dimanche 5 octobre 2014

Nos lectures de l'été

C’est l’habitude, le Cercle de Lecture se retrouve après l’été pour partager ses découvertes…
Neuf recueils de nouvelles de l’auteur chilien Francisco A Coloane sont parus chez Phébus. Marc nous les a rapportés dans ses filets, encore sous le charme...

Seules trois couvertures sont représentées.



Le passant du bout du monde (2012) / Tierra de Fuego (2012) / Cap Horn (2012) / Naufrages (2010) / Antartida (2009) / Le sillage de la baleine (2000) / El guanaco (1999) / Le golfe des peines (1999) / Le dernier mousse (1998)

Admirateur de Conrad, Melville et Hemingway, Francisco Coloane est dans la lignée de ces illustres écrivains. La jeunesse chilienne ne s'est d'ailleurs pas trompée, elle a toujours plébiscité les écrits de celui qui est devenu au fil des décennies son auteur préféré. L'aventurier Coloane a travaillé un temps sur un baleinier, il redoutait plus que tout de périr en mer et s'est éteint paisiblement à Santiago en 2002, à l'âge de 92 ans.
Coloane dépeint les paysages sud-américains, la nature sauvage et les hommes qu’il croise avec un élan qui nous enlève et dont je ne me suis jamais lassé… Evasion garantie – MM

Remonter la Marne, de Jean-Paul Kauffmann
Ed. Le livre de Poche – 2014

Remonter à pied la Marne, depuis sa confluence avec la Seine jusqu'à la source, est une odyssée à travers les paysages d’une France inconnue. L'auteur redécouvre l'aventureuse histoire de notre pays à la lumière du présent et rencontre la France des « conjurateurs », ces indociles qui résistent à la maussaderie et chassent les esprits maléfiques d'aujourd'hui. Remonter la Marne, ce n'est pas revenir en arrière et pleurer le passé. La marche permet d’entretenir ce rapport profond au temps, au silence, aux rencontres.
Une histoire d’amour avec la Marne et son pays déshérité, dans lequel l’auteur rencontre de grands auteurs et de grandes figures de l’histoire de France. Un livre très riche - BF


*Aventures en Loire : 1000Km à pied et en canoë, de Bernard Ollivier
Ed. Phébus ; collection Libretto – 2012

Comme chacun sait c'est au Mont Gerbier de Jonc que l'héroïne prend sa source. Mais de source, elle en a plusieurs... Nous suivons le parcours capricieux de cette vagabonde jusqu’au moment où les eaux s'assemblent, et où l’auteur s’embarque en canoë jusqu'à Nantes, pour un périple de six semaines. 
Il y a, sous une lumière toujours changeante, des paysages naturels surprenants de beauté ; les hommes rencontrés lors des haltes, le soir ; l'accueil sans réserve, généreux, spontané ; les dîners arrosés d'un vin du terroir qui font oublier coups de soleil, froid et douleurs musculaires… 
Voilà une lecture idéale pour les vacances : pas trop de fatigue cérébrale et plein de petits bonheurs. Le livre a été écrit au profit de l'association « SEUIL » fondée par l'auteur lui-même pour aider les jeunes délinquants en leur proposant de longues marches (à la place de la prison) afin de retrouver repères et sens à leur vie - NM


*Les canonnières du Yang Tsé, de Constantin Slizewicz, ill. Maurice Fournet
Ed. Actes Sud 2008

Le lieutenant de vaisseau Maurice Fournet fut, de 1936 à 1938, le commandant de la canonnière Balny qui remontait le cours du Yang-Tsé-Kiang jusqu'au poste français de Tchong-King. C'est un moment d'histoire capital que dessinent les notes qu'il a laissées, ainsi que celles d'autres officiers. Le Yang-Tsé, axe principal de la Chine méridionale jusqu'à Shanghai, était un enjeu économique et stratégique entre les puissances occidentales, au plus fort de l'expansion japonaise. Cette même année 1938, Chiang Kaishek, ayant fui Hankeou , située en aval sur le fleuve, devait trouver refuge à Tchong-King, avant de s'allier aux communistes pour repousser l'envahisseur. 
Les photographies inédites du lieutenant Fournet font revivre la Chine authentique, les périls de la navigation fluviale, la vie des marins. Ces vues en noir et blanc montrent le fleuve en hautes et basses eaux, ses pièges et ses remous, et de sublimes paysages - le Yang-Tsé, le vrai, le monstre qui a émerveillé et effrayé tant d'occidentaux, de missionnaires, de commerçants, de matelots restés dans l'oubli. Mais ce Yang-Tsé là n'est plus. Il a été livré au tourisme de croisière avant d'être, en 2009, par la vertu du grand barrage, transformé en eau plate aisément navigable, en lac de six cents kilomètres carrés.
Ceci n'est pas seulement un beau livre, c'est vraiment un ouvrage passionnant - NM

*Transatlantic, de Colum McCann
Ed. Belfond – 2013

Grâce à une habile construction narrative, l’auteur démêle les liens invisibles qui relient entre eux des personnages historiques et imaginaires aux Etats-Unis et en Irlande, sur une large période allant de 1845 à 2011. 
En suivant l'itinéraire d'une lettre liant tous les protagonistes de cette large fresque, on découvre tour à tour l'histoire de Frederick Douglass, esclave américain affranchi venu se réfugier en Irlande en 1845, Jack Alcock et Teddy Brown qui effectuèrent le premier vol transatlantique sans escale de l'histoire en 1919, le Sénateur Mitchell, négociateur américain pour la paix en Irlande dans les années 80 mais aussi Lily Duggan et sa descendance, pauvre petite irlandaise partie émigrer à New York en 1845.
Ce livre m’a emballée, l’auteur est pour moi une découverte, et je compte poursuivre un bout de chemin avec lui… - SV

La Mémoire du fleuve, de Christian Dedet
Ed. Phébus – 2012

Témoin de la souffrance des pionniers, bien décidé à échapper à l'orphelinat de Brazzaville, le métis Jean Michonet se fait, à quinze ans, recruteur de main-d'oeuvre pour le compte des compagnies forestières. Il écume le sud du Gabon alors inexploré.
Mais les choses seraient trop simples si le jeune aventurier n'était saisi dans l'écheveau des solidarités humaines. Ayant gardé les meilleurs éléments de son "négoce", il crée son propre chantier, seul maître après Dieu en des villages décimés par la lèpre, grand connaisseur en essences tropicales, expert en serpents et anti-venins, attiré par les sociétés secrètes -le bwiti en particulier, dont il devient un initié notable.
Femme noire, femme blanche... Michonet n'en a pas fini avec le compromis racial. "Conseiller" de Léon M'Ba, il vit sur le tas le passage de l'Afrique ancestrale à celle des nouveaux Etats. Puis il retourne à sa vie de forestier où ne tardera pas à le surprendre la fin de son empire des crocos.
L’histoire du Gabon et de ce fleuve m’est familière et me touche de près, car j’y ai vécu et suivi une partie de mes études. J’éprouve beaucoup de plaisir à me replonger dans ce récit – DG

Je reviendrai avec la pluie, de Takuji Ichikawa
Ed. J’ai lu – 2014
L'amour peut-il être éternel ? C'est ce dont est persuadé Takumi, homme maladroit et angoissé, qui doit élever seul son fils de six ans, depuis la mort de sa femme, Mio. Une année est passée et, comme elle le lui avait promis, Mio réapparaît miraculeusement au premier jour de la saison des pluies. Mais celle-ci a tout oublié de sa vie avec son mari. Durant six semaines, comme suspendues dans le temps, Takumi va donc l'aider à démêler les fils de leur amour et, doucement, laisser naître une nouvelle histoire.
En 2003, plus de trois millions de lecteurs japonais tombent amoureux de ce livre. Suite à son immense succès, le livre a inspiré un film et une série télé encensés par la critique, ainsi qu'un manga sacré best-seller. Takuji Ichikawa défend une vision idéalisée de l'amour et met au service de cette histoire bouleversante une écriture d'une sensibilité rare, poétique et pleine de fantaisie.
Une grande poésie se dégage de ce livre - un livre vraiment merveilleux – MCH


*La Déesse des petites victoires, de Yannick Grannec
Ed. Pocket – 2014
Université de Princeton, 1980. Anna Roth, jeune documentaliste sans ambition, se voit confier la tâche de récupérer les archives de Kurt Gödel, le plus fascinant et hermétique mathématicien du XXe siècle. Sa mission consiste à apprivoiser la veuve du grand homme, une mégère notoire qui semble exercer une vengeance tardive contre l’establishment en refusant de céder les documents d’une incommensurable valeur scientifique. Dès la première rencontre, Adèle voit clair dans le jeu d’Anna. Contre toute attente, elle ne la rejette pas mais impose ses règles. La vieille femme sait qu’elle va bientôt mourir, et il lui reste une histoire à raconter, une histoire que personne n’a jamais voulu entendre. De la Vienne flamboyante des années 1930 au Princeton de l’après-guerre ; de l’Anschluss au maccarthysme ; de la fin de l’idéal positiviste à l’avènement de l’arme nucléaire, Anna découvre l’épopée d’un génie qui ne savait pas vivre et d’une femme qui ne savait qu’aimer.
Il s’agit d’une biographie romancée. Mon mari, comme moi, a beaucoup aimé ce livre, même si en discutant nous avons eu l’impression de n’avoir pas lu le même livre ;) – AML

*Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal
Ed. Gallimard – 2014

Réparer les vivants est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour.
 Le sujet est très délicat, mais le livre est une réussite. L'écriture est épatante de justesse et sans pathos. Ce livre est un vrai coup de cœur ! - HL


*Pétronille, de Amélie Nothomb
Ed.Albin Michel – 2014

Amélie Nothomb aime le champagne. Rien de tel qu'une coupe de ce breuvage aux bulles pétillantes pour l'apaiser et l'ivresse qu'elle ressent dès la première gorgée avalée ne ressemble à aucune autre. Mais, elle aime par-dessus tout partager ce moment de grâce et de délice en bonne compagnie. Alors qu'elle dédicaçait son roman "Sabotage amoureux" dans une librairie parisienne, sans même regarder la personne qui lui tendait son ouvrage, elle demande à qui adresser le petit mot. "Pétronille Fanto" lui répondit une voix peu sexuée. Amélie se trouve face à la personne avec qui elle a correspondu. Une allure masculine, plus jeune qu'elle ne le pensait, elle est agréablement surprise et engage la conversation…
Enfin un roman de cette auteure que j’ai lu entièrement. Peut-être parce que je partage son amour pour le champagne... Mais j’en reste pas moins sur ma faim... DM


*Maine, de J. Courtney Sullivan
Ed. Le livre de Poche – 2014

Alice, 80 ans, s’apprête à vivre un dernier été dans le Maine, avant de céder la maison familiale. Cette demeure est chargée d’histoire : chaque année, Alice y a passé ses vacances avec ses filles et l’ensemble de sa famille. Toute son existence de jeune immigrée irlandaise peut se lire sur ces murs, à l’exception de ce secret douloureux qui la ronge depuis de nombreuses années.
Ce dernier été sera celui des tensions et des explications. Alice, femme ultrasensible mais d’apparence froide, accueille pour une dernière fois sa fille rebelle de 55 ans, sa petite-fille enceinte et seule dans la vie, sa belle-fille dévouée mais trop parfaite. Ce séjour va bouleverser les liens qui les unissent et leurs visions de la famille.
Un roman qui m’a fait sourire bien des fois tant je croyais y reconnaître des personnes et des situations... Trois générations de femmes, et un regard sur la femme qui change. Une lecture plaisante – GA


*Sigmaringen, de Pierre Assouline 
Ed. Gallimard, 2014 

A l’automne 1944, le pouvoir nazi réquisitionne le château de Sigmaringen, propriété de l’illustrissime famille princière des Hohenzollern. Ce sera désormais la résidence d’un gouvernement de Vichy en pleine débandade : outre le maréchal Pétain et le président Laval, l’immense demeure hébergera les plus grands dignitaires de la Collaboration. Le majordome Julius Stein veille sur eux avec une discrétion et une efficacité exemplaires. Sans jamais s’autoriser le moindre jugement, il regarde ce gouvernement d’opérette s’entredéchirer en jalousies absurdes, vaines querelles et mesquineries quotidiennes. Parallèlement, il vit aussi une histoire d’amour avec Jeanne Wolfermann, l’intendante alsacienne du groupe, tandis qu’afflue dans la ville tout un petit peuple de la collaboration ordinaire. Dont un certain docteur Destouches, alias Louis-Ferdinand Céline.  
Remarquablement documenté, ce roman nous fait évoluer parmi les personnages les plus détestables de la Collaboration (Darnand, Déat, Doriot et bien d’autres encore). Pierre Assouline a l’intelligence de ne pas les dépeindre comme des monstres, ce qui les rend peut-être plus sombres encore. Quant aux personnages fictifs, dommage qu’ils fassent tant penser aux "Vestiges du jour" ou à "Downton Abbey", dont Assouline reconnaît d’ailleurs s’être fortement inspiré - SW 


*Mr Gwynn, de Alessandro Baricco
Ed. Gallimard – 2014

Romancier britannique dans la fleur de l'âge, Jasper Gwyn a à son actif trois romans qui lui ont valu un honnête succès public et critique. Pourtant, il publie dans The Guardian un article dans lequel il dresse la liste des cinquante-deux choses qu'il ne fera plus, la dernière étant : écrire un roman. Son agent, Tom Bruce Shepperd, prend cette déclaration pour une provocation, mais, lorsqu'il appelle l'écrivain, il comprend que ça n'en est pas une : Gwyn est tout à fait déterminé. Simplement, il ne sait pas ce qu'il va faire ensuite. Au terme d'une année sabbatique, il a trouvé : il veut réaliser des portraits, à la façon d'un peintre, mais des portraits écrits qui ne soient pas de banales descriptions. Dans ce but, il cherche un atelier, soigne la lumière, l'ambiance sonore et le décor, puis il se met en quête de modèles. C'est le début d'une expérience hors norme qui mettra l'écrivain repenti à rude épreuve.
Qu'est-ce qu'un artiste? s'interroge Alessandro Baricco. Pour répondre à cette question, il nous invite à suivre le parcours de son Mr Gwyn, mi-jeu sophistiqué mi-aventure cocasse. 
Voilà un livre très, très bien écrit, plaisant et profond ! Plaisant par sa poésie, son mystère, son suspens, ses surprises, son humour, un peu de fantastique… Profond par ses touches de philosophie et de psychanalyse, mais surtout pour la démarche artistique, la recherche esthétique et celle du détail « juste » - CP


*Les titres précédés d’un astérisque sont disponibles à la bibliothèque. 
Le prochain Cercle de Lecture se réunira le vendredi 7 novembre à 20h00
Le sujet en sera la ville de "New York".

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