prime ».
Il est l'archétype du « Zoreille » : fonctionnaire métropolitain venu travailler
sur le Caillou.
C’est une amie qui a vécue en Nouvelle Calédonie qui m'a fait découvrir cette série. Le trait est forcé, mais jamais méchant, c'est vraiment très savoureux - HL
*Cold Comfort
Farm,
de Stella Gibbons
La Ferme de froid accueil, traduit par Iris
Catella et Marie-Thérèse Baudron en 1946, mais à présent introuvable.
Ed.
Important books - 2013
Sorti en Angleterre
en 1932, ce livre constitue une parodie de la vie rurale et de ses mélodrames A la mort de ses parents, Flora Poste dispose d’une petite rente et décide d’aller s’installer
chez des cousins qui vivent dans une ferme du Sussex. Elle a reçu une éducation
sophistiquée et n’a guère été préparée à gagner sa vie. La famille qu’elle
découvre dépasse ses pires attentes et tous sont à ses yeux plus étranges les
uns que les autres. Qu’à cela ne tienne, en quelques mois elle parvient à
remettre de l’ordre dans tout cela et à régenter ce petit monde.
Parodie de roman à la Jane Austen, ce livre
que j’avais lu il y a bien longtemps et que j’ai redécouvert pour l'occasion, n’a pas pris une ride et me fait toujours autant rire. Il est considéré comme l'un des meilleurs du genre en Angleterre et cet exemplaire rejoindra le fonds anglais de la bibliothèque. Je vous le recommande – SV
*La commedia des ratés, de Tonino Benacquista
Ed.
Folio policier
Dario meurt assassiné. Il a légué un vignoble "au pays" à Antonio, un ami d'enfance qu'il n'a pas revu depuis des années. Le bénéficiaire soupçonne tout de suite Dario, le roi de la magouille, de ne pas avoir acheté ces terres pour se transformer en paisible vigneron. Il n'aura de cesse de découvrir l'arnaque pour la reprendre à son compte, sans avoir nécessairement envisagé toutes les conséquences de ses actes...
Dario meurt assassiné. Il a légué un vignoble "au pays" à Antonio, un ami d'enfance qu'il n'a pas revu depuis des années. Le bénéficiaire soupçonne tout de suite Dario, le roi de la magouille, de ne pas avoir acheté ces terres pour se transformer en paisible vigneron. Il n'aura de cesse de découvrir l'arnaque pour la reprendre à son compte, sans avoir nécessairement envisagé toutes les conséquences de ses actes...
Voilà un polar désopilant et bien
mené. On y parle pasta et cuisine italienne d’un bout à l’autre, avec un
humour consommé. La commedia des ratés a remporté en 1991 le Grand Prix de
littérature policière, le trophée 813 du meilleur roman et le prix Mystère de
la critique. A partager sans modération ! - GA
*Un
tout petit monde,
de David Lodge
Ed. Rivages – 2004
En
matière d'ironie, Lodge est un maître incontesté, et pour servir ses méchantes
ambitions, il pousse la caricature (acide, mais jamais amère) parfois jusqu'à
l'extrême. Ainsi, il traque, dénonce, fustige et se moque superbement des
mesquineries calculatrices, des petites ambitions des "grands
littérateurs" qui se déplacent de congrès en réunions internationales
comme ils iraient à la parade, jouant les érudits, les beaux esprits ou encore
les séducteurs de salons. Mais avant tout, sa métaphore nous touche et nous
amuse, car effectivement, "que le monde est petit" !
Je me suis replongée dans Sacha Guitry, qui m'est apparu démodé, et suis revenue à l'humour anglo-saxon, à mes yeux bien supérieur et qui a l'art de nous faire rire des situations tragiques. C'est cette même forme d'humour que l'on retrouve dans "Le scaphandre et le papillon" de Jean-Dominique Bauby, où l'auteur relate son expérience du 'locked-in syndrome' qui l'a enfermé dans un corps ne répondant plus à son esprit, et parvient à nous faire sourire, sans jamais s'apitoyer sur son sort - AML
*Pourquoi
j’ai mangé mon père,
de Roy Lewis
Ed. Actes Sud –
1993
Les
inventions et mésaventures d'Edouard, hominien de génie - auquel s'oppose son
frère Vania, un écolo de la préhistoire - donnent à ce livre la saveur et la drôlerie
qui lui ont valu, dès la première édition, un succès immédiat. C'est Théodore
Monod qui a débusqué ce roman désopilant, écrit par l'anthropologue anglais Roy
Lewis, et qui a proposé à Vercors de le traduire. Lequel, lecture faite, a
avoué n'avoir plus ri de si bonne grâce depuis le temps de Buster Keaton. Voici
en tout cas une manière décapante de réfléchir aux origines de l'homme, à son
évolution, à l'état de la société, aux conflits de génération...
Je me suis vraiment régalée à la relecture de livre ! L'anachronisme qu'il manie est particulièrement savoureux, un ressort que je retrouve avec le même plaisir dans la série "Silex and the city". Voilà une bonne occasion de redécouvrir cet auteur, dont plusieurs livres sont à la bibliothèque - CP
*Les titres précédés d’un astérisque sont disponibles à la
bibliothèque.
Le
prochain Cercle de Lecture se réunira le vendredi 9 janvier à 20h00
Le sujet en sera "Du
livre au film..."
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