Nous nous étions mis au défit de
lire enfin ces livres trop longtemps oubliés sur nos étagères. La liste s'est
révélée des plus hétéroclites et la soirée particulièrement distrayante...
Roman social offrant une peinture
critique de l'aristocratie terrienne à l'aube du XIXe siècle, Les Affinités
électives est en même temps un roman d'amour, décrivant avec un détachement
scientifique les mystérieux phénomènes d'attirance et de répulsion qui se
jouent entre les êtres comme dans la nature, mais aussi, et surtout, une oeuvre
tragique et mélancolique, une histoire de passion et de mort, qui s'achemine
vers un désastre programmé. Le détachement ironique du narrateur, les
ambiguïtés du récit, la subtilité de la construction font de ce livre un des
premiers grands romans modernes.
Je n'avais jamais lu cet auteur. La
lecture en est très agréable. Le livre fit scandale en son temps : adultères, divorces,
remariages, théorie scientifique appliquée aux sentiments. MCH
Ferdinand, se rappelle ses jeunes
années, dans un milieu petit bourgeois, vers 1900. Il est fils unique, élevé
dans un passage parisien entre une grand-mère éducatrice fine et intuitive, une
mère sacrificielle propriétaire d'un petit magasin de dentelles et objets de
curiosité et un père violent et acariâtre, employé dans une compagnie
d'assurances. Il grandit maladroitement, sans cesse victime des reproches amers
de ses parents, multiplie les apprentissages et les échecs sentimentaux et
professionnels, séjourne dans un collège anglais avant de voir son destin
basculer avec la rencontre d'un inventeur loufoque, Léonard de Vinci de la
fumisterie scientifique, pour vivre des aventures toujours tragi-comiques...
Il me fallait peut-être attendre d'avoir plus de maturité,
d'expérience, de références littéraires, pour dépasser les préjugés et
apprécier un style littéraire original et fort. Un langage très scatologique,
que l'on parvient à dépasser en lâchant prise. CP
Roman picaresque, roman
d'initiation. À la suite d'un défilé militaire, Ferdinand s'engage dans un
régiment. Plongé dans la Grande Guerre, il fait l'expérience de l'horreur et
rencontre Robinson, qu'il retrouvera tout au long de ses aventures. Blessé,
rapatrié, il vit le conflit depuis l'arrière, partagé entre les conquêtes
féminines et les crises de folie. Réformé, il s'embarque pour l'Afrique,
travaille dans une compagnie coloniale. Malade, il gagne les États-Unis,
rencontre Molly, prostituée au grand cœur à Detroit tandis qu'il est ouvrier à
la chaîne. De retour en France, médecin, installé dans un dispensaire de
banlieue, il est confronté au tout-venant sordide de la misère, en même temps
qu'il rencontre ici et là des êtres sublimes de générosité, de délicatesse
infinie, "une gaieté pour l'univers"...
Epopée antimilitariste, anticolonialiste et anticapitaliste, somme de toutes les expériences de l'auteur.
Epopée antimilitariste, anticolonialiste et anticapitaliste, somme de toutes les expériences de l'auteur.
Un texte essentiel de la littérature du XXe siècle, saisissant par
le style qui fait littéralement éclater la syntaxe. BF
Au début cela démarre gentiment
avec des contrepèteries telles qu'on les connaît tous, classées
par chapitre et sous-catégories : la vie publique est ainsi déclinée en
politique, justice et finance. A la fin, cela devient du délire, avec un 'Précis de
Pataphysique du Solide' (méthode cristallographique pour composer des
contrepèteries) et des graphiques en 3D qui prennent toute la largeur de la
page... Sachant qu'il n'y a pas de droits d'auteur sur les contrepèteries,
voilà une ressource inépuisable.
En souvenir de mon grand-père qui m'a donné le goût de jouer avec
les mots. Un livre absolument pas recommandable...VD
La
Colère, de Thich Naht Hanh
Editions Pocket
Editions Pocket
1er août 1914, Charles et le
frère de sa femme sont envoyés au front. En arrière, en Bretagne, son jeune
fils attend son retour. L'enfant et sa mère font tout ce qu'ils peuvent pour
surmonter leur angoisse et passer le temps, mais au front, les événements se
précipitent et bientôt un terrible mystère risque de se faire jour. Le garçon
lit en cachette des lettres de son père qui lui dévoilent le quotidien du
Poilu, l'horreur de la guerre, mais aussi le sel de la vie et le secret du
bonheur.
J'avais calé une première fois et abandonné la lecture de ce
livre. Je l'ai terminé et reste sur ma première impression : un style lourd,
des invraisemblances, des personnages peu crédibles. VB
Automne 1945, alors que les
Alliés se sont entendus pour occuper Berlin et le reste de l'Allemagne, une
compagnie de militaires français emmenée par le capitaine Louyre investit le
sud du pays. En approchant de la ville où ils doivent prendre leurs quartiers,
une ferme isolée attire leur attention. Les soldats y font une double
découverte : une adolescente hirsute qui vit là seule, comme une sauvage, et le
corps calciné d'un homme. Incapable de fournir une explication sur les raisons
de son abandon et la présence de ce cadavre, la jeune fille est mise aux
arrêts. Contre l'avis de sa hiérarchie, le capitaine va s'acharner à connaître
la vérité sur cette affaire, car il pressent un secret capital. Un livre sur
l'eugénisme et les techniques de la solution finale appliquées par les nazis
sur leur propre peuple.
Ce n'est pas le meilleur de cet auteur, l'intrigue est un peu
lâche, mais cela reste un bon roman. VB
L'auteur, né en Perse vers 1140,
est l’un des plus grands poètes mystiques d’inspiration soufi.
Tous les oiseaux connus et inconnus se réunissent un jour pour constater qu'il leur manque un roi. Exhortés par la huppe - messagère d'amour dans le Coran - ils décident de partir à la recherche de l'oiseau-roi Simorg, symbole de Dieu dans la tradition mystique persane. Après un voyage plein de dangers et après avoir parcouru les vallées du désir, de la connaissance, de l'amour, de l'unité, de l'extase..., les trente survivants connaissent l'ultime révélation : le Simorg est leur propre essence, jusqu'alors enfouie au plus profond d'eux-mêmes.
Ce célèbre récit initiatique demeure à jamais l'un des joyaux de la spiritualité musulmane.
Tous les oiseaux connus et inconnus se réunissent un jour pour constater qu'il leur manque un roi. Exhortés par la huppe - messagère d'amour dans le Coran - ils décident de partir à la recherche de l'oiseau-roi Simorg, symbole de Dieu dans la tradition mystique persane. Après un voyage plein de dangers et après avoir parcouru les vallées du désir, de la connaissance, de l'amour, de l'unité, de l'extase..., les trente survivants connaissent l'ultime révélation : le Simorg est leur propre essence, jusqu'alors enfouie au plus profond d'eux-mêmes.
Ce célèbre récit initiatique demeure à jamais l'un des joyaux de la spiritualité musulmane.
Ce livre est un cadeau qui m'attendait. Le poème est une approche
intuitive de la sagesse et de la vérité. Le texte et les calligraphies qui
l'accompagnent sont un émerveillement. NM
Publié en 1946 sous le pseudonyme
de Vernon Sullivan, le roman, écrit en deux semaines, est un pastiche de
roman noir. Jugé immoral et pornographique, il est interdit en 1949 et son
auteur condamné pour outrage aux bonnes moeurs, ce qui aura sans doute
contribué à le rendre mythique...
Qui est véritablement Lee Andersen ? Pourquoi est-il venu se perdre dans ce trou et que cherche-t-il au juste ? Et qui est ce « gosse » dont la mort le hante entre deux saouleries au gin et ses coucheries avec les bobby-soxers du coin ? Le roman nous dévoile progressivement l’intimité de cet homme blessé et animé d’un sauvage esprit de vengeance - vengeance qu’il prépare méticuleusement, insidieusement, et qui n’explosera que dans un final sanglant.
Qui est véritablement Lee Andersen ? Pourquoi est-il venu se perdre dans ce trou et que cherche-t-il au juste ? Et qui est ce « gosse » dont la mort le hante entre deux saouleries au gin et ses coucheries avec les bobby-soxers du coin ? Le roman nous dévoile progressivement l’intimité de cet homme blessé et animé d’un sauvage esprit de vengeance - vengeance qu’il prépare méticuleusement, insidieusement, et qui n’explosera que dans un final sanglant.
Un Polar dérangeant, malsain, nauséabond à souhait, mais qui
s'apparente vraiment plus au scénario de film qu'au roman. Je ne suis pas fana.
GA
A travers la vie du peintre
Tianyi, trente ans d'Histoire de la Chine sont évoqués, ainsi qu'une belle
histoire d'amour et d'amitié. Le peintre a connu les bouleversements de la
société chinoise dans les années trente et quarante. Puis il obtient une bourse
pour étudier à Paris, où il découvre une conception radicalement différente de
l'art et de la vie. Il repart en Chine pour tenter d'y retrouver les deux êtres
à qui il tient le plus : Haolang son ami et Yumei son amante. L'époque ne sera
guère favorable et Tianyi est entraîné dans des drames de l'Histoire qu'il ne
peut maîtriser...
Superbe ! GA
Candide est un jeune homme naïf
qui a grandi dans le château du baron de Thunder-ten-tronckh situé en
Vestphalie. Élève du philosophe Pangloss qui l'éduque selon les préceptes du
rationalisme spiritualiste et optimiste de Leibniz, le jeune homme croit
fermement qu'il vit dans le meilleur des mondes possibles à l'image du château
que tout le monde considère comme « le plus beau des châteaux », jusqu'au jour
où le baron l'ayant surpris en pleine étreinte avec sa fille Cunégonde, décide
de le chasser, le livrant ainsi en pâture aux violences d'une société
impitoyable. Dès lors la philosophie de Pangloss va perdre peu à peu son crédit
aux yeux du jeune héros...
Je n'étais pas préparée au style burlesque de ce conte
philosophique, et j'ai modérément accroché. L'ouvrage se prête mal à la simple
lecture. HL
Godin, inventeur de l'économie sociale : Mutualiser, coopérer,
s'associer, de Jean-François Draperi
Editions Repas
Editions Repas
Fondé par Jean-Baptiste André
Godin (1817-1888), le Familistère de Guise (1870-1968) apparaît aujourd'hui
comme l'un des modèles les plus aboutis d'une alternative à l'entreprise
capitaliste. A travers cette formidable aventure, Godin prouve qu'il est
possible de permettre à chacun de bien vivre, dans un habitat confortable et
par un travail digne, où il est respecté, sans passer par la violence et sans
appauvrir quiconque. Avec cette coopérative d'habitat, de production et de
consommation, et cet ensemble de mutuelles et d'associations qu'est le
Familistère, il rompt avec le père de l'organisation scientifique du travail,
F. W. Taylor, et avec la critique du capitalisme formulée par K. Marx. Godin
est l'un des fondateurs de l'économie sociale, et sans doute le plus moderne
d'entre eux.
On ne manquera pas de saluer cet homme qui a inscrit l'utopie dans
l'Histoire, grâce à ses actes. HL
Nous nous retrouverons le 1er juin prochain, avec pour thème :
"Un auteur d'un continent, où l'on n'a jamais mis les pieds..."