Ami esthète, toi que
rien n’émoustille autant que la chanson à moustaches, réjouis-toi, voici du
grandiose ! Enseveli sous d’épaisses couches de naphtaline tel le tombeau
de Toutankhamon sous les sables du désert, un joyau attendait sourdement qu’on
le redécouvrît : L’hymne du sport cliquez ici enregistré par le regretté Henri Jossy en 1943. COMMENT ? Que
dis-tu ? Chanson PĖTAINISTE ???? Oooh, tout de suite les mots qui fâchent…
Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, par
Haruki Murakami
Ed.
Belfond – 2009
Le
1er avril 1978, Murakami décide de vendre son club de jazz pour
écrire un roman. Assis à sa table, il fume soixante cigarettes par jour et
prend du poids. S’impose alors la nécessité d’une discipline et de la pratique
intensive de la course à pied, qui lui permet de cultiver ténacité,
persévérance et concentration. Ces qualités étant tout autant requises chez le
romancier, courir devient une métaphore de son travail d’écrivain. Corps et
esprit étant intrinsèquement liés, c’est aussi un moyen de découvrir sa
véritable nature. On se met à l’épreuve de la douleur, on surmonte la
souffrance. Murakami court. Dix kilomètres par jour, six jours par semaine, un
marathon par an. Il court en écoutant du rock, pour faire le vide, sans penser
à la ligne d’arrivée. Car comme la vie, la course ne tire pas son sens de la
fin inéluctable qui lui est fixée.
A la lecture de ce livre recommandé par un ami
marathonien, j’ai retrouvé un peu les impressions de la course à pied que j’ai
moi-même pratiquée autrefois, notamment en cross-country. Murakami, écrivain
considéré comme «nobélisable», s’est fixé pour principe de ne jamais marcher
dans ses activités quotidiennes. Il nous livre ici quantité de confidences et
de réflexions philosophiques, mais aussi beaucoup d’anecdotes sur les rapports
sociaux et les rencontres que cela peut créer. J’ai beaucoup aimé. – FB
Murakami a écrit son premier roman à 29 ans et
commencé à courir quatre ans plus tard. Cela fait aujourd’hui plus de 20
ans qu’il pratique le marathon. Moi qui n’avais
auparavant encore rien lu de lui, j’ai été très intéressée par le lien qu’il
établit entre son écriture et ses activités sportives. J’ai aimé ses réflexions
philosophiques sur sa conception du sport et ses performances, et aussi ses
descriptions de certaines courses telles que son Athènes-Marathon personnel. –
SV
*La grande
course de Flanagan, par Tom McNab
Ed. Robert Laffont – 1992 (première
parution : 1981)
Le 21 mars 1931, à Los Angeles, Douglas Fairbanks
donne le départ de la Trans-America :
2000 athlètes, dont 121 femmes, s'élancent vers l'est pour parcourir les 5063
km qui les séparent de New York, à raison de 80 km par jour ! Organisée à
l’initiative de Charles C. Flanagan, cette épreuve insensée est la plus grande
course de fond de l'histoire. A travers les déserts brûlants, les tempêtes de
neige et la poussière de routes infinies, le lecteur partage les souffrances de
cette armée. New York ne sera atteinte que par 862 concurrents, dont les
Américains Doc Dole et Mike Morgan, l'Écossais Hugh McPhail, l'Anglais Peter
Thurleigh et une seule femme, Kate Sheridan.
Cette course prodigieuse est inspirée du Bunion
Derby, qui eut bel et bien lieu en 1928 de Los Angeles à New York. Tout comme
le terrifiant marathon de danse relaté par Horace McCoy dans On achève bien les chevaux, elle est
indissociable de la Grande dépression vécue par les Etats-Unis à l’époque.
Best-seller dès sa parution, La grande
course de Flanagan est le seul roman écrit par l’écrivain écossais Tom
McNab. Ancien athlète et entraîneur olympique, il fut également directeur
technique du fim Les chariots de feu,
couronné par quatre Oscars en 1982.
C’est à
mon avis un livre susceptible d’intéresser même les lecteurs qui n’ont jamais
essayé de courir. Car au-delà de l’exploit purement sportif, il est consacré
aux conséquences sociales de la Grande dépression, omniprésente dans le roman.
Il crée aussi des personnages attachants, tels que le chômeur écossais Tom
McPhail, la danseuse de revue Kate Sheridan et Flanagan, l’organisateur. Cela
dit, j’ai préféré le livre de Murakami. – SV
*La petite communiste qui ne souriait jamais,
de Lola Lafon
Ed. Babel – 2014
La Roumaine Nadia Comaneci, qui avait alors 14
ans, a été la première gymnaste à
obtenir la note parfaite de 10 aux Jeux olympiques, en 1976 à Montréal. A
travers cette biographie, c’est non seulement de la vie d’une gymnaste qu’il
est question, mais aussi du rapport qu’elle entretient avec son corps,
de son évolution en tant que femme et
de sa position par rapport aux événements politiques de son pays. Acclamée en
Roumanie, Nadia Comaneci devient une icône du régime de
Ceausescu et un modèle pour les petites filles de tous les pays. L’inscription
de cette histoire dans un fort contexte historique contribue ainsi à fantasmer le destin de cette petite fille et à en faire une figure particulière
de la chute du mur et de la fin du régime communiste en Roumanie.
Le
récit est superbement mené, à commencer par une description haletante de
l’exploit hors norme aux Jeux olympiques (revoir la vidéo de cette performance), en
passant par les excès et les outrances censés forger le caractère de l’athlète,
le contexte politique de l’époque qui n’accorde aucune chance à la personne -
emblème national un jour, oubliée et méprisée le lendemain… Le lecteur est
ulcéré, mais l’auteur invente un dialogue avec la femme Nadia Comaneci
d’aujourd’hui, laquelle nuance et tempère le propos, en s’insurgeant contre le
manichéisme facile des Européens de l’Ouest. Une heureuse découverte que je
dois au cercle de lecture – GA
La narratrice utilise une
forme originale : échange entre une biographe et Nadia Comaneci. Ceci
reste une fiction mais souligne l’ambiguïté de l’héroïne et les multiples
interprétations possibles. Quelle version conserver ? Sur le plan du
sport, on retrouve la grande souffrance de l’entraînement physique, supportée
grâce à la volonté de gagner, le rôle prédominant de l’entraineur, le goût de
la compétition partagé par le couple sportif- entraineur, et le public, voire
le gouvernement du pays... Le livre laisse entrevoir «jusqu’où une jeune fille
est prête à aller pour être la plus grande championne». Pas de réponse précise
sur la manière dont un sportif de si haut niveau vit le succès, puis la chute.
Le personnage reste mystérieux et le roman donne envie de lire l’autobiographie
que Nadia Comaneci a écrite en 2003. – CP
Berlin 36, par Alexandre Najjar
Ed.
Plon – 2009
Ce roman est d'abord celui du détournement par la
politique d’un événement sportif majeur : les Jeux olympiques de Berlin, en
1936. Autour d’eux gravite une foule de figures historiques : Hitler, Gœbbels
et Göring, déterminés à duper le monde en montrant un visage pacifique du IIIe
Reich ; Jesse Owens, l'athlète noir américain qui ridiculisera les théories
nazies en remportant quatre médailles d'or ; Pierre de Coubertin, icône déchue fourvoyée
dans un soutien aveugle aux organisateurs ; Leni Riefenstahl, qui glorifiera
l'événement dans son film Les Dieux du
stade ; et aussi des personnages imaginaires tels le pianiste antinazi
Oskar Widmer et la journaliste française Claire Lagarde...
Le
romancier libanais Alexandre Najjar –couronné par l’Académie française pour son
action en faveur de la francophonie– utilise ici habilement la voie de la
fiction pour raconter la première instrumentalisation de l’olympisme, réussie
avec un cynisme qui laisse aujourd’hui pantois.
Le roman est surtout construit autour de la
quadruple performance de Jesse Owens, figure majeure de ces Jeux hors du
commun. Mais on y trouve aussi quantité d’anecdotes sur son émouvante amitié
avec l’athlète allemand Lutz Long ou le destin tragique de l’haltérophile communiste
Werner Seelenbinder. En marge de cette réalité puissante, la romance fictive d’Oskar
et de Claire –qui ne sert que de lien entre les événements– paraît plutôt pâlichonne.
Ce qui n’enlève rien au plaisir de la lecture. – SW
*Flashdance, film d’Adrian Lyne (1983)
Avec : Jennifer Beals & Michael Noury
A Pittsburgh. Le jour, Alex
travaille comme soudeuse dans une usine. Le soir, elle se produit comme
danseuse au Mawby's Bar, dans un numéro qui ne laisse pas les clients
indifférents. De son côté, son amie Jeanie se passionne pour le patinage
artistique. L'une et l'autre s'entraînent durement, dans l'espoir secret de
percer et de pouvoir ainsi changer de vie. En dépit des encouragements de
Hanna, une ancienne danseuse, Alex n'ose pas se présenter au concours d'entrée
d'une prestigieuse école de danse. Nick Hurley, son patron, séduit, s'intéresse
sincèrement à elle, mais Alex repousse fermement ses avances. Fière et
obstinée, elle veut ne devoir son succès qu'à elle seule. Elle finit par être
convoquée à une audition, mais lorsqu'elle apprend que Nick en est à l'origine,
elle prend la fuite...
Réalisée en 1983, cette comédie qui a enchanté mon adolescence a pour
titre original et français Flashdance et pour titre québécois Le feu de
la danse. Ce drame musical américain aux
chorégraphies sublimes est un hymne à la danse. On ne peut que se réjouir de sa
disponibilité en DVD. - DM
Extrait
musical :
*Du sang sur le green,
par Harlan Coben
Ed. Fleuve noir - 2006
Myron Bolitar est le personnage récurrent de cette série. Ancien
joueur de basketball ayant connu un succès éphémère, il est agent sportif et
est comme tel souvent amené à évoluer dans les milieux du sport. Dans ce roman,
il enquête d’abord sur le kidnapping du fils d’un couple de joueurs de golf de
haut niveau, puis sur un meurtre.
Ce roman ne semble pas à la
hauteur de la réputation d’Harlan Coben. Je l’ai quand même lu avec plaisir,
non pour l’intérêt de l’énigme, mais pour son humour, avec quelques blagues à
la Woody Allen parfois un peu nulles, mais qui m’ont quand même fait sourire.
Et puis j’ai découvert les particularités du golf… La fin nous
bouleverse en nous montrant «jusqu’où un sportif est prêt à aller pour être champion». La
façon dont il vit successivement le succès et la chute est bien traitée. – CP
Balle de match, par Harlan Coben
Ed. Fleuve
noir - 2004
Dans
le monde du tennis professionnel, certains n'hésitent pas à remplacer la balle
jaune par une autre d'un plus petit calibre aux effets mortels. Comme celle qui
a mis fin à la carrière de l'ex-championne Valérie Simpson. Pour Myron Bolitar,
c'est une nouvelle enquête semée d'embûches qui commence. Qui avait intérêt à
tuer Valérie ? Et quand la mafia et un sénateur véreux s'en mêlent, Myron
comprend que le jeu va être décisif...
Naturellement, comme dans toute la série des Myron
Bolitar, le sport n’est ici qu’un prétexte. Mais il crée une toile de fond
originale qui renouvelle le genre avec bonheur. Tout cela se lit avec plaisir.
– FB
Du vent dans les rêves, par Ellen McArthur
Ed. XO - 2002
Née en Angleterre dans une famille modeste, Ellen McArthur découvre la voile sur le petit voilier
de sa tante en rêvant de devenir une grande navigatrice. Encore peu connue en
Angleterre, mais soutenue par le public français, elle obtient une
reconnaissance éclatante en terminant deuxième du Vendée Globe Challenge
2000-2001. D’autres succès suivront : elle remporte la Route du Rhum en
2002, puis bat le record du tour du monde à la voile en 2005. Anoblie par la
reine et décorée de la Légion d’Honneur, elle s’occupe à temps plein depuis
2010 de la fondation portant son nom, consacrée à l’édification d’un avenir
durable fondé sur le concept d’économie circulaire. Avec franchise, humour et
modestie, «Du vent dans les rêves» raconte son enfance, sa jeunesse et sa
transformation en une sportive de très haut niveau, de l’achat de son premier
bateau en économisant sur ses repas de cantine au monde de la course au large.
L’histoire complète de sa participation à l’édition 2000-2001 y est
détaillée ainsi que les projets qu’elle entend
mener à bien. A force de volonté et de privations, elle est entrée «à donf»,
pour reprendre son expression favorite, dans le saint des saints des skippers
professionnels et des meilleurs navigateurs actuels.
Cet excellent récit
est parfois un peu trop technique pour les non passionnés, mais il faut se
souvenir que l’auteure n’avait que 25 ans quand elle l’a écrit. Il recèle quelques
pépites d’émotion pure, et surtout une ouverture vers les conditions très
particulières des courses au large en solitaire, notamment le Vendée Globe,
dont l’édition 2016-2017 s’achèvera dans quelques jours. Dommage que la traduction un peu laborieuse ait
certainement fait perdre un peu d’énergie et de finesse à la version française.
– MM
Merci à Stéphanie et
Claudette, qui nous ont transmis leurs commentaires malgré leur absence.
*Les titres précédés
d’un astérisque sont disponibles à la bibliothèque.
Prochain rendez-vous
Vendredi 3 février à 20h
Sur le thème « Romans du terroir ».
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