Les livres sont le fil conducteur de nos soirées, mais ce vendredi les discussions sur la nature de l'amour ont pris le dessus, et nous nous sommes attardés...
Voici les titres qui nous ont permis de rebondir.
Jeanne
et Marguerite, de Valérie Perronet
Ed. Calman-Levy – 2011
Jeanne, écrit pour les autres, mais
cette fois, elle raconte sa propre histoire : une histoire d’amour qui débute
sur le net, avec un certain « James » dont elle ne sait rien, une relation
ambiguë.
En parallèle, elle nous conte l'histoire de Marguerite, qui tomba amoureuse d'Eugène en 1906, sur une plage
de Nice. Un amour d'un autre temps, mais ô combien semblable à celui de Jeanne
: la Première Guerre mondiale bouleversera l’amour de Marguerite, l’Afghanistan, Gaza ou la Tchétchénie, celui de notre narratrice.
Les deux vivront cette passion dans l'attente, l'attente du retour
de l'être aimé, l'attente d'un coup de fil…
Un joli roman, plein de pudeur, sur l’attente de l’être aimé –
CP
L’amour
d’une honnête femme, d’Alice Munro
Ed. Points 2012
Huit nouvelles et autant
d’histoires de femmes et de leur quotidien : mariage, enfants, famille, amour,
travail parfois. Toutes se passent entre les années 50 et 70, au Canada. Au
sortir de la guerre, les femmes cherchent leur place, mais au fond
d'elles-mêmes que de non-dits, de rêves inaboutis, de fantasmes inassouvis !
Sortir des rails de la bienséance, oser vivre pour soi, oser aimer au grand
jour représente un défi, et beaucoup y renoncent.
Est-ce d’amour dont il est question ?
Je n’ai pas accroché, mon sentiment est mitigé – CP
*Je l’aimais, d’Anna Gavalda
Ed. J’ai lu – 2004
À soixante-cinq ans, il
est à l'âge des bilans et sa bru Chloé en a moitié moins. Elle rumine son
chagrin, celui d'avoir été plantée là avec ses deux filles par un mari volage
parti pour une "femme moins usée". Au fil d'un long dialogue, ils
vont peu à peu se livrer. Tombe alors le masque du "vieux con"
autoritaire et hautain, attribué un peu hâtivement par Chloé à son beau-père.
L'homme renfermé, aux jugements définitifs, révèle une blessure et une
sensibilité à fleur de peau. La question est posée : faut-il rester avec
une personne pour le confort et les habitudes que nous offre la relation
? Ou au contraire, briser ces habitudes trop ennuyeuses pour se sentir enfin vivre ?
La réponse n’est bien entendu pas
donnée, car tout est dans la question. Un livre plutôt réussi - MCH
L’amour est une chose étrange, de Joseph Connolly
Ed. Points – 2008
Banlieue
de Londres, années 50. La famille Coyle est au bord de l'explosion : le père
partage son temps entre un boulot minable, une prostituée, le whisky et le
poker ; la mère tente bien que mal de faire tourner la maison ; la fille se
rebelle contre une éducation religieuse trop rigide ; le fils ne rêve que d'une
chose, avoir comme son meilleur copain un poste de télévision.
Lorsque
l'appareil tant convoité arrive enfin, pour Clifford, le bonheur est total.
Mais la catastrophe est proche.
Les mésaventures des
Coyle, contées tour à tour par les quatre membres de cette famille sont
l'occasion pour Joseph Connolly de mettre en scène les bouleversements de la
société anglaise d'après-guerre. Et de passer au vitriol des notions aussi
"dépassées" que l'amour, la fidélité, la maternité.
Humour grinçant et sujets qui fâchent.
Un bonheur ! - MM
Sarnia, de Gerald
Basil Edwards
Ed. Points - 2006
Ebenezer Le Page est un
drôle d'oiseau misanthrope, misogyne et mauvais coucheur, mais ce
paysan-pêcheur de l'île de Guernesey est, au fond, un grand sentimental. Voyant
sa fin approcher, il consigne sur un cahier d'écolier l'histoire de sa vie et
celle de son île, de 1880 à 1960. Malgré ses jugements sans concession et un
humour caustique, le personnage est touchant dans son histoire d'amour qu'il
n'a pas voulu reconnaître, émouvant dans sa quête d'un héritier, où il nous
réserve une surprise.
Voilà un livre que je relis bien volontiers.
J’aime ce personnage, ses travers et ses bons côtés - MM
*Le jour des abeilles,
de Thomas Sanchez
Ed.
Folio - 2002
Un
universitaire américain se rend en Provence pour tenter de découvrir les
raisons qui ont poussé Francisco Zermano, l'un des peintres les plus novateurs
de son temps, à abandonner la belle Louise, sa muse, en plein cœur de la
Seconde Guerre mondiale. Pressentant que derrière le mélodrame se cache une
vérité plus profonde, son intuition l'amène à exhumer des lettres inédites,
correspondance secrète entre Louise et l'artiste. De ces lignes jaillit une
histoire intime et bouleversante, placée sous le signe de la passion, de l'art
et de la politique.
Le style épistolaire de l'auteur est peu convaincant, mais l’intérêt va crescendo. Le livre est de
qualité inégale – GA
*L’éternité
n’est pas de trop, de François
Cheng
Ed. Albin Michel – 2002
Ils n'ont échangé qu'un regard, un sourire peut-être et depuis trente
ans bien que la vie les ait séparés, ils ne cessent de penser l'un à l'autre.
Dao-sheng était un jeune musicien, Lan-ying, "Fine Orchidée" était
fiancée à un seigneur local qui s'arrangea pour faire envoyer le jeune homme au
bagne. Au bout de tant d'années, ils tentent de se rejoindre comme deux
constellations éloignées que la course du ciel remet en présence. Lan-ying
s'étiole, épouse délaissée minée par les chagrins et les épreuves, Dao-sheng a
quitté le monastère taoïste où il a appris la médecine et la divination. En la
soignant, Dao-sheng va pouvoir lui déclarer son amour. Tout les oppose, le
rang, les conventions sociales. Le plus qu'ils puissent espérer c'est de se
tenir la main, d'échanger furtivement un sourire mais qu'importe, ils ont
l'éternité pour eux. Cet amour courtois plus fort que la mort est-il si
différent de l'amour mystique que professent les premiers jésuites en cette fin de la dynastie Ming ?
Ce livre est à l’exact opposé du
précédent. Comme une aquarelles chinoise, il est tout en finesse et en transparence, proche de l’initiation mystique. Du même auteur, j’ai de loin préféré « Le
dit de Tianyi », tout aussi poétique, mais beaucoup plus consistant et captivant - GA
Une
partie de campagne, de Guy de Maupassant
Ed. J’ai lu-Libri – 2014
Le printemps, un déjeuner sur l’herbe, une promenade en canot en
compagnie de beaux jeunes gens : pour Henriette Dufour et Henri, le canotier,
cet après-midi est inoubliable. Mais la réalité se rappelle bien vite à eux...
Une
jeune bourgeoise dévoyée, une femme de ferme enceinte, un vieil homme
agonisant, un ivrogne trompé, une fiancée lesbienne : Maupassant expose des
scènes de vie dans une parfaite maîtrise stylistique.
Attirance, jeu, intrigue, et des souvenirs qui
durent… Plus une satire sociale qu’un livre sur l’amour. Le livre a été adapté
au cinéma par Jean Renoir en 1946 – HL
Les amants d’Avignon, d’Elsa Triolet
Ed. Folio - 2007
Cette nouvelle fait partie du recueil Le premier accroc coûte deux
cents francs, qui reçut le prix Goncourt en 1945.
" Et voilà Juliette Noël, dactylo, à nouveau dans un train. Un
train bondé, comme tous les trains. Elle est assise sur sa petite valise, dans
le couloir encombré de valises et de gens, et pourtant quatre compartiments de
ce wagon sont vides et fermés à ciel. A chaque arrêt, les nouveaux venus
secouent ces portes, sur lesquelles on peut lire : Nur für die Wehrmacht.
"
Vous l’aurez compris il s’agit d’une nouvelle
sur la Résistance dont le titre m’a trompée. On peut saluer au passage le style
de l’auteure – HL
*Le jeu
sérieux, de Hjalmar Söderberg
Ed. Viviane Hamy – 1998
Lorsque le roman commence, Lydia a 18 ans, elle est amoureuse d’Arvid
Stjärnblom, qui l’aime également. Elle a confiance en lui, elle est prête à
l’attendre, attendre qu’il termine ses études, qu’il trouve sa voie… Mais Arvid
« ne supporte pas que quelqu’un l’attende. » La jeune fille finit par épouser
un vieil homme riche. Arvid, de son côté, épouse sa maîtresse qui attend un enfant. Le temps passe,
rythmé par l’histoire mondiale : les journaux commentent l’Affaire Dreyfus, la
scission entre la Suède et la Norvège, la crainte d’une guerre mondiale… Arvid
est devenu un grand critique musical. Un jour, à l’opéra, Lydia occupe la loge
voisine de la sienne…
Le héros fataliste et désabusé est plutôt glaçant,
mais les thèmes abordés dans ce livres sont intemporels : amour, trahison,
abandon, avortement, égalité des sexes, incompatibilité des âmes, problèmes
d'ordre sexuel. Un livre très intéressant – HL
*Americanah, de Chimamanda Ngozi Adichi
Ed. Gallimard – 2014
Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à
Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand
amour, Obinze, éternel admirateur de l'Amérique, qui compte bien la rejoindre.
Mais comment rester soi lorsqu'on change de continent, lorsque soudainement la
couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez
jamais donnés ? Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux
Etats-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De
défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses
pas, jusque chez elle, au Nigeria.
A la fois drôle et grave, Americanah est une magnifique histoire d'amour, de soi
d'abord mais également des autres, ou d'un autre. De son ton irrévérencieux,
Chimamanda Ngozi Adichie fait valser le politiquement correct et les clichés
sur la race ou le statut d'immigrant, et parcourt trois continents d'un pas vif
et puissant.
C’est un roman magnifique !
- HL
L’amant
de lady Chatterley, de D. H. Lawrence
Ed. Gallimard / Folio classique
– 1993
Constance est devenue Lady Chatterley après
avoir épousé Clifford Chatterley. Ce dernier est revenu brisé et handicapé de
la guerre et doit désormais vivre en fauteuil roulant, totalement dépendant de
sa femme.
Dans ce quotidien ennuyeux, Constance est donc à la recherche d'un idéal
qu'elle finit par trouver dans les bras du garde-chasse de son mari, Oliver
Mellors. La tension est permanente jusqu'à la dernière page. Lady Chatterley se retrouve face à un choix difficile : une existence morne mais indépendante
si elle choisit Clifford ou bien une totale liberté mais une déchéance sociale
du côté de Mellors…
Ce livre publié à frais d’auteur à Florence (Italie)
en 1928 a été immédiatement mis à l’index en Angleterre, et ce n’est qu’en 1960,
après un procès retentissant, que Penguin Books a reçu l’autorisation de le
publier, soit 30 ans après la mort de son auteur !!! Je me rappelle que
mes parents avaient alors acheté ce livre et l’avaient soigneusement recouvert
de papier kraft pour plus de discrétion… Il va sans dire que le succès a été
immense parmi les mineurs des Midlands et du Nord, qui y voyaient le triomphe d’un
homme du peuple sur l’aristocratie. Une très belle histoire d’amour, mais on
retiendra la portée historique et symbolique de ce livre... - SV
Dorothée qui n'a pu être des nôtres, retenue in extremis, nous a fait parvenir un aperçu de ce qu'elle nous réservait :
L'histoire d'Eros et Psyché, d’Apulée
Un très vieux conte issu de la mythologie gréco-romaine, écrit
par Apulée (env. 125-180) et qui raconte l'histoire de la jeune Psyché, jeune
mortelle d'une beauté si exceptionnelle que la déesse Vénus en devint jalouse à
l'extrême. Celle-ci envoya son fils Cupidon (Eros pour les Grecs) pour punir la jeune insolente, mais
voilà, celui-ci tomba amoureux de la jeune fille...
*Les titres précédés d’un astérisque sont disponibles à la bibliothèque.
Le prochain Cercle de Lecture se réunira le vendredi 6 mars à 20h00
avec pour thème : "La France et les Français vus d'ailleurs"