Le
livre que l’on emmène sur l’île
Sur l’île ou sur une île ? Et laquelle ? Thulé ?
Hiva Oa ? L’île du Diable ? Allez
savoir… Dans l’incertitude, inutile d’aller si loin. Contentons-nous de l’île
Saint-Louis CLIQUEZ ICI célébrée
par Léo Ferré à l’âge d’or de la chanson française. Ce sera déjà très bien.
Les 1001 bières qu’il faut avoir goûtées dans sa
vie,
Ouvrage dirigé par
Adrian Tierney-Jones
Ed. Flammarion – 2012
Plutôt que «l’île», choisissons «Lille». Option
moins facétieuse qu’il n’y paraît : la préfecture du Nord doit son nom à l’isle de la Deûle sur laquelle elle fut jadis fondée. Ville universitaire et
industrielle au passé mouvementé, c’est aussi une grande capitale de la bière, où
une escapade ne peut s’envisager sans la visite de quelques estaminets. Ambrées,
blondes, blanches ou brunes, le choix est immense parmi les bières venues du
monde entier que l’amateur y trouvera. Ce guide recense les meilleures,
qu’elles proviennent de grands brasseurs ou d’innombrables microbrasseries. Chacune
est illustrée par sa bouteille et son verre. Son histoire ou celle de sa
brasserie y sont précisées, et des notes
de dégustation guident le lecteur. Le journaliste britannique Adrian
Tierney-Jones, qui a dirigé l'ensemble, a écrit de nombreux livres sur la bière
et a remporté plusieurs médailles à ce titre. Gilles Pudlowski, auteur de la
préface, est critique gastronomique et littéraire au Point. Hervé Marziou, qui a collaboré à l'édition française,
organise et développe le Concours de Biérologie Heineken France dans les lycées
hôteliers et anime des conférences et des repas gastronomiques en France et en
Europe.
Bien que
non exhaustive (j’ai dégusté des bières qui n’y figurent pas), cette
présentation nous fait voyager autour du monde. La présentation est agréable et
bien documentée, malgré une traduction parfois bizarre. On peut y trouver un
complément nécessaire à tout guide touristique pour explorer cette ville du
Nord de la France, ou simplement pour
envisager quelques achats dans une cave bien pourvue. – MM
Ed. Le Cherche midi - 2016
Que faire sur
une île, sinon se promener sur le rivage ? Ce livre est un recueil de pensées,
réflexions, souvenirs, tous nés et nourris de l’observation de la mer qui, par
définition, y est partout. Longs de quelques phrases ou de quelques pages, les
chapitres peuvent se lire ou se relire dans n’importe quel ordre. Une coque, même pourrie, même réduite à l’état d’épave, sent toujours l’aventure. Et l’aventure,
c’est l’évasion, la sortie de l’ile. Le sportif cogneur qu’est l’ancien
équipier d’Eric Tabarly se pose et nous ouvre son cœur et ses pensées. Sa
sensibilité, qu’il sait si bien cacher, y est révélée et fait écho à son
intelligence. Il y a là du vécu, des émotions et des moments dont on sent qu’ils
ont été importants dans sa vie (et si on réfléchit un peu, parfois dans la nôtre).
On peut y passer quelques secondes, quelques minutes ou un long moment
d’évasion, en partir et y revenir, ou s’isoler si on le souhaite sur une îe
de la littérature.
On n’échappe pas à
soi-même en fuyant sur les mers, c’est précisément l’inverse qui se produit.
Certainement plus connu par ses coups
de gueule, sa misogynie affichée et son talent d’improvisateur à l’émission des
Grosses Têtes, Olivier de Kersauzon est le marin français qui détient le plus de
records en multicoque. Grand sportif, il a également écrit ou coécrit une
vingtaine de livres et révèle ici son extrême sensibilité et un certain sens de
la poésie :
Naviguer, c’est frôler
sans cesse
Le corps onctueux d’une
femme
Qui, dès lors est
interminable.
La mer est lamée de
mauve,
C’est sa peau lascive où
la coque s’introduit,
C’est d’un érotisme
subtil, onirique, étrange, secret. – MM
Revisitée par Hugo Pratt et Mino Milani
Ed. Casterman – 2010
Ce grand classique du
roman d’aventures tenait particulièrement à cœur à l’immense illustrateur que
fut Hugo Pratt (1927-1995) : Je revois parfaitement, comme si c’était hier, écrit-il en préface, mon père sortant un petit livre noir d’une grande poche de sa vieille
saharienne comme par enchantement : il me le donna et me dit avec un
sourire mélancolique : «toi aussi, un jour, tu iras chercher ton île…
ne t’en fais pas si tu ne la trouves pas tout de suite, il y en a beaucoup, tu
la rencontreras le moment venu. » Ce livre est encore avec moi. C’est L’ile
au trésor. Hugo Pratt avait alors 15 ans.
Cette
superbe version est parue pour la première fois en 1965 dans le magazine
italien Corriere dei Piccoli. Le
futur créateur de Corto Maltese était associé pour la circonstance au
journaliste et écrivain Guglielmo Milani, dit Mino,
qui avait réalisé l’adaptation écrite du roman. La préface nous explique
le contexte et la genèse de cette bande dessinée. La postface la complète en
évoquant la fascination qu’éprouvèrent pour le Pacifique aussi bien Pratt que
Stevenson, décédé et inhumé aux Samoa. Elle est complétée d’une autre aventure
(Enlevé) des mêmes auteurs et de la
même facture, qui nous emmène en Ecosse.
Magnifique adaptation d’un roman qui
a fait rêver de multiples générations ! Le dessin de Pratt n’est pas
encore à son apogée, les noirs et blancs sont adoucis par des hachures, et le
découpage hésite parfois entre illustré et BD, mais le rêve et l’évasion sont
déjà bien présents. Cette réédition chez Casterman est superbe dans son format
à l’italienne. Les planches y sont rehaussées de vignettes en tête de page. Et
les couleurs de Patrizia Zanotti la rehaussent admirablement. – MM
Ed. Guy Tredaniel – 2000 (1975 au japon, 1985 aux États-Unis)
Masanobu Fukuoka était
chercheur en pathologie végétale. En 1938, suite à une grave pneumonie qui
faillit lui coûter la vie, il eut la révélation de l’insuffisance de la
connaissance intellectuelle. Son doute se porta surtout sur les vérités
scientifiques et techniques qui commençaient à devenir incontournables en
agriculture. A 25 ans, il retourna donc à l’exploitation agricole familiale sur
l’île de Shikoku afin d’apprendre de la nature elle-même.
Il pratique alors un doute
agronomique systématique : puisque le riz sauvage égraine à l’automne lors
de la récolte, pourquoi semer au début du printemps ? Pourquoi labourer le sol,
alors que les plantes poussent naturellement sans cela ? Pourquoi inonder la
parcelle alors que la mousson ne le fait que quelques jours par an ? Comment
conserver la tendance de la nature à améliorer la fertilité année après année ?
Chaque écosystème dispose
d’un élan, d’une direction instinctive qu’il s’agit d’accompagner plutôt que
de lui résister. Il n’est pas besoin de labourer. Les semences, enroulées
dans un peu d’argile, sont semées à la volée. Il n’est pas nécessaire de lutter
contre les «mauvaises herbes», car elles sont maitrisées à la fois par la
paille déposée sur le champ et par l’équilibre naturel entre les plantes qui
s’installent. Le renouvellement de la fertilité est assuré à la fois par le
trèfle qui, comme toutes les légumineuses, fixe l’azote de l’air par les
racines, enrichissant ainsi naturellement le sol, et par la paille qui, une
fois décomposée, formera de l’humus.
Un livre qui parle autant d’agriculture que
d’homme. J’ai aimé la quête spirituelle autant que les préceptes qui s’en
dégagent. J’ai lu le livre en anglais et ne peux donc me prononcer sur la
qualité de cette traduction, qui semble faire débat - GA
Ed. Points – 2014
Qu'ils soient mélancoliques comme «cahier»,
savoureux comme «frangipane», surprenants comme «libellule», drôles comme «s’esclaffer»,
nostalgiques comme «parfum» ou rebondis comme «édredon», les mots préférés d’Anne
Sylvestre racontent son histoire, ses souvenirs d'enfance, sa poésie et son
amour de la nature. Avec le même élan jubilatoire que dans ses chansons, elle
jongle délicieusement avec chacun de ces quatre-vingts mots, qu’elle sait
distiller et faire sonner comme personne à notre oreille. Tout cela, mine de
rien, en brossant un émouvant autoportrait.
Si je
devais n’emporter qu’un livre sur une île, je voudrais qu’il m’apporte un
bonheur durable, qu’il nourrisse mes journées et que je puisse y revenir sans
cesse, toujours avec autant de plaisir. Ce délicieux livre d’Anne Sylvestre
serait parfait. Il est poétique, plein d’humour, riche de scènes très
évocatrices et d’émotions variées. Dans cet univers tendre et volontiers
taquin, le lecteur retrouve l’enfant qu’il a été. Et c’est bon. – CP
Ed. de Fallois –
2002
"Vous pouvez vivre trois jours sans pain - sans poésie,
jamais ! Et ceux qui disent le contraire se trompent : ils ne se connaissent
pas." Ce livre est destiné à tous ceux qui partagent le point de vue de
Baudelaire. S'ils se retrouvent un jour, comme Robinson, sur une île déserte,
il leur donnera de quoi vivre longtemps. C'est une visite guidée de l’un des
plus beaux jardins au monde : celui des poètes français. Le choix de l'auteur
n'obéit à aucun a priori théorique -illustrer telle ou telle conception de la
poésie- ou idéologique -écarter telle ou telle oeuvre à cause des sentiments
qui l'ont inspirée. Les romantiques ont ici leur place autant que les
classiques, les amours de Ronsard autant que les colères d’Hugo, et les vers de
Péguy autant que ceux d'Aragon. Dix siècles. Plus de cinq cents poèmes. Pour
chaque auteur, un texte introductif facilitant l'accès à son univers ou en
prolongeant l'écho. Et au début de chaque siècle, une présentation de ses
traits majeurs. Tout cela fait de ce livre, en plus d'une anthologie d'une
étonnante richesse, une véritable histoire de la poésie française.
Même si le lecteur doit rester longtemps sur son île
(d’ailleurs pas forcément déserte), dix siècles de poésie lui donneront de quoi
s’occuper. Beaucoup de ces textes sont de vieux compagnons que nous avons tous
étudiés à l’école et dont nous n’avions alors certainement pas perçu toute la
richesse. Les redécouvrir d’un œil neuf est un vrai plaisir. – FB
Ed. Larousse – 2015
Notre environnement urbain est si souvent
stressant que passer du temps dans la nature permet d’apaiser le corps et
l’esprit, de retrouver une harmonie. Dans cet ouvrage, l’auteur donne conseils
et techniques pour «survivre» en milieu naturel et se familiariser avec un
environnement que l’on pense souvent hostile à tort. Avant le départ, il fournit de précieux conseil sur
l’art et la manière de se préparer à aller vivre dans la nature, le matériel nécessaire, le choix
du lieu et de la saison… Peu à peu, le lecteur apprend à s’orienter, se
déplacer, se nourrir avec les plantes et champignons comestibles qu’il est
susceptible de dénicher, à trouver de l’eau, à faire du feu pour cuisiner et se
réchauffer, ou à choisir et organiser un lieu de bivouac. Et une fois de retour
chez lui, il saura comment vivre le plus possible en autonomie.
L’ethnobotaniste François Couplan connaît parfaitement son affaire et sait
donner ses conseils de manière agréable. Point n’est besoin d’être naufragé
pour profiter de ce guide, qui agrémentera une simple randonnée. Quant à l’art
de faire du feu sans allumettes, c’est un excellent moyen d’arracher les
enfants à leur sempiternel écran. – SW
Ed. Perrin –
1984
Pour présenter cette
biographie monumentale, rien de tel que de laisser la parole à Alain Decaux
lui-même : «Connaître mieux Hugo. Ou
plutôt le connaître. Tel fut le propos de ma vie entière. Aller plus loin que
le "témoin", voire à son encontre, plus loin que la légende du poète
de la République, de la barbe blanche et de l'art d'être grand-père. Répudier
Épinal. Retrouver le quotidien au-delà du génie. Admettre la sincérité du
révolutionnaire et le comprendre bourgeois. Croire à sa générosité totale et
constater son amour de l'argent. Le voir vivre en leur absolu ses passions
amoureuses et asservir la meilleure des amantes.
J'ai lu les lettres où il se met à nu, celles des hommes qui
l'accompagnèrent, des femmes qui l'aimèrent. Je l'ai suivi dans Choses vues et
l'ai découvert prodigieux journaliste. Je l'ai retrouvé dans les assemblées,
l'ai admiré chantre de la seule vraie cause, celle de l'homme, polémiste féroce
pour foudroyer les intérêts ou écraser les égoïsmes. J'ai lu les travaux
innombrables d'innombrables érudits...
J'ai visité les lieux où il vécut, allant à Besançon aussi
bien qu'à Guernesey, voulant voir le sommet du Donon tout autant que la Seine à
Villequier, l'appartement de la place des Vosges comme la maison de Juliette.
Il m'était cher, il m'est devenu proche.»
Ce livre figure depuis longtemps dans ma bibliothèque, mais
je ne l’ai jamais lu en entier (plus de 1000 pages, tout de même…) et n’en ai
parcouru que tel ou tel chapitre pour éclairer d’autres lectures. Si bien que
j’oublie régulièrement où j’en suis, bien qu’il soit passionnant. Sur une île
–de préférence déserte, mais Guernesey conviendrait aussi à merveille–
peut-être aurais-je enfin le temps de m’y plonger pour de bon. – SW
Ed.
Belfond – 1987
"Ecrivain cherche Epouse pour un an sur une île tropicale.” Lucy
Irvine avait 25 ans lorsqu’elle répondit en janvier 1981 à cette étrange petite
annonce, et sa vie en fut changée à jamais. Moins d’un an plus tard, elle avait
quitté Londres pour rejoindre un inconnu deux fois plus âgé qu’elle sur l’île
déserte de Tuin, dans le détroit de Torres, entre Australie et Nouvelle-Guinée.
Gerald Kingsland était un écrivain rêvant de vivre comme Robinson Crusoe, à
ceci près que la cohabitation avec une jeune femme lui paraissait nettement
plus alléchante qu’avec Vendredi. Lucy avait rêvé d’aventure. Mais les 13 mois
qu’elle passa sur l’île n’eurent rien d’idyllique. Le couple avait dû se marier
pour obtenir la permission de vivre sur l’île, mais il était on ne peut plus
mal assorti. La vie sur l’île était rude et les vivres rares. Outre les
disputes permanentes, il fallait compter avec la sécheresse, les maladies et de
terribles blessures. Lucy est convaincue que sans l’intervention d’une tribu de
l’île de Badu, qui finit par les ravitailler, tous deux seraient morts dans ce
“paradis” illusoire. Le récit de cette histoire vraie a rencontré un grand succès
Outre-Manche. Beaucoup moins en France (le titre original, conservé dans la traduction
française, signifie «naufragés»).
L’histoire de ce
rêve devenu cauchemar et de cette obligation de solidarité pour survivre m’a
passionnée. On a du mal à croire qu’il ne s’agit pas d’un roman, mais bel et
bien d’un récit authentique. Il a aussi inspiré un film, à ma connaissance
inédit en France. – SV
Ed. Deux coqs d’or – 2015
Ce
guide est destiné aux aventuriers en herbe rêvant de se sortir de situations
extrêmes (ou presque !) dans la nature. Comment avoir les bons réflexes si
nous nous échouons sur une île déserte ? Saurions-nous construire un abri,
un radeau faire du feu, nous procurer de l’eau potable ou bien encore faire
face à un crocodile ou un requin ?
Grâce
à ce guide de survie drôlatique, bien différent de celui de François Couplan,
la réponse est OUI ! Il nous apprendra à faire face à toutes les
situations et nous rendra débrouillards et dégourdis !
Plein d’humour ! à lire et à
relire sans modération. Aucune hésitation, c’est le livre que j’amène sur
l’île. DM
Prochain rendez-vous :
Vendredi
19 mai à 20 h
Sur
le thème «Un roman, une bande dessinée parus l’année de notre naissance»
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