samedi 25 mai 2013

L'art dans la littérature

L'art dans la littérature – 25 mai
Tel était le sujet de notre Cercle de Lecture ce vendredi, avec des débats animés et quelques bons fous rires. Encore une soirée qui s'est prolongée...

*Le Dit de Tianyi,de François Cheng
Editions Le livre de poche
Lors d'un voyage en Chine, l'auteur retrouve le peintre Tianyi qui lui remet ses confessions écrites. L'homme a vécu les années 30 et 40 dans une Chine en plein bouleversement, où l'héritage culturel gardait pourtant sa force et sa diversité colorée. Il a ensuite passé plusieurs années en Europe, durant lesquelles il a connu la misère mais aussi découvert une autre vision de l'art et de la vie. À son retour dans son pays soumis aux soubresauts révolutionnaires, il y recherche les deux êtres qui lui sont le plus chers : Yumei, l'amante, et Haolang, l'ami fraternel, qui l'avaient tant marqué. Dès lors, il sera pris, sans pouvoir y échapper, dans un enchaînement de drames atteignant des dimensions insoupçonnées.
Véritablement trois livres en un, dense et complexe à la fois. Ce livre se déguste à petit traits, je vais me donner le temps de le relire et je le recommande - AML

La jument verte, de Marcel Aymé
Ed. Gallimard, Folio (1972)
A Claquebue, village du Jura franc-comtois, nait une jument verte, qui fera la fortune du maquignon Jules Haudouin. Cela se passe vers 1860 et l’action se déroule sur une trentaine d’années.
Le roman comporte 16 chapitres et des intermèdes constitués des propos de la jument qui se substitue au narrateur. C’est l’histoire de la famille Haudouin et de ses rapports avec les autres familles du village, qui se déroule sous le regard et les commentaires de la jument verte immortalisée dans un tableau accroché au mur de la salle à manger.
On assiste aux ébats amoureux, aux luttes politiques, aux haines entre familles, aux rivalités entre frères, etc.
 Voilà un chef d’œuvre d’art naïf, pas si naïf que ça. La langue est ciselée, une pure merveille ! A voir également, le film éponyme de Claude Autant-Lara – MM 

*Le faucon de Malte, de Dashiell Hammett
Ed. Gallimard, Folio Policier (1984)
Le détective privé Sam Spade confie à son associé Miles une affaire un peu fumeuse que lui a proposée une cliente énigmatique. Cet associé est assassiné. Sam éprouve de la gêne et de l'agacement à consoler sa veuve avec qui il a eu une vague aventure. Il veut comprendre et, d'une certaine manière, venger son associé. Il reprend donc l'affaire, qui est extrêmement compliquée. La cliente a manifestement menti au détective, mais il se sent attiré par elle.
Au cœur de l'imbroglio, un objet fabuleux : un faucon en or massif d'une valeur inestimable, dont plusieurs « chasseurs » cherchent à retrouver la trace depuis des années. Un aventurier levantin, un truand obèse, un capitaine de bateau entrent dans cette étrange histoire. Le faucon existe bien. Sam Spade l'intercepte. Mais cet objet ne fera ni la fortune ni le bonheur de personne, et le détective, au terme de cette épuisante et décevante série d'aventures, retournera à ses routines de « privé ».
Un roman policier noir, brut de forge. Très réussi ! - MM
Art, de Yasmina Reza
Ed. Albin Michel- 2009
 
" Mon ami Serge a acheté un tableau [...] blanc avec des liserés blancs. " Médecin dermatologue, Serge aime l'art moderne et Sénèque, qu'il trouve "modernissime". Ingénieur dans l'aéronautique, Marc a des goûts plus traditionnels et ne comprend pas que son ami Marc ait pu acheter "cette merde deux cent mille francs". Quant à Yvan, représentant dans une papeterie, il aimerait ne contrarier aucun de ses deux précieux amis. Mais les disputes esthétiques autour du tableau blanc dégénèrent dans un crescendo hilarant et féroce, qui ne laissera personne indemne... 
Une pièce de théâtre délicieuse qui porte à réfléchir sur les liens fragiles de l’amitié – MPV

Le voyage d’une artiste coréenne en Normandie, de Chong-ja Pak
Ed. Ouest France (2006)
"La Normandie, d'une étonnante verdure à mes yeux coréens, m'est apparue comme très lumineuse et baignée d'une lumière extrêmement riche et variée, une lumière qui, généralement très douce, sait aussi, en particulier pendant la saison estivale, surtout en bordure de mer, être beaucoup plus violente que dans mon pays natal. Paradoxalement, j'oserais dire que la Normandie reste lumineuse même sous la pluie."
La Normandie peinte par une Coréenne, avec à chaque fois quelques mots de l’auteur en regard des aquarelles. La rencontre de deux cultures et un regard inédit sur nos paysages – MPV

*Les escaliers de Montmartre & *Le temps des ivresses, de Michel Peyramaure
Ed. Pocket (2000
Dans les années 1870, au temps des cerises, une gamine dessine sur le trottoir du boulevard Rochechouard. Un monsieur important la remarque. Il s'appelle Puvis de Chavannes et lui demande de poser pour lui. Dix ans plus tard, la jeune fille, qui a pris le nom de Suzanne Valadon, connaît tous les peintres de la Butte Montmartre, ce quartier encore champêtre où le génie semble courir les rues. Renoir, Degas, Toulouse-Lautrec, et même Eric Satie le musicien, entrent dans sa vie. Suzanne devient leur modèle, leur muse, leur maîtresse. En marge de cette vie d'art et d'amour, elle élève le petit Maurice, enfant d'une liaison passagère avec un Catalan nommé Utrillo. 
En 1900, quand s'ouvre le nouveau siècle, Suzanne Valadon a trente-cinq ans. Le temps des folies de jeunesse s'éloigne. Grâce à ses maîtres et amants, l'ancienne gamine de la Butte est une artiste célèbre. Elle se marie, s'installe en banlieue. Mais peut-on vivre et travailler loin de Montmartre et de ce "Bateau-Lavoir" où, autour de Picasso, on rivalise d'extravagance et de génie ? Là est sa vraie vie. Mais elle est aussi près de Maurice, son fils adolescent dont la postérité retiendra l'ivrognerie et le talent sous le nom d'Utrillo. Les années qui s'annoncent n'épargneront à Suzanne ni de nouveaux orages ni de nouvelles passions. 
L’héroïne nous entraîne dans l’intimité des grands maîtres impressionistes et on a envie de l’y suivre – FM

*La jeune fille à la perle, de Tracy Chevalier
Ed. Folio - 2002
Qui est représentée sur ce célèbre tableau de Vermeer ? L'auteur a imaginé qu'il s'agit d'une jeune fille de Delft. La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes au dix-septième siècle, l'âge d'or de la peinture hollandaise. Griet s'occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives. Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l'introduit dans son univers. À mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville...
L’histoire de cette Griet est très touchante, on ne peut qu’aimer la jeune fillle – FM

*Le rêve de Boticelli, de Sophie Chauveau
Ed. Folio (2007)
Au quinzième siècle, sous le règne de Laurent le Magnifique, jamais le sang, la beauté, la mort et la passion ne se sont autant mêlés dans Florence, la capitale toscane. Le plus doué des élèves de Fra Filippo Lippi, un certain Sandro Filipepi surnommé depuis l'enfance «botticello» (le petit tonneau), va mener à son apogée la peinture de la Renaissance. Maître d'œuvre de la chapelle Sixtine, créateur bouleversant d'un Printemps inouï, il ressent intimement et annonce les soubresauts de son époque. Pendant que Savonarole enflamme la ville par ses prophéties apocalyptiques, il continue à peindre avec fougue. Il entretient alors avec Léonard de Vinci une relation faite de rivalité farouche et d'amitié profonde. Adulé puis oublié de tous, aussi secret que Florence est flamboyante, Botticelli habite un rêve connu de lui seul. Sophie Chauveau lève le voile sur la personnalité intime, les amours et la mélancolie fascinante du plus mystérieux des génies de l'histoire de l'art.
J’ai beaucoup aimé ce livre, une plongée dans la Florence du 15e siècle, ses violences et son culte de la beauté. Un portrait de Boticelli très attachant – BF

Musée haut, musée bas, de Jean-Michel Ribes
Ed. Babel (2008)
Avec l'humour grinçant particulier à Jean-Michel Ribes, "Musée haut, musée bas" met en scène une douzaine de personnages, artistes, visiteurs, conservateurs et guides, qui s'éparpillent dans le grand bazar de la culture d'aujourd'hui. Que viennent y faire tous ces gens ? Visiter ? mais visiter qui, quoi ? Chercher quelqu'un ? un arbre ? un chien ? Se montrer, s'aimer, manger, chuchoter, s'extasier, pisser, dormir, copier ?...
Une galerie de caractères qui expose les rapports entre les œuvres et ceux qui les regardent ou s’en occupent. Des dialogues drôles et absurdes. Un livre très divertissant. Un regard original porté sur l’art en général, l’art contemporain et le tourisme culturel de masse – CP 
 
*Un artiste du monde flottant, de Kazuo Ishiguro
Folio - 2009
Parvenu au sommet de son art, le peintre Ono remet en question la peinture du monde des plaisirs qu’il juge décadente, et il s’applique à défendre les idéaux patriotiques de l’empire nippon.
Dès 1945, cependant, le Japon est défait et occupé par l’armée américaine. Même s’il n’a pas été réellement inquiété, Ono le maître de l’art officiel nippon n’est plus en odeur de sainteté et cela compromet le mariage de sa deuxième fille...
Le maître revient sur le monde ancien, sur son évolution artistique et ses convictions passées, des valeurs qui n’ont plus cours dans l’immédiat après-guerre.
« J'ai toujours été intéressé par ce qu'il advient des valeurs des gens quand ils ont investi toute leur énergie et leur vie dans le respect des valeurs sociales qui prévalent, et qui les voient changer... Ils ont eu les meilleures intentions du monde, mais l'histoire a démontré qu’ils ont été soit stupides ou peut-être même quelqu'un qui a contribué au mal. » confie Ishiguro.
Le thème a déjà été traité dans "Les vestiges du jour" qui se déroulait en Angleterre - un livre qui a valu le Pulitzer à l'auteur, mais ici nous sommes au Japon et l'on retrouve le rythme lent et l'atmosphère subtile des romans japonais. J'ai beaucoup aimé ce livre - GA

*Couleur du temps, de Françoise Chandernagor
Ed. Folio – 2006
Pourquoi Baptiste, ancien peintre de Cour désormais oublié, tient-il à présenter à la plus grande exposition parisienne un Portrait de famille si démodé ? La touche, la composition, les vêtements des personnages, tout y est désuet ; rien, non plus, n'y semble accordé : dans cette famille figée par les années, la femme, en robe d'autrefois, a l'air d'une très jeune fille, les enfants sont des nourrissons, tous du même âge, tandis que l'artiste s'est représenté en grand vieillard... Que veut démontrer Baptiste V. ? Que cherche-t-il, en reparaissant ainsi brusquement sur le devant de la scène ? Dans ce roman d'un portrait, l'auteure raconte l'histoire dune vie, et, à travers le destin d'un homme, la couleur du temps...
La description d'une époque et de la façon de faire des portraits est intéressante, mais je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages – HL

*Mon nom est rouge, de Orhan Pamuk
Ed. Gallimard – 2012
Istanbul, en cet hiver 1591, est sous la neige. Mais un cadavre, le crâne fracassé, nous parle depuis le puits où il a été jeté. Il connaît son assassin, de même que les raisons du meurtre dont il a été victime : un complot contre l'Empire ottoman, sa culture, ses traditions, et sa peinture. Car les miniaturistes de l'atelier du Sultan, dont il faisait partie, sont chargés d'illustrer un livre à la manière italienne...
Mon nom est Rouge, roman polyphonique et foisonnant, nous plonge dans l'univers fascinant de l'Empire ottoman de la fin du XVIe siècle. Une subtile réflexion sur la confrontation entre Occident et Orient sous-tend cette trame policière, elle-même doublée d'une intrigue amoureuse, dans un récit parfaitement maîtrisé.
 Le style est intéressant et les mœurs de l’époque fascinantes, mais j'ai trouvé le livre très long. - HL

*Le portrait de Dorian Gray, de Oscar Wilde
Ed. UltraLetters – 2012
Par la magie d'un voeu, Dorian Gray conserve la grâce et la beauté de la jeunesse. Seul son portrait vieillira. Le jeune dandy s'adonne alors à toutes les expériences, s'enivre de sensations et recherche les plaisirs secrets et raffinés. « Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais », « il faut guérir l'âme par les sens, guérir les sens par l'âme ».
L'auteur veut libérer l'homme en lui donnant comme modèle l'artiste. Pour se réaliser, il doit rechercher le plaisir et la beauté, sous toutes ses formes, bien ou mal. L'art n'a rien à voir avec la morale. Dans une langue raffinée, il remet en question la société, le mariage, la morale et l'art. Ses propos sont incisifs et humoristiques. Ce livre scandalisa l'Angleterre victorienne, Oscar Wilde fut mis en prison pour avoir vécu ce qu'il écrivait.
J'ai beaucoup aimé ! – HL

Le temps nous a manqué pour partager ce dernier livre chroniqué dans l'article qui suit : 
*Cézanne et Zola se rencontrent, de Raymond Jean
Ed. Actes Sud – 1993
*Les titres précédés d'une astérisque sont disponibles à la bibliothèque. 

Notre prochain Cercle de Lecture se réunira vendredi 28 juin, sur le thème :
"Romans du terroir". 

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