Les secrets du Cercle de Lecture

Voilà un titre accrocheur, plutôt facile à trouver !

Un secret, de Philippe Grimbert

Ed. Le livre de poche – 2004 (Prix Goncourt des lycéens)

Dans le Paris de l'après-guerre, la famille Grimbert coule des jours paisibles entre leur boutique, le stade et la piscine, où les parents entretiennent leur physique d'athlète. Leur fils, de faible constitution, préfère collectionner les bonnes notes à l'école, dans l'espoir de laver la déception qu'il croit lire dans les yeux de son père. Et pour se consoler de sa solitude, il s'invente un frère aîné, grand, beau et fort, qui serait la fierté de ses parents.

Il a quinze ans quand une voisine et amie de la famille lui confie le lourd secret que ses parents lui cachent depuis toujours – une révélation qui lui permettra de devenir un homme et de se délivrer de ce" frère fantôme", et qui permettra à son père de se libérer de ses pensées coupables.

Ce roman autobiographique est bouleversant. L’écriture est fluide et magnifique. Il a été couronné par le Goncourt des lycéens en 2004 et le Grand Prix littéraire des lectrices de Elle en 2005. Il a très vite été porté à l’écran par Claude Miller, en 2007, avec Cécile de France et Patrick Bruel dans les rôles principaux. Un livre à lire absolument - BF

Secrets de famille, mode d’emploi, de Serge Tisseron

Ed. Marabout – 2013

Il ne s’agit pas d’un roman mais bien d’un mode d’emploi, comme le dit le titre. L’auteur, psychologue et psychiatre, a beaucoup écrit sur le sujet. Le livre est très accessible : il s’agit d’un ouvrage de vulgarisation qui expose les sources, les conséquences, parfois sur plusieurs générations, de ces fameux secrets ainsi que les moyens de s'en prémunir et de s'en libérer. Il a entre autres mis en évidence les secrets de la famille de Hergé à partir de l'étude très poussée des albums de Tintin.

Vivement recommandé par Brigitte et François. Un livre très accessible et extrêmement intéressant.

*Lignes de faille, de Nancy Huston

Actes Sud junior – 2006

Un roman sur la filiation, qui nous mène de San Francisco à Munich, de Haïfa à Toronto et New York, l'histoire de quatre générations, à travers le récit de quatre enfants. Chaque vécu de l'enfant aboutit à ce qu'il devient adulte, et donc à sa propre influence sur l'enfant dont il est le parent. Tout s'intrique, s'explique, et le lecteur assiste, impuissant, à tous ces non-dits, qui, par ricochet, aboutissent à des enfants, traumatisés sans en avoir conscience.

J’aurais aimé être là ce soir pour défendre ce livre qui me tient à cœur. A lire absolument ! - FB

*Le secret, de Frédéric Lenoir

Ed. Le livre de poche – 2003

Nous sommes dans le sud de la France à la fin du XIXe siècle, dans un village où tout le monde se connait, se côtoie, sans pour autant s'apprécier… D'abord considéré comme l'idiot du village, Pierre sera ensuite l'objet de nombreuses convoitises puis de jalousies. Rêveur, poète, sincère et pur, il ne trouvera pas sa place dans ce monde de faux semblants, d'hypocrisies et d'envie. Un magnifique crescendo dans le suspens, entre polar campagnard et réflexion philosophique sur le matérialisme et la perversité des hommes. 

Le récit oscille entre poésie et cruauté. C'est de toute beauté ! – DM

*La tache, de Philip Roth

Ed. Gallimard – 2002

À la veille de la retraite, un professeur de lettres classiques, accusé d'avoir tenu des propos racistes envers ses étudiants, préfère démissionner plutôt que de livrer le secret qui pourrait l'innocenter. Tandis que l'affaire Lewinski défraie les chroniques bien-pensantes, Nathan Zuckerman ouvre le dossier de son voisin Coleman Silk et découvre derrière la vie très rangée de l'ancien doyen un passé inouï, celui d'un homme qui s'est littéralement réinventé, et un présent non moins ravageur : sa liaison avec la sensuelle Faunia, femme de ménage et vachère de trente-quatre ans, prétendument illettrée, et talonnée par un ex-mari vétéran du Vietnam, obsédé par la vengeance et le meurtre. 
        
Ce roman complète la trilogie de Philip Roth sur les grands bouleversements qui ont marqué l'Amérique de l'après-guerre. La fin violente inventée par l'auteur doit-elle être vue comme le châtiment nécessaire ? J'ai relu ce livre avec le même enthousiasme, ce livre est formidable. Un must ! - SV

*La vie rêvée d’Ernesto G., de Jean-Michel Guenassia

Ed. Albin Michel - 2014

C'est à une grande traversée du xxe siècle que nous invite l’auteur avec le récit de la vie de Joseph Kaplan, fils et petit-fils de médecins juifs praguois, héros malgré lui, fataliste et optimiste à sa manière. Des années 30 aux années 80, des guinguettes de Joinville à la peste d'Alger, de la guerre à l'effondrement communiste - ses amours, ses engagements, ses désillusions, et la rencontre qui bouleversa sa vie, avec un révolutionnaire cubain qui passa quelques temps en 1966 dans son sanatorium des environs de Prague, un certain Ernesto G.

Le secret n'est certes pas le thème de ce livre, même si l’identité d’Ernesto est tenue secrète. J’ai dû en interrompre la lecture, mais je la reprendrai. Le livre est bien écrit - NM

Il s’agit en fait du parcours d’un héros malgré lui, emporté dans la tourmente du siècle, qui surnage, objet du destin. Le livre est très bien documenté et ne se lâche pas facilement. Je ne connaissais pas cet auteur et je ne manquerai pas d’emprunter « Le club des incorrigibles optimistes » qui l’a fait connaître et que nous avons à la bibliothèque - GA

* Une fille, qui danse, de Julian Barnes

Ed. Mercure de France – 2013

Des trois meilleurs copains de Tony Webster, à l’époque insolente de leurs années-lycée, Adrian Finn était le plus charismatique. Mais à l’âge des études supérieures, leurs chemins ont divergé. Tony vivra une histoire d’amour des plus malaisées avec la déconcertante Veronica. Dont il apprendra peu après leur rupture qu’elle a choisi Adrian. Rien que de très banal ? Non, car à la stupéfaction générale, Adrian se suicide à l’âge de 22 ans. Ce drame dont nul ne comprend vraiment la raison s’ensable peu à peu dans la mémoire de Tony, au cours d’une vie incolore d’Anglais moyen dont la quiétude est à peine troublée par un divorce sans heurt. Mais quatre décennies plus tard, à l’âge de la retraite, sa jeunesse lui revient brutalement en plein visage avec un courrier notarial des plus inattendus. Il lui fera percevoir combien nos souvenirs peuvent être trompeurs, découvrir l’amertume des remords et percer le secret entourant la mort de son ami.

Ce secret, Julian Barnes ne le révèle qu’à la toute fin de son remarquable roman, dont la grisaille est adoucie par de nombreux traits d’humour « so deliciously British ». Mais qu’on ne s’y trompe pas : nous ne sommes pas ici dans la Série noire. L’auteur préfère de beaucoup s’aventurer dans les sables mouvants d’une mémoire faite d’associations d’images. Par exemple celle de Veronica dans une chambre d’étudiant : une fille, qui danse  -  SW

*La petite fille de Monsieur Linh, de Philippe Claudel

Ed. Le livre de poche – 2007

La guerre qui fait rage depuis de nombreuses années a tout pris à Monsieur Linh : son pays ravagé, son village détruit, son fils et sa belle-fille morts dans les rizières. Il ne lui reste rien…sauf, le plus important peut-être, qui permet de se raccrocher à l'existence, une petite fille, un bébé de quelques semaines, miraculeusement épargné par les bombes. Alors, pour elle, il décide de partir et commence l’histoire de l'exil et du déracinement. Une amitié naît dans le nouveau pays avec M. Bark, qui aurait envie de venir à la rescousse de ce pauvre homme dont la seule préoccupation est sa petite fille. Oui mais… la fin nous révèle un événement inattendu.

Les blessures de la guerre et de la mort, sont des thèmes déjà abordés par l’auteur dans « *Les âmes grises » ou « *Le rapport Brodeck », mais « La petite file de Monsieur Linh » est un récit émouvant et beaucoup moins sombre, empreint de sérénité. C'est magnifique - AML

*Miniaturiste, de Jessie Burton

Ed. Gallimard – 2015

A l’automne 1686, pour échapper à une vie misérable à la campagne, Nella Oortman, 18 ans, épouse Johannes Brandt, un riche marchand d’Amsterdam. L’homme d'âge mûr est l'un des marchands les plus en vue de la ville. Il vit dans une opulente demeure au bord du canal, entouré de ses serviteurs et de sa sœur, Marin, une femme restée célibataire qui accueille Nella avec une extrême froideur. En guise de cadeau de mariage, Johannes offre à son épouse une maison de poupée, représentant leur propre intérieur, que la jeune fille entreprend d'animer grâce aux talents d'un miniaturiste. Les fascinantes créations de l'artisan permettent à Nella de lever peu à peu le voile sur les mystères de la maison des Brandt, faisant tomber les masques de ceux qui l'habitent et mettant au jour de dangereux secrets.
    
La maison de poupée d'époque, qui a inspiré l'auteure, est exposée au Rijksmuseum d'Amsterdam. Il s'agit d'un premier roman, très bien documenté et très bien écrit. Le récit est haletant et frôle le fantastique. Petite frustration néanmoins, à la fin : que va devenir la jeune femme ? Est-elle une messagère du futur ? On a l'impression que l'auteure n'arrive pas à gérer ce point... - MM

*Quel trésor ! de Gaspard-Maroe Janvier

Ed. Fayard - 2012

Dernier d’une lignée d’éditeurs écossais, David Blair croit trouver dans ses affaires une carte dessinée par Stevenson lui-même. Elle aurait servi de support à la célèbre Ile au trésor. Pendant que les experts examinent ce document susceptible de sauver la maison familiale de la faillite, David, lassé des comptes paternels, met le cap sur les îles Hébrides. L’évocation de la carte va réveiller chez les amis qu’il y rencontre la promesse des trésors enfouis de l’invincible Armada.

Une chasse au trésor, des cadavres au pied de la falaise, des poursuites dans les brumes écossaises, une vente aux enchères hitchcockienne : on ne s'ennuie pas. J'avoue que personnellement, j'ai eu du mail avec le style - MCH

Cela relève du roman d'aventure. J'ai trouvé les dialogues savoureux et je me suis aisément imginée sur ces îles brumeuses. Moi j'ai bien aimé - GA

*Un secret du docteur Freud, d’Eliette Abecassis

Editions 84 - 2015

Alors que la chasse aux juifs s'intensifie à Vienne, Freud vit ses dernières semaines sur le sol autrichien. En mars 1938, il n'y a plus d'autre choix, il faut fuir l'Autriche. Mais pourquoi reste-t-il ? Quel secret renferme la lettre retrouvée par son fils ? La princesse Marie Bonaparte, une de ses illustres patientes fait tout pour le persuader de partir et étrangement c'est un nazi - Anton Sauerwald, qui va favoriser son départ et son voyage vers l'Angleterre…        

Un début un peu poussif, avec un étalage de données biographiques. Mais le récit s’anime avec l’entrée en scène de la princesse Marie Bonaparte et devient très prenant. Au final un livre assez réussi, qui m’aura permis de croiser le chemin de Freud - GA

*La méthode Schopenhauer, de Irvin Yalom

Ed. Le livre de Poche – 2014

Julius Hertzfeld, psychiatre de renom à San Francisco, apprend qu'il est atteint d'un mélanome et qu’il n’a plus qu’un an à vivre. La première personne qu'il contacte est un ancien patient qu’il n’a pas réussi à aider en son temps : l'arrogant Philip Slate, accro au sexe, rigide, asocial et manipulateur. 

Les deux hommes vont passer un accord : Philip accepte de participer au groupe de parole de Julius, qui deviendra son tuteur, lui permettant ainsi de valider son diplôme de thérapeuthe. En échange Philip enseignera la sagesse de Schopenhauer à Julius. 

C’est ce groupe que nous accompagnons tout au long du livre avec au centre un Philip Slate, qui s’identifie à Schopenhauer...

       

Qui dit thérapie de groupe dit secrets qui se dévoilent... Voilà le prétexte tout trouvé pour parler de ce très bon livre qui met en perspective Arthur Schopenhauer et le personnage central de cette histoire. Psychiatre de formation, l'écrivain américain fait d’une pierre deux coups et réussit à nous sensibiliser à la psychologie et à la philosophie, tout en nous embarquant dans une histoire qu'on ne lâche pas et qui n'est pas à piquer des hannetons. La thérapie de groupe n'aura plus de secret pour vous. Le livre se lit avec un réel plaisir - GA

*Le troisième secret, de Steve Berry

Ed. Pocket - 2008

L’histoire s’inspire de trois révélations qui auraient été adressées en 1917 par la Vierge Marie à trois enfants-bergers dans la petite ville de Fatima, au Portugal. La Vierge Marie leur a demandé de ne pas divulguer la 3^e révélation. Cette révélation, très allégorique, a été révélée par le Pape Jean-Paul II en 2000 et se prête à des interprétations variées.

Le suspense réside dans le contenu de cette révélation et dans les stratégies mises en œuvre par le Vatican pour taire la vérité, car l’auteur imagine qu’une partie de la révélation n’a pas été communiquée. 

Malgré le contexte religieux, on trouve là tous les ingrédients des thrillers et des romans policiers : des meurtres, le rôle important des femmes…Le livre est bien documenté sur le fonctionnement du Vatican, sur les apparitions de la Vierge et sur d’autres prédictions. Mais, où est la limite entre l’authenticité de l’information et la fiction ? Cette question reste posée malgré la note de l’auteur à la fin de l’ouvrage. 

L’Église détient des informations qu’elle garde secrètes pour éviter de grands bouleversements. Ce sont les mêmes raisons que pour les secrets de famille. Est-ce toujours justifié ? - CP

*Les titres précédés d’un astérisque sont disponibles à la bibliothèque.

Le prochain Cercle de Lecture se réunira le vendredi 8 janvier 2016  à 20h00

avec pour thème : "textes mis en musique ou chansons à texte"