Comité réduit, en cette veille de vacances, mais
ambiance très animée pour une expérience inédite ! En fin d'article, nos
impressions...
Le passeur, de
Lois Lowry
Ed. Laurel Leaf – 2002
Dans le monde où vit Jonas, tout est contrôlé, tout est
programmé. Sa vie, comme celle de tous les autres habitants de la Communauté,
se déroule sans heurts, ni surprise. Pas d'argent, pas de disputes, il ne pleut
jamais, le soleil ne brûle pas, on ne connait pas la faim, le monde est nivelé
à la perfection, les couleurs source d’inégalités ont disparu, on ne choisit
presque rien de sa vie, car la Communauté ne se trompe jamais...
A l'aube de ses 12 ans, Jonas est désigné pour devenir
l'apprenti du Dépositaire de la Mémoire, sans savoir ce que recouvre exactement
ce terme. Un destin extraordinaire l'attend, un destin qui peut le détruire.
Le temps de 5 mn écoulé, Anne-Marie conclut en disant
que Jonas finit par découvrir ce qui faisait la beauté du monde. Le livre est un coup de cœur qu’elle partage avec sa
fille et sa petite fille…
Les questions qui ont suivi ont souligné le côté
philosophique d’une histoire beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît, avec des
sujets tels que le mystère de la mort, la disparition du choix, la liberté.
Corsaire de la
République
Le négrier de Zanzibar
Un corsaire au bagne, de Louis Garneray (1783 – 1857)
Ed. Phébus 2010-2011
Marc nous a fait partager son enthousiasme pour Louis
Garneray, connu surtout pour être le premier peintre de la marine, et devenu
écrivain sur le tard, avec le récit de ses aventures.
La trilogie :
Le jeune Louis Garneray s'engage dans la marine
consulaire, désireux de tenter l'aventure ; il est vrai que la période s'y
prête particulièrement. Sous la protection d'un parent, il va gravir les
échelons et découvrir l'océan indien, en compagnie de personnages hauts en
couleurs, parmi lesquels le célèbre Surcouf.
Garneray, après avoir quitté Surcouf, s’engage sur ce
qu'il croit être un corsaire, et qui s'avère être un négrier ; de là, des
situations périlleuses en terre inconnue, et encore inexplorée. Qui sont les
adversaires les plus cruels, entre les noirs, les fauves, la maladie et les
Anglais ?
Le dernier tome est le plus triste des trois livres. Il
s'agit de ses dix ans passés sur les pontons de la Royal Navy, où les
Britanniques enfermaient dans des conditions épouvantables les marins français
prisonniers - un système concentrationnaire largement méconnu des Français.
Pour nous donner à voir l’œuvre de ce peintre de la
marine, Marc avait apporté un ouvrage comportant une sélection de peintures et
gravures de Louis Garneray.
La France
maritime au début du XIXe siècle, de Martine Acerra
Ed. du Layeur - 2001
Et pour ceux qui l'ignoraient, il nous a rappelé que la
série BD « Les passagers du Vent », de François Bourgeon était pour partie
inspirée de la vie de L. Garneray.
A la recherche
du temps perdu : Combray, de Stéphane Heuet
Ed. Delcourt - 1998
Ce début de roman évoque l'enfance d'un héros qui veut
devenir écrivain et craint de ne pouvoir y parvenir. Le récit est à la première
personne sans être pour autant autobiographique : un narrateur raconte des
souvenirs d'enfance en privilégiant ses vacances à Combray et sa vie
intérieure. Très lacunaires, ces souvenirs ne peuvent prétendre offrir la
vision d'ensemble d'une enfance, ce qui place le texte en dehors de l'histoire.
Dominique a salué le courage de l’auteur qui a relevé
ce défi. Des passages du livre figurent dans la BD, pour éviter des résumés
indésirables. Il est intéressant de voir l’œuvre d'un oeil nouveau.
L’illustration est de belle qualité. On perçoit toutefois le même décalage
qu’entre un film et le livre dont il est tiré. La BD ne remplace évidemment pas
la lecture de l’original...
Un léger
décalage, de Sempé
Ed. Gallimard – 1988
Claudette a présenté l’auteur de cet album comme un
philosophe, qui par quelques lignes, propose à ses lecteurs une double lecture
où se mêlent l’humour et la réflexion.
L’homme y est représenté « minuscule » par rapport à ce
qui l’entoure (ciel étoilé, grands immeubles modernes), nous faisant ressentir
un grand vertige métaphysique. La phrase de Pascal à la fin de ses Pensées - «
le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie » - pourrait s'appliquer à
beaucoup de dessins de Sempé, mais l'on pense également à d’autres philosophes,
tels que Sartre, Rousseau et Kant, car Sempé traite souvent de l’absurdité, du
monde moderne, de Dieu, de la psychanalyse, de l’art (musiciens, écrivains), de
la nature, des enfants...
Le dessin est simple, mais très évocateur. Claudette a
montré et commenté quelques dessins devant lesquels elle peut rester un moment
à en approfondir le sens et à extrapoler… Elle a conclu en déclarant que Sempé
nous donnait une leçon plaisante d’humilité.
*Ordinary Thunderstorms, de William Boyd
Ed. Bloomsbury
Publishing PLC
Le livre traite de l’effet dévastateur d’une mauvaise
décision sur toute une vie. Sans aucune faute de sa part, le personnage
principal perd tout (maison, famille, amis, travail, réputation, carte de
crédit, téléphone portable) et est recherché par la police. En une fraction de
seconde, sa vie a basculé pour toujours.
C’est une descente aux enfers, mais on voit l’évolution
du personnage et ce que lui apportent ses rencontres. Le suspense est bien
mené. On voit comment on vit « dans un autre monde.»
Ce livre va rejoindre le rayon en langue anglaise de
notre bibliothèque. Il a connu un grand succès en France en 2011, sous le titre
« Orages ordinaires ».
Moi, Christiane
F, 13 ans, droguée, prostituée, de Christiane Felscherinow
Ed. Gallimard / Folio - 1983
Véronique nous a présenté cette autobiographie avec
beaucoup d’émotion, très touchée par ce livre qu’elle a lu à treize ans et qui
lui a laissé un souvenir puissant. Elle s’est identifiée à l’héroïne et
s'interroge : pourquoi Christiane a-t-elle eu ce destin et Véronique le sien ?
Ce livre a connu un grand succès en France et en Europe. La jeune fille raconte
qu’elle se prostitue à la sortie de l’école pour payer la drogue dont elle est
dépendante.
En 2013, l'auteur a publié Moi Christiane, la vie
malgré tout, dans lequel elle raconte ses trente dernières années. L’émotion de
Véronique était palpable...
A l'issue de la séance, tous ont convenu que cinq
minutes pour présenter un livre est une bonne mesure, et l'on doit se
discipliner pour retenir ses questions... En revanche, cinq minutes est trop
juste pour le débat qui fait tout le piment de ces réunions. D'ailleurs, avec
le temps gagné, la conversation a continué de rouler une bonne heure, dans
toutes les directions...
La prochaine
rencontre du Cercle de Lecture est prévue vendredi 14 mars, elle aura pour
thème "L'argent".