dimanche 6 mai 2012

Les oubliés du Cercle de Lecture

Nous nous étions mis au défit de lire enfin ces livres trop longtemps oubliés sur nos étagères. La liste s'est révélée des plus hétéroclites et la soirée particulièrement distrayante...
    
Les affinités électives, de Johann Wolfgang von Goethe
Editions Gallimard
Roman social offrant une peinture critique de l'aristocratie terrienne à l'aube du XIXe siècle, Les Affinités électives est en même temps un roman d'amour, décrivant avec un détachement scientifique les mystérieux phénomènes d'attirance et de répulsion qui se jouent entre les êtres comme dans la nature, mais aussi, et surtout, une oeuvre tragique et mélancolique, une histoire de passion et de mort, qui s'achemine vers un désastre programmé. Le détachement ironique du narrateur, les ambiguïtés du récit, la subtilité de la construction font de ce livre un des premiers grands romans modernes.
Je n'avais jamais lu cet auteur. La lecture en est très agréable. Le livre fit scandale en son temps : adultères, divorces, remariages, théorie scientifique appliquée aux sentiments. MCH

Mort à crédit, de Louis-Ferdinand Céline
Editions Gallimard 
Ferdinand, se rappelle ses jeunes années, dans un milieu petit bourgeois, vers 1900. Il est fils unique, élevé dans un passage parisien entre une grand-mère éducatrice fine et intuitive, une mère sacrificielle propriétaire d'un petit magasin de dentelles et objets de curiosité et un père violent et acariâtre, employé dans une compagnie d'assurances. Il grandit maladroitement, sans cesse victime des reproches amers de ses parents, multiplie les apprentissages et les échecs sentimentaux et professionnels, séjourne dans un collège anglais avant de voir son destin basculer avec la rencontre d'un inventeur loufoque, Léonard de Vinci de la fumisterie scientifique, pour vivre des aventures toujours tragi-comiques...
Il me fallait peut-être attendre d'avoir plus de maturité, d'expérience, de références littéraires, pour dépasser les préjugés et apprécier un style littéraire original et fort. Un langage très scatologique, que l'on parvient à dépasser en lâchant prise. CP

Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline
Editions Gallimard(Prix Renaudot en 1932)
Roman picaresque, roman d'initiation. À la suite d'un défilé militaire, Ferdinand s'engage dans un régiment. Plongé dans la Grande Guerre, il fait l'expérience de l'horreur et rencontre Robinson, qu'il retrouvera tout au long de ses aventures. Blessé, rapatrié, il vit le conflit depuis l'arrière, partagé entre les conquêtes féminines et les crises de folie. Réformé, il s'embarque pour l'Afrique, travaille dans une compagnie coloniale. Malade, il gagne les États-Unis, rencontre Molly, prostituée au grand cœur à Detroit tandis qu'il est ouvrier à la chaîne. De retour en France, médecin, installé dans un dispensaire de banlieue, il est confronté au tout-venant sordide de la misère, en même temps qu'il rencontre ici et là des êtres sublimes de générosité, de délicatesse infinie, "une gaieté pour l'univers"...
Epopée antimilitariste, anticolonialiste et anticapitaliste, somme de toutes les expériences de l'auteur.
Un texte essentiel de la littérature du XXe siècle, saisissant par le style qui fait littéralement éclater la syntaxe. BF 

Manuel de contrepet, de Joël Martin
Editions Albin Michel
Au début cela démarre gentiment avec des contrepèteries telles qu'on les connaît tous, classées par chapitre et sous-catégories : la vie publique est ainsi déclinée en politique, justice et finance. A la fin, cela devient du délire, avec un 'Précis de Pataphysique du Solide' (méthode cristallographique pour composer des contrepèteries) et des graphiques en 3D qui prennent toute la largeur de la page... Sachant qu'il n'y a pas de droits d'auteur sur les contrepèteries, voilà une ressource inépuisable.
En souvenir de mon grand-père qui m'a donné le goût de jouer avec les mots. Un livre absolument pas recommandable...VD

La Colère, de Thich Naht Hanh
Editions Pocket
                                                    






Mon père sera de retour pour les vendanges, de Olivier Larizza
Editions Pocket
1er août 1914, Charles et le frère de sa femme sont envoyés au front. En arrière, en Bretagne, son jeune fils attend son retour. L'enfant et sa mère font tout ce qu'ils peuvent pour surmonter leur angoisse et passer le temps, mais au front, les événements se précipitent et bientôt un terrible mystère risque de se faire jour. Le garçon lit en cachette des lettres de son père qui lui dévoilent le quotidien du Poilu, l'horreur de la guerre, mais aussi le sel de la vie et le secret du bonheur. 
 J'avais calé une première fois et abandonné la lecture de ce livre. Je l'ai terminé et reste sur ma première impression : un style lourd, des invraisemblances, des personnages peu crédibles. VB

L'insomnies des étoiles, de Marc Dugain
Editions Gallimard
Automne 1945, alors que les Alliés se sont entendus pour occuper Berlin et le reste de l'Allemagne, une compagnie de militaires français emmenée par le capitaine Louyre investit le sud du pays. En approchant de la ville où ils doivent prendre leurs quartiers, une ferme isolée attire leur attention. Les soldats y font une double découverte : une adolescente hirsute qui vit là seule, comme une sauvage, et le corps calciné d'un homme. Incapable de fournir une explication sur les raisons de son abandon et la présence de ce cadavre, la jeune fille est mise aux arrêts. Contre l'avis de sa hiérarchie, le capitaine va s'acharner à connaître la vérité sur cette affaire, car il pressent un secret capital. Un livre sur l'eugénisme et les techniques de la solution finale appliquées par les nazis sur leur propre peuple.
Ce n'est pas le meilleur de cet auteur, l'intrigue est un peu lâche, mais cela reste un bon roman. VB

Le voyage des oiseaux, de Farîd al-Dîn Attâr
Editions Alternatives
L'auteur, né en Perse vers 1140, est l’un des plus grands poètes mystiques d’inspiration soufi.
Tous les oiseaux connus et inconnus se réunissent un jour pour constater qu'il leur manque un roi. Exhortés par la huppe - messagère d'amour dans le Coran - ils décident de partir à la recherche de l'oiseau-roi Simorg, symbole de Dieu dans la tradition mystique persane. Après un voyage plein de dangers et après avoir parcouru les vallées du désir, de la connaissance, de l'amour, de l'unité, de l'extase..., les trente survivants connaissent l'ultime révélation : le Simorg est leur propre essence, jusqu'alors enfouie au plus profond d'eux-mêmes.
Ce célèbre récit initiatique demeure à jamais l'un des joyaux de la spiritualité musulmane.
Ce livre est un cadeau qui m'attendait. Le poème est une approche intuitive de la sagesse et de la vérité. Le texte et les calligraphies qui l'accompagnent sont un émerveillement. NM


J'irai cracher sur vos tombes, de Boris Vian
Editions 10-18
Publié en 1946 sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, le roman, écrit en deux semaines, est un pastiche de roman noir. Jugé immoral et pornographique, il est interdit en 1949 et son auteur condamné pour outrage aux bonnes moeurs, ce qui aura sans doute contribué à le rendre mythique...
Qui est véritablement Lee Andersen ? Pourquoi est-il venu se perdre dans ce trou et que cherche-t-il au juste ? Et qui est ce « gosse » dont la mort le hante entre deux saouleries au gin et ses coucheries avec les bobby-soxers du coin ? Le roman nous dévoile progressivement l’intimité de cet homme blessé et animé d’un sauvage esprit de vengeance - vengeance qu’il prépare méticuleusement, insidieusement, et qui n’explosera que dans un final sanglant.
 
Un Polar dérangeant, malsain, nauséabond à souhait, mais qui s'apparente vraiment plus au scénario de film qu'au roman. Je ne suis pas fana. GA

Le Dit de Tianyi,de François Cheng
Editions Le livre de poche
A travers la vie du peintre Tianyi, trente ans d'Histoire de la Chine sont évoqués, ainsi qu'une belle histoire d'amour et d'amitié. Le peintre a connu les bouleversements de la société chinoise dans les années trente et quarante. Puis il obtient une bourse pour étudier à Paris, où il découvre une conception radicalement différente de l'art et de la vie. Il repart en Chine pour tenter d'y retrouver les deux êtres à qui il tient le plus : Haolang son ami et Yumei son amante. L'époque ne sera guère favorable et Tianyi est entraîné dans des drames de l'Histoire qu'il ne peut maîtriser...
Outre l'aventure romanesque captivante et tragique, le roman offre une excellente approche de la civilisation chinoise, confrontée au regard d'un occidental. Il a obtenu le prix Femina en 1998. François Cheng, un éminent spécialiste de la poésie et surtout de la peinture chinoise a été élu membre de l'Académie française le 30 juin 2002. 
Superbe ! GA

Candide, de Voltaire
Editions J'ai lu
Candide est un jeune homme naïf qui a grandi dans le château du baron de Thunder-ten-tronckh situé en Vestphalie. Élève du philosophe Pangloss qui l'éduque selon les préceptes du rationalisme spiritualiste et optimiste de Leibniz, le jeune homme croit fermement qu'il vit dans le meilleur des mondes possibles à l'image du château que tout le monde considère comme « le plus beau des châteaux », jusqu'au jour où le baron l'ayant surpris en pleine étreinte avec sa fille Cunégonde, décide de le chasser, le livrant ainsi en pâture aux violences d'une société impitoyable. Dès lors la philosophie de Pangloss va perdre peu à peu son crédit aux yeux du jeune héros...
Je n'étais pas préparée au style burlesque de ce conte philosophique, et j'ai modérément accroché. L'ouvrage se prête mal à la simple lecture. HL

Godin, inventeur de l'économie sociale : Mutualiser, coopérer, s'associer, de Jean-François Draperi
Editions Repas
Fondé par Jean-Baptiste André Godin (1817-1888), le Familistère de Guise (1870-1968) apparaît aujourd'hui comme l'un des modèles les plus aboutis d'une alternative à l'entreprise capitaliste. A travers cette formidable aventure, Godin prouve qu'il est possible de permettre à chacun de bien vivre, dans un habitat confortable et par un travail digne, où il est respecté, sans passer par la violence et sans appauvrir quiconque. Avec cette coopérative d'habitat, de production et de consommation, et cet ensemble de mutuelles et d'associations qu'est le Familistère, il rompt avec le père de l'organisation scientifique du travail, F. W. Taylor, et avec la critique du capitalisme formulée par K. Marx. Godin est l'un des fondateurs de l'économie sociale, et sans doute le plus moderne d'entre eux.
On ne manquera pas de saluer cet homme qui a inscrit l'utopie dans l'Histoire, grâce à ses actes. HL

Nous nous retrouverons le 1er juin prochain, avec pour thème :
"Un auteur d'un continent, où l'on n'a jamais mis les pieds..."

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