Cette soirée a été l'occasion de jolies découvertes, tandis que par un heureux
hasard, trois titres du même auteur ont été présentés.
*Mémoires
de Porc-épic, de Alain Mabanckou
Ed. Points – 2007
Ed. Points – 2007
Un porc-epic reconte son
existence à un baobab. C'est assez déroutant à priori, mais cela se révèle passionnant. Ce porc-épic est le double maléfique d'un homme et tue les
victimes désignées par celui-ci la nuit. La petite bête, philosophe, malicieuse,
armée de ses redoutables piquants, exécute les souhaits macabres de son maître.
Le couple meurtrier sillonne l'Afrique jusqu'au jour où Kibandi rencontre bien
plus redoutable que lui...
Fable ou conte ? Ce livre est
fascinant. Je n'aurais pas pensé que l'on pouvait se passer de ponctuation.
Magnifique ! J'ai voulu aller plus loin, et je vous donne
rendez-vous ici - dans
une librairie / maison d'édition toute entière dédiée à l'Afrique - EG
Ed. Seuil – 2006
Verre cassé est le surnom d’un
pilier de bar, un alcoolique effacé, abîmé par la vie qui passe son temps à
observer la triste humanité qui échoue au fin fond d’un bar crasseux congolais.
Un jour, la vie de Verre cassé va changer. Le patron du bar lui propose
d’écrire les histoires qui lui passent par la tête sur un cahier qu’il lui
remet. Alors Verre cassé va se lancer. Usant d’un style très populaire et haut
en couleurs, sur le mode d’un conteur ou d’un griot africain, Verre cassé va
nous faire plonger dans la vie stupide à mourir des autres piliers du bar,
toute une cohorte de paumés…
Les phrases s'enchaînent sans points, une
idée en entraînant une autre, mais ça n'est pas gênant ! Un langage bariolé,
peuplé d'images parfois drôles et truffé de références littéraires. L'auteur
nous emmène dans les tréfonds de l'humanité, sans aucun misérabilisme. Voilà
une découverte et une belle surprise ! - HL
Lumières
de Pointe-Noire, de Alain
Mabanckou
Ed. Seuil - 2013
Ed. Seuil - 2013
Après vingt-trois ans
d'absence, Alain Mabanckou retourne à Pointe-Noire, ville portuaire du Congo.
Entre-temps, sa mère est morte, puis son père adoptif, peu d'années après. Le
fils unique ne s'est rendu aux obsèques ni de l'un, ni de l'autre. Entre le
surnaturel et l'enchantement, l'auteur nous ouvre sa petite valise
fondamentale, celle des années de l'enfance et de l'adolescence dans ses lieux
d'origine. Au moment de repartir, il se rend compte qu'il n'est pas allé au
cimetière. Sans doute était-ce inutile...
Mélange de souvenirs tendres et douloureux,
les portraits se succèdent, les morts et les vivants se côtoient naturellement.
Le regard est celui d’un fin observateur qui laisse à penser qu’il a toujours
eu envie de partir. On est complètement pris par le récit - SAD
*Méharées, de
Théodore Monod
Ed. Acte Sud – 1998
Méharées reste le plus célèbre
des livres de Théodore Monod, spécialiste incontesté du désert, qu'il parcourt
depuis plus de soixante-dix ans à dos de chameau ou à pied.
Ce scientifique exemplaire n'a pas son pareil pour évoquer les paysages mauritaniens, pour raconter ses longues méharées dans les dunes, pour décrire la faune, la flore, l'histoire ou la préhistoire de ces régions où, dans les années 1930, il entendit parler d'une mystérieuse et gigantesque météorite qu'il ne cesserait de chercher, durant un demi-siècle, avec une insatiable curiosité.
Ce scientifique exemplaire n'a pas son pareil pour évoquer les paysages mauritaniens, pour raconter ses longues méharées dans les dunes, pour décrire la faune, la flore, l'histoire ou la préhistoire de ces régions où, dans les années 1930, il entendit parler d'une mystérieuse et gigantesque météorite qu'il ne cesserait de chercher, durant un demi-siècle, avec une insatiable curiosité.
Un livre lumineux, qui se lit très
facilement et avec un très grand plaisir - MM
*Disgrâce, de John Maxwell Coetzee
Ed. Seuil – 2002
Ed. Seuil – 2002
David Lurie est enseignant au
Cap, en Afrique du Sud, passionné des œuvres de Byron et de Wordsworth. A 52
ans, deux fois divorcé, la question de sa vie sexuelle est facilement résolue :
il paye une femme légère et chaque jeudi de la semaine est "une oasis de luxe
et de volupté". Sur le chemin des écoliers, il croise l'une de ses
étudiantes, Mélanie Isaacs. Il la séduit, mais cette relation a tôt fait de
faire scandale. Le professeur est démissionné pour "harcèlement
sexuel". Pour éviter le regard critique de la ville, il se réfugie chez sa
fille, Lucy, propriétaire d'une petite exploitation agricole en province. Là,
il assiste aux tâches quotidiennes de la campagne, des ventes de fruits et
légumes à la protection des animaux, à la violence aussi, qui monte depuis la ville,
partagée entre le vol et le viol…
Nous avons là un livre complexe et
dérangeant, partagé entre le plaisir de vivre libre et le poids de l’avis des
autres. L'Afrique du Sud est alors un pays en pleine mutation. Le livre est
fort ! MM
Anti-héros sur fond d’Afrique du Sud. Un
bon livre, mais j’ai eu du mal à accepter le fatalisme de sa fille violée. - FL
*La
ferme africaine, de Karen Blixen
Ed. Folio – 2006
Ed. Folio – 2006
Une autobiographie romancée.
L'auteure nous conte ses années passées au Kenya, alors colonie anglaise. Elle
est à la tête d'une exploitation agricole de très grande taille où plantations
de café voisinent avec prairies et terres laissées au libre usage des indigènes
Kikuyus. Les Masaïs, guerriers dépossédés de ce qui faisait leur orgueil, les
armes, vivent dorénavant du pastoralisme dans une réserve située à proximité.
Tel est le cadre de ce beau récit, véritable cri d'amour pour une Afrique
depuis longtemps disparue, où coutumes et langues se côtoient sans se mélanger.
Une belle histoire, plus vraie et plus
puissante que celle du néanmoins très beau film « Out of Africa ». MM
Aucune réserve sur ce vraiment très beau
livre ! - FL
*L’Africain, de J. M. G. Le Clézio
Ed. Folio – 2005
Ed. Folio – 2005
Un voyage bref mais touchant
dans le passé de l'écrivain, qui essaie, à travers les souvenirs de sa jeunesse
en Afrique, de dresser le portrait d'un père qu'il a mal connu et qui pourtant
lui a communiqué sa vision d'un monde sauvage, insaisissable... Avec sa mère et
son frère, il est arrivé au Nigéria à l'âge de huit ans, et c'est à ce moment
qu'il a connu son père, médecin de brousse, autoritaire, froid, dur. C'est
aussi l'âge de mille découvertes, physiques et sensorielles, le premier contact
avec la mort, avec la vieillesse, avec la peur.
Un livre touchant, une écriture simple et
belle - AML
*Léon
l’Africain, de Amin Maalouf
Ed. Le livre de Poche –1987
Ed. Le livre de Poche –1987
Cette autobiographie
imaginaire part d'une histoire vraie. En 1518, un ambassadeur maghrébin, de
retour d'un pèlerinage à La Mecque, est capturé par des pirates siciliens et
offert en cadeau à Léon X. Ce voyageur s'appelait Hassan al-Wazzan. Il devint
le géographe Jean-Léon de Médicis, dit Léon l'Africain. Sa vie, que ponctuent
les grands événements de son temps, est fascinante : il se trouvait à Grenade
pendant la Reconquista, d'où il a dû fuir l'Inquisition, en Egypte lors de sa
conquête par les Ottomans, en Afrique noire à l'apogée de l'empire de l'Askia
Mohamed Touré, enfin à Rome aux plus belles heures de la Renaissance, ainsi
qu'au moment du sac de la ville par les soldats de Charles Quint. Homme
d'Orient et d'Occident, homme d'Afrique et d'Europe, on pouvait difficilement
trouver personnage dont la vie corresponde davantage à l'époque étonnante que
fut le XVIe siècle.
Une fresque historique romancée, très
riche et très intéressante - NM
* L’immeuble Yacoubian, de Alaa El Aswany
Ed. Acte Sud –2007
Ed. Acte Sud –2007
Construit en plein cœur du
Caire dans les années 1930, vestige d'une splendeur révolue, l'immeuble
Yacoubian constitue un creuset socioculturel très représentatif de l'Egypte du
XXIe siècle naissant. Dans son escalier se croisent ou s'ignorent Taha, le fils
du concierge, qui rêve de devenir policier ; Hatem, le journaliste homosexuel ;
le vieil aristocrate Zaki, perdu dans ses souvenirs… Témoin d'une époque,
l'auteur pose, sans juger, un regard tendre sur des personnages riches et
pauvres, bons et méchants, qui se débattent dans le même piège, celui d'une société dominée par la corruption
politique, la montée de l'islamisme, les inégalités sociales, l'absence de
liberté sexuelle, et la nostalgie du passé.
L'auteur nous
ouvre les yeux et l'on comprend aisément comment les
laissés pour compte deviennent le ferment idéal d'un intégrisme rampant. J'ai
beaucoup aimé ce livre - NM
*La
mort du roi Tsongor, de Laurent Gaudé
Ed. Le Livre de Poche – 2006
Ed. Le Livre de Poche – 2006
Dans une Antiquité imaginaire,
le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d'un empire immense, s'apprête à
marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. Pour ne pas avoir à reprendre sa parole à l'un des deux prétendants de sa
fille, le roi Tsongor se tue, espérant ainsi éviter la guerre qui se profile,
mais c'est peine perdue. La guerre éclate :
c'est Troie assiégée, c'est Thèbes livrée à la haine. Le roi ne reposera en paix que lorsque son plus jeune fils lui aura
construit sept tombeaux et choisi celui dans lequel il demeurera éternellement.
Le jeune Souba part alors pour des années d'errances pendant que la cité
devient la proie de la fureur guerrière des combattants dont aucun ne semble
prendre l'avantage...
On a là une tragédie en prose. Il
n'est question que d'honneur, de promesse, de sacrifice, de guerres... On est
totalement pris. J'ai adoré ! Un très beau style - VB
*Demain une oasis, de Ayerdahl
Ed. Au diable Vauvert – 2006
Ed. Au diable Vauvert – 2006
Le monde industriel a sacrifié
l'hémisphère sud au profit d'ambitieux programmes spatiaux, tandis qu'en
Afrique une organisation humanitaire enrôle de force médecins et scientifiques
pour lutter contre maladies, malnutrition et misère. Le narrateur, un médecin
de formation et technocrate sans conviction, est enlevé et va découvrir peu à
peu le sens de l'engagement. Il ne tarde pas à faire cause commune avec ses
ravisseurs et devient leur agent dans les instances genevoises de
l'Organisation Mondiale de l'Expansion Spatiale. Il détourne des informations
et du matériel, oriente des crédits, fait du lobbying. Il se retrouve alors
bientôt sur le grill, et échappe de justesse à l'élimination physique. De retour
en Af-East, il fait désormais du sérail et d'intéressantes choses lui sont
alors montrées. On découvre que l'Afrique va très mal, mais moins mal qu'elle
ne le laisse croire...
Un récit de Science Fiction, entre
politique et espionnage, et qui se lit d'une traite. Pour moi qui ne suis pas
fan du genre, ce fut un plaisir, mais un plaisir éphemère, qui m'a donné
l'envie d'aller voir plus loin - GA
*Les
titres précédés d'une astérisque sont disponibles à la bibliothèque.
Notre prochain Cercle de Lecture se réunira vendredi
22 mars, sur le thème :
"Du livre au film".